Amira Elghawaby clarifie ses propos sur un présumé sentiment antimusulman au Québec
Le ministre fédéral du Patrimoine, Pablo Rodriguez, s'est dit « blessé et choqué comme Québécois » par les propos tenus par Amira Elghawaby en 2019, au sujet de la Loi sur la laïcité de l'État.

Amira Elghawaby affirme qu'elle s'était appuyée sur les résultats d'un sondage pour dire qu'« une majorité de Québécois semblaient animés d'un sentiment antimusulman ».
Photo : Radio-Canada
Au lendemain de sa nomination comme représentante spéciale d'Ottawa pour lutter contre l'islamophobie, Amira Elghawaby a dû clarifier ses déclarations passées, vendredi, en déclarant qu'« elle ne croit pas que les Québécois soient islamophobes ».
Dans un message publié en fin de journée sur Twitter, l'ex-journaliste a écrit que ses commentaires passés faisaient référence à un sondage au sujet de la loi 21
.
« Je travaillerai avec les partenaires de toutes les provinces et régions pour m'assurer que nous combattons directement le racisme. »
Plus tôt vendredi, alors qu'il était réuni avec les membres de son caucus, le premier ministre Justin Trudeau avait été appelé à commenter les déclarations de celle qu'il a lui-même nommée.
« Bien, c’est sûr que je ne suis pas d’accord avec ses propos et je m’attends à ce qu’elle les clarifie. »
La controverse a pris naissance à la suite de la parution d'un texte dans La Presse, vendredi, rappelant le contenu d'une lettre qu'avait publiée Mme Elghawaby dans le Ottawa Citizen, en 2019, dans la foulée de l'adoption par Québec de la Loi sur la laïcité de l'État (aussi connue sous le nom de loi 21).
Dans cette lettre, elle dénonçait le sentiment antimusulman
qui aurait entouré, selon elle, l'adoption par Québec de la loi 21.
La lettre en question était également signée par Bernie Farber, ex-chef de la direction du Congrès juif canadien et membre – comme Amira Elghawaby – du C.A. du Réseau canadien anti-haine.
« Malheureusement, la majorité des Québécois semblent influencés, non pas par l'État de droit, mais par un sentiment antimusulman. »
Contactée par Radio-Canada, Amira Elghawaby a qualifié d'injuste
le texte de La Presse. Elle a expliqué s'être appuyée, à l'époque, sur les résultats d'un sondage, mené par Léger Marketing, selon lesquels 88 % des Québécois qui avaient une opinion négative de l'islam étaient d'accord avec l'interdiction
du port de signes religieux pour certaines personnes en position d’autorité durant l’exercice de leurs fonctions, tel que stipulé dans la loi 21.
Présentée par le Cabinet de Justin Trudeau comme une experte des questions d’équité et d’inclusion et militante des droits de la personne
, l'ex-journaliste Amira Elghawaby était au moment de sa nouvelle nomination directrice des communications et des campagnes stratégiques à la Fondation canadienne des relations raciales (FCRR).
À titre de représentante spéciale, elle aura pour rôle de conseiller Ottawa et de participer, entre autres, à l'élaboration de politiques et de propositions législatives pour lutter contre l'islamophobie.
Vendredi, le premier ministre Trudeau a réitéré l'intention de son gouvernement de lutter contre l’islamophobie, ayant déclaré la veille qu'il s'agissait d'une expérience vécue par les communautés musulmanes de notre pays qui exige une action constante
.
« La réalité, c’est qu’elle [Amira Elghawaby] a une job importante à faire pour bâtir des ponts et pour lutter contre l’islamophobie partout où elle existe au pays. »
Dans La Presse, le ministre de la Langue française du Québec, Jean-François Roberge, a qualifié de douteuse
la nomination d'une personne qui semble être animée d’un sentiment antiquébécois
.
Je pense qu’elle doit retirer ses propos, s’excuser pour les propos qu’elle a tenus
, a affirmé M. Roberge, qui détient aussi les portefeuilles des Relations canadiennes et de la Francophonie canadienne, des Institutions démocratiques et de la Laïcité dans le gouvernement de François Legault.
Au sein même du gouvernement Trudeau, les déclarations passées de Mme Elghawaby ont provoqué des remous. Pablo Rodriguez, ministre fédéral du Patrimoine, a déclaré ce qui suit à Radio-Canada : Comme Québécois, je suis profondément blessé par ces propos, je suis profondément insulté par ces propos et je m’attends à ce qu’elle les retire aujourd’hui.
Omar Alghabra, ministre fédéral des Transports qui avait participé jeudi à l'annonce de la nomination d'Amira Elghawaby, s'est refusé vendredi à tout commentaire sur la controverse entourant la nouvelle représentante spéciale pour lutter contre l'islamophobie.
Sur Twitter, vendredi, le chef de l'opposition officielle, le conservateur Pierre Poilievre, a déclaré que Trudeau choisit encore une fois de diviser les Canadiens en nommant quelqu'un qui a fait des remarques antiquébécoises, antijuives et antipolicières
.
« Il [Justin Trudeau] doit nommer quelqu'un qui peut nous unir tous dans la lutte contre le racisme et l'islamophobie. »