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Les industries polluantes pourraient être privées des bas tarifs d’Hydro-Québec

François Legault parle en conférence de presse.

François Legault a fait de l'énergie l'une de ses priorités pour 2023.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Radio-Canada

Les clients industriels d'Hydro-Québec qui ne participent pas à l'amélioration du bilan carbone du Québec et à sa croissance économique pourraient éventuellement avoir plus de difficulté à profiter des tarifs préférentiels de la société d'État, a laissé entrevoir François Legault vendredi.

Dressant le bilan du caucus caquiste de présession, qui s'est étalé sur deux jours à Laval, le premier ministre a déclaré que son projet de loi sur le sujet, qui était attendu au printemps, risquait plutôt d'être déposé l'automne prochain à l'Assemblée nationale.

Si l'on savait déjà que la pièce législative aurait pour objectif de récompenser les entreprises vertes et d'encourager celles qui contribuent à la croissance du Québec, M. Legault a précisé vendredi qu'elle permettrait à Hydro-Québec de moduler son fameux « tarif L » en fonction des efforts de celles-ci.

Ce qu’on va proposer, ce sont des tarifs différenciés, plus bas ou plus élevés, selon la décarbonation qui est proposée par l’entreprise et selon les retombées économiques, c’est-à-dire les entrées de fonds qu’on anticipe au ministère des Finances, a-t-il expliqué.

À partir du moment où il manque d'électricité au Québec, il faut regarder les retombées de chacun des projets, a-t-il fait valoir, soulignant que la province aura besoin de 100 térawattheures (TWh) additionnels d'énergie pour atteindre la carboneutralité d'ici 2050.

Il faut aussi regarder l'impact sur la décarbonation du Québec, a poursuivi le premier ministre. C'est sur cette base-là qu'on va, à l'avenir, regarder les tarifs, et non plus dire : "Toutes les entreprises ont droit au tarif L."

« Disons que ça va devenir très difficile pour une entreprise qui émet des GES d'obtenir des rabais sur l'électricité. »

— Une citation de  François Legault, premier ministre du Québec

M. Legault a rappelé que le portrait énergétique actuel du Québec est bien différent de celui qui prévalait à l'époque où différents gouvernements avaient offert des rabais à certaines industries, les alumineries en tête, en raison de faibles prix mondiaux qui faisaient planer le spectre de fermetures.

Il faut comprendre qu’à l’époque, et c’était vrai aussi en 2018, il y avait des surplus d’électricité. Aujourd’hui, il en manque, de l’électricité, a-t-il résumé.

Le projet de loi sera déposé au Parlement par le « superministre » Pierre Fitzgibbon, qui a notamment hérité du portefeuille de l'Énergie au lendemain des élections générales de 2022. M. Fitzgibbon doit aussi piloter une consultation au sujet de l'énergie ce printemps. La révision du « tarif L » sera au coeur de l'exercice, dont la forme n'a pas encore été déterminée.

Trouver des térawattheures

Les subtilités de cette importante pièce législative sont mises au jour alors que François Legault s'apprête à entamer des négociations avec son homologue Andrew Furey au sujet du barrage de Churchill Falls et du projet Gull Island, à Terre-Neuve-et-Labrador.

Je compte, dans les prochaines semaines, m'asseoir avec Andrew Furey et commencer concrètement les négos, a-t-il fait savoir. On s’est parlé des grands principes. Le premier, c’est [de savoir] quels vont être nos tarifs à partir de 2041. Eux aussi ont une série de demandes.

En entrevue avec Radio-Canada, plus tôt cette semaine, le premier ministre a confié à Patrice Roy qu'il misait fortement sur ces pourparlers avec Terre-Neuve pour respecter son engagement de mener le Québec à la carboneutralité d'ici 2050.

Hydro-Québec devra en effet augmenter de 50 % sa production d'électricité pour permettre à la population de délaisser les énergies non renouvelables. Présentement, Churchill Falls fournit 31 térawattheures au Québec, soit environ 15 % de ses besoins annuels.

Le contrat qui unit cette centrale à Hydro-Québec arrive à échéance en 2041, dans 19 ans, alors que la construction d'un barrage en requiert environ 15, d'où la nécessité d'entamer les négociations.

Quant à Gull Island, si le projet voit le jour, il pourrait produire quelque 2215 mégawatts, un potentiel que lorgne Hydro-Québec afin d'augmenter sa production.

Ces sorties successives sur l'énergie surviennent par ailleurs deux semaines après l'annonce de la démission de Sophie Brochu. La grande patronne d'Hydro-Québec a annoncé le 10 janvier qu'elle quitterait ses fonctions en avril prochain, sans expliquer clairement pourquoi elle ne terminerait pas son mandat.

Mme Brochu avait soutenu pendant la campagne électorale de l'an dernier qu'elle ne souhaitait pas voir le Québec devenir le « Dollarama » de l'électricité. Le gouvernement est actuellement à la recherche d'un nouveau PDG pour la remplacer.

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