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Cinq policiers accusés de meurtre après une arrestation brutale

Des membres de la communauté afro-américaine brandissant une photo de la victime lors de son hospitalisation.

Des proches de Tyre Nichols manifestant à Memphis.

Photo : Associated Press / Mark Weber

Agence France-Presse

Cinq policiers ont été inculpés et incarcérés jeudi pour meurtre à la suite du décès, début janvier, d'un Afro-Américain, quelques jours après une arrestation « épouvantable » dans le sud des États-Unis, selon les autorités.

Ces agents de la police de Memphis, grande ville du Tennessee, tous des Afro-Américains, sont visés par plusieurs chefs d'inculpation, dont meurtre, coups et blessures, et enlèvement, a annoncé le procureur Steve Mulroy lors d'une conférence de presse.

Le président américain Joe Biden a réclamé jeudi, dans un communiqué, une enquête rapide, complète et transparente sur ce drame.

Le 7 janvier, les policiers − depuis licenciés − avaient voulu arrêter Tyre Nichols, 29 ans, pour une infraction routière. Alors que les agents s'approchaient, un affrontement avait eu lieu et le suspect s'était enfui, avaient expliqué les forces de l'ordre.

Rattrapé, Tyre Nichols avait finalement été interpellé, mais s'était plaint d'avoir du mal à respirer et avait été hospitalisé. Il était décédé trois jours plus tard.

Les détails de cette arrestation sont encore flous : une vidéo des faits existe, mais a pour l'instant uniquement été montrée aux proches de la victime et à leurs avocats. Selon ces derniers, la police l'a battu au point qu'il était méconnaissable.

Un montage photo de cinq policiers.

Les cinq policiers impliqués dans l'arrestation de Tyre Nichols ont été licenciés, arrêtés et accusés de meurtre, coups et blessures, et d'enlèvement.

Photo : Reuters

« Il s'agit d'un passage à tabac pur et simple, sans interruption, de ce jeune homme pendant trois minutes. »

— Une citation de  Me Antonio Romanucci, un des avocats des proches de la victime

Lors de la conférence de presse jeudi, les autorités ont évité de décrire précisément le déroulé des faits, renvoyant aux images. Mais ce qui s'est passé est inadmissible et criminel et n'aurait pas dû se produire, a insisté David Rausch, directeur du bureau d'enquête du Tennessee, qui s'est dit choqué et écœuré par ce qu'il a vu. En un mot, c'est absolument épouvantable.

Les avocats de la famille de la victime, dont le célèbre Ben Crump − qui avait représenté la famille de George Floyd − ont salué l'inculpation des policiers. Cette nouvelle nous donne de l'espoir alors que nous continuons à réclamer justice pour Tyre, ont-ils commenté.

Jeudi, en évoquant ses rencontres avec les proches de Tyre Nichols, le procureur Steve Mulroy a dressé le portrait d'un fils presque parfait. Une personne joviale et heureuse, qui aimait la planche à roulettes, a-t-il dit.

Les cinq agents inculpés ont été licenciés la semaine dernière. L'investigation interne de la police avait montré qu'ils avaient fait usage de la force de façon excessive. D'autres policiers font encore l'objet d'une enquête.

Joe Biden.

Le président américain Joe Biden a appelé à des « manifestations pacifiques ».

Photo : Reuters / Elizabeth Frantz

Les agents mis en cause sont directement responsables des violences physiques commises sur M. Nichols, a déclaré mercredi la cheffe de la police de Memphis, Cerelyn Davis, selon laquelle il ne s'agissait pas seulement d'une erreur professionnelle, mais d'un manque d'humanité.

« Cet acte était odieux, irresponsable et inhumain. »

— Une citation de  Cerelyn Davis, cheffe de la police de Memphis

La vidéo de l'arrestation sera rendue publique vendredi en soirée. Je m'attends à ce que vous soyez scandalisés en voyant ces images, a admis Cerelyn Davis.

Jugeant également probable l'organisation de manifestations, la cheffe de la police a appelé à ne pas inciter à la violence ou à la destruction.

Dans son communiqué, Joe Biden dit se joindre à la famille de Tyre Nichols en appelant à ce que les manifestations soient pacifiques. La colère est compréhensible, mais la violence n'est jamais acceptable, a-t-il ajouté.

L'affaire trouve un écho particulier dans un pays encore marqué par la mort de George Floyd, en mai 2020, et les manifestations Black Lives Matter contre le racisme et les violences policières, qui avaient suivi.

Le drame a relancé le débat sur la violence policière dans le pays.

Des manifestants partagent leur joie en se cognant le poing.

La mort de George Floyd à Minneapolis en mai 2020 a provoqué une onde de choc partout dans le monde.

Photo : Getty Images / Scott Olson

« Nous ne pouvons ignorer le fait que les interventions policières mortelles ont davantage touché les personnes noires. »

— Une citation de  Joe Biden, président des États-Unis

Le président démocrate exhorte le Congrès à passer un projet de loi de réforme de la police, adopté à la Chambre des représentants en 2021, mais qui n'a pas passé l'obstacle du Sénat.

Depuis le meurtre de George Floyd, le Congrès américain a été incapable d'adopter toute réforme ambitieuse de la police aux États-Unis, y compris l'interdiction des prises d'étranglement.

Le président de l'organisation de défense des droits civiques NAACP, Derrick Johnson, a pour sa part appelé les élus du Congrès à regarder la vidéo de l'arrestation, puis à agir. Nous pouvons nommer toutes les victimes de violences policières, mais nous ne pouvons pas citer une seule loi que vous avez passée pour régler le problème.

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