Transport à l’hydrogène : le Québec est « en retard », selon des experts

Le reportage de Jonathan Roberge
Photo : getty images/istockphoto / Scharfsinn86
Pendant que de nombreux pays européens sont en pleine transition énergétique; le Québec est toujours au stade des recherches sur l'hydrogène. Environ 250 chercheurs et experts de partout dans la province et même d'ailleurs dans le monde étaient réunis jeudi à Trois-Rivières pour échanger sur les procédés et les services que leurs entreprises peuvent mettre en commun.
Le Canada aura beaucoup à faire pour atteindre son objectif de devenir carboneutre d'ici 2050, selon certains. On est en retard, tout à fait! On a beaucoup d'années à rattraper
, admet d’entrée de jeu le professeur Bruno G. Pollet, chercheur spécialisé dans l’hydrogène et titulaire d’une chaire de recherche à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR).
Pendant que bien des Québécois hésitent toujours à remplacer leur voiture à essence par une voiture électrique, les Européens, eux, sont passés à l'étape suivante. Il y a eu une vraie volonté de développer la filière hydrogène en Europe. Les grands joueurs industriels se sont mis dans ce développement pour proposer des solutions
, enchaîne Johann Bureau, vice-président chez Charbone Hydrogène, qui souligne que les gouvernements européens ont investi d’importantes sommes d’argent pour la recherche et le développement des énergies vertes.
En Allemagne, certains trains sont propulsés par l'hydrogène, tout comme de nombreux autobus un peu partout sur le continent, notamment en France. Efficace par grands froids, ces véhicules ont aussi un autre avantage marqué sur les véhicules électriques, selon. M. Pollet. L'hydrogène c'est idéal. On parle de trois à cinq minutes pour ravitailler un véhicule.
Technologies complémentaires
Le professeur de l'UQTR
responsable de l'Institut de recherche sur l'hydrogène clame l'urgence d'agir.Il faut de l'aide financière du gouvernement pour essayer de rattraper ce qu'on a perdu pendant toutes ces années
, affirme Bruno G. Pollet qui estime que les États-Unis sont aussi en avance et très agressif dans ce domaine
en comparaison au Canada.
Pour réussir à décarboner le pays, il faudra travailler avec les grandes industries. Avant de rêver à des millions de petites voitures à l'hydrogène sur nos routes, il vaut mieux, selon lui, convertir le transport lourd et approvisionner les parcs industriels. Je pense à des secteurs comme l'aciérie, la métallurgie, ceux qu’on dit très difficiles à électrifier. On a besoin de ça et de cet hydrogène pour produire de l'engrais de l'ammoniac.
Le chercheur de l’UQTR
ne remet pas en doute pour autant la pertinence des voitures électriques, bien au contraire. Il les juge essentielles, mais c’est la complémentarité des technologies qui permettra, selon lui, de se rapprocher des cibles environnementales.À lire aussi :
Une première pompe à hydrogène au Québec
Pour remplir leurs véhicules, les Européens ont construit de nombreuses stations-service d'hydrogène. Au Québec, l’entreprise Harnois Énergies tente de développer ce marché depuis 2019.
Harnois Énergies a été la première station à hydrogène du Québec
, dit fièrement la chargée de projet Catherine Gosselin, qui a complété son doctorat à l’UQTR .
La chaîne n’entend pas pour le moment construire d’autres stations libre-service. Elle compte plutôt mettre en place un système de distribution. On produit 200 kilogrammes d’hydrogène par jour à Québec. La prochaine étape, c’est de l’embouteiller et de le distribuer à nos clients à travers la province
, poursuit Mme Gosselin.