La police aux aguets au centre-ville d’Ottawa pour le premier anniversaire du convoi
Des voitures de police bloquaient des intersections pouvant mener à la rue Wellington, tôt samedi matin, où il y régnait un calme plat.
Photo : Radio-Canada / Emmanuelle Poisson
Au centre-ville d’Ottawa, la police et les services de sécurité parlementaire sont aux aguets depuis vendredi, et ils comptent l’être tout au long de la fin de semaine. Sur les réseaux sociaux, plusieurs groupes ont exprimé leur intention de converger vers la capitale pour souligner le premier anniversaire du convoi des camionneurs.
Le Service de protection parlementaire s'attend à ce que 500 manifestants se rassemblent au centre-ville ce week-end.
Une poignée de manifestants s'étaient d'ailleurs rassemblés devant le Parlement, vendredi en fin de journée. Ils ont ensuite quitté les lieux aux environs de 21 h.
Quelques manifestants étaient devant le Parlement, vendredi après-midi. Plus tôt cette semaine, la police d’Ottawa a assuré qu’aucun autre convoi n’allait paralyser le centre-ville.
Photo : Radio-Canada / Andréanne Apablaza
Devant le Parlement, des barrières de métal ont été installées pour sécuriser le périmètre.
La conseillère du quartier Rideau-Vanier, Stéphanie Plante, affirme que des permis de manifestation ont été délivrés pour cette fin de semaine.
Ils n’ont pas le droit de faire la manifestation sur la rue Wellington ni sur les lieux du Parlement. Ils ont jusqu’à 21 h samedi pour manifester. Qu’est-ce qui va arriver par la suite, on ne sait pas
, explique-t-elle.
Ce n’est pas une manifestation où on a le droit d’amener un camion ou une voiture. Les gens doivent être à pied
, ajoute Mme Plante.
Le Comité responsable de la colline du Parlement a confirmé à Radio-Canada avoir reçu et approuvé deux demandes d'événements pour la Colline du parlement cette fin de semaine. Les détails de la demande sont confidentiels.
Une version précédente de ce texte laissait entendre que des permis de manifestations avaient été délivrés par la Ville d’Ottawa. Les demandes ont plutôt été reçues et accordées par le Comité responsable de la colline du Parlement.
Par ailleurs, des restrictions spéciales en matière de stationnement seront en vigueur au centre-ville, du vendredi 27 janvier au dimanche 29 janvier, précise la Ville d’Ottawa dans un communiqué envoyé jeudi soir.
Plus tôt cette semaine, la police d’Ottawa a assuré qu’aucun autre convoi n’allait paralyser le centre-ville.
De passage dans les bureaux de Radio-Canada, le député fédéral d'Ottawa-Centre, Yasir Naqvi, a exprimé l'espoir que la manifestation soit pacifique et respectueuse
.
Le député libéral d'Ottawa-Centre, Yasir Naqvi (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Buntola Nou
C’est le droit des gens de manifester. [...] Et j’ai confiance en la police d’Ottawa pour assurer la sécurité de toute la ville et de la région. Le nouveau chef de police a consacré beaucoup de temps à la préparation [de cet événement]. Je pense que la police d’Ottawa a appris beaucoup de leçons après la manifestation il y a un an.
Pour Cyriaque Assassa, qui réside au centre-ville, la perspective de cette nouvelle manifestation ne l'inquiète pas trop.
Au Canada, on est dans un pays de libertés. Tout le monde est libre de s'exprimer sur leurs opinions, aussi longtemps qu'ils respectent la loi.
Etienne Renaud, qui est maître brasseur au restaurant 3 Brasseurs au centre-ville, reste quant à lui sur ses gardes.
L'an passé notre restaurant avait été bloqué pendant quelques semaines, alors la business n'a pas bien fonctionné pour nous autres pendant la période du convoi. On espère que ça aura un impact beaucoup moindre que l'an dernier
, explique-t-il.
Etienne Renaud, maître brasseur au restaurant 3 Brasseurs, à Ottawa.
Photo : Radio-Canada
Un mouvement fragmenté
Chris Dacey était l’un des premiers manifestants sur la colline parlementaire, lors du passage de Radio-Canada, vendredi après-midi. Ce dernier ne croit pas que ce sera une manifestation de grande envergure, il pense plutôt que l’événement s’apparentera à des retrouvailles
.
Quand le convoi est arrivé, pour moi, c'était l'espoir. Je suis allée dans la rue, et c'était les câlins, il y avait beaucoup de monde. [...] Pour moi c'est une réunion pour me souvenir de ça
explique-t-il.
Chris Dacey était l'un des premiers manifestants vendredi.
Photo : Radio-Canada
Récemment interrogé par Radio-Canada, Brian Derksen, aussi appelé le camionneur qui n’est jamais parti
, a dit qu’il attendait beaucoup de manifestants les 28 et 29 janvier sur la colline du Parlement.
Je m’attends aussi à beaucoup de gens le 14 février, le jour où Justin Trudeau a évoqué la Loi sur les mesures d’urgence. Qui fait une telle chose le jour de la Saint-Valentin, la journée de l’amour?
Selon le professeur en criminologie de l'Université d'Ottawa, Michael Kempa, le mouvement est encore plus fragmenté que l’année dernière
.
Nous avons maintenant des leaders de second rang qui présentent des messages très différents, dont certains auront un peu plus de soutien dans la population canadienne et d'autres ne feront qu'aliéner les gens. Il est très difficile de deviner quelle influence auront ces nouveaux leaders pour attirer les gens vers les manifestations qu'ils prévoient à travers le pays.
Avec les informations de Rebecca Kwan, Frédéric Pepin, Ismaël Sy et Stéphane Leclerc
