Expulser RCR du Mont-Sainte-Anne, une « impossibilité » pour Fitzgibbon
Le ministre ajoute qu'il a l'intention d'offrir une aide équitable aux stations qui souhaitent se moderniser.

La vétusté des installations du Mont-Sainte-Anne suscite la grogne de nombreux skieurs et acteurs économiques de la région de Québec. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Carl Boivin
Exproprier Resorts of the Canadian Rockies (RCR), l'exploitant de la station de ski du Mont-Sainte-Anne, enverrait un mauvais message aux investisseurs étrangers, selon le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon, qui ferme la porte à ce genre de recours.
RCR respecte ses engagements. L'expropriation pour moi c'est une impossibilité
, a tranché le ministre vendredi en marge du lancement de la vitrine technologique du Centre d'expertise industrielle de Montréal.
La vétusté des installations du Mont-Sainte-Anne suscite la grogne de nombreux skieurs et acteurs économiques de la région de Québec. Six jours après la chute d'une télécabine le 10 décembre, la régie du bâtiment a ordonné l'arrêt de cinq remontées mécaniques afin que des vérifications de sécurité soient effectuées. La station a pu rouvrir ses portes le 8 janvier.
Malgré tout, Pierre Fitzgibbon affirme que l'entreprise agit en toute légalité. Dans ce contexte, expulser l'exploitant nuirait aux investissements étrangers, selon lui.
Moi je suis en charge du développement économique international. Moi je cherche des investissements, ce serait un peu paradoxal que sous aucune raison légale on exproprie quelqu'un en même temps qu'on cherche des investissements
, a tranché le ministre vendredi en marge du lancement de la vitrine technologique du Centre d'expertise industrielle de Montréal.
Pierre Fitzgibbon dit avoir discuté avec les dirigeants de RCR
et que ces derniers savent que les Québécois « veulent voir un rehaussement » des installations du Mont-Sainte-Anne.Interrogé à ce propos plus tard en journée, le premier ministre François Legault réitère que plusieurs scénarios sont étudiés pour l'instant, et que des discussions privées
sont en cours entre le gouvernement et l'entreprise albertaine.
Les amis du Mont-Sainte-Anne ne baissent pas les bras
Cette sortie du ministre ne décourage pas les Amis du Mont-Sainte-Anne, un regroupement qui réclame le départ de RCR
et un nouvel exploitant pour la station de ski.Il y a 80 % de la population qui ne veut plus de RCR
,explique le président de regroupement, Yvon Charest, citant un récent sondage mené par la firme Léger.
Malgré le désir apparent du gouvernement de trouver un terrain d'entente avec l'entreprise, Yvon Charest dit avoir confiance que François Legault prendra la bonne décision.
Il réfute l'argument du ministre Pierre Fitzgibbon selon lequel exproprier l'entreprise nuirait à l'image du Québec auprès des investisseurs.
RCR lui est en train de détruire la réputation de Québec comme destination touristique
réplique-t-il.
Une aide équitable pour toutes les stations envisagée
Québec planche toujours sur une aide financière afin de donner un coup de pouce aux stations de ski qui souhaitent moderniser leurs installations, entre autres, pour faire face aux changements climatiques.
Outre le Mont-Sainte-Anne, d'autres stations de ski pourraient recevoir une aide financière de l'État. Quand on s'implique dans une organisation, il faut être équitable
, précise Pierre Fitzgibbon.
Si la forme de cette aide reste à déterminer, il est clair pour le ministre de l'Économie qu'elle sera adaptée en fonction de différents facteurs, dont la taille et l'attrait touristique des stations.
Au cours des prochaines années, les stations de ski du Québec devront investir plus de 65 millions de dollars afin de moderniser leurs installations, faute de quoi elles risquent de voir les prochaines saisons écourtées de 7 à 10 jours. Plusieurs devront se procurer de nouveaux systèmes d'enneigement pour faire face aux changements climatiques.
Est-ce que c'est le rôle du gouvernement de financer tous les canons à neige du Québec? Peut-être pas, mais en même temps, c'est une activité importante
, indique le ministre précisant qu'il serait « inacceptable » que Québec paie l'entièreté du 65 millions de dollars.
Avec la collaboration d'Olivier Lemieux