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Le barrage de Coutts, un an plus tard

Des camions bloquent l'autoroute au passage frontalier vers les États-Unis de Coutts, en Alberta, le mercredi 2 février 2022.

Le convoi a bloqué l'accès au poste-frontière de Coutts pendant 18 jours.

Photo : La Presse canadienne / Jeff McIntosh

Le barrage routier contre les mesures sanitaires liées à la COVID-19 qui a entravé la circulation au poste frontalier de Coutts, en Alberta, suscite encore des réactions partagées un an après les événements. Cet anniversaire sera souligné samedi lors d’un événement à Lethbridge.

Il y a un an, seules les personnes qui étaient passées par le poste frontalier de Coutts avaient entendu parler de ce village albertain à la frontière américaine. La municipalité de 245 habitants s'apprêtait toutefois à vivre un événement historique.

Du 29 janvier au 15 février, des centaines de camions et de tracteurs ont bloqué l’accès au poste frontalier, un point de passage vital pour le commerce dans le sud de l’Alberta.

Résidente de Coutts, Gayle Maudsley estime que le mouvement de protestation était justifié. Ils voulaient le retour de nos libertés et je pense qu’on se bat encore pour cela, estime-t-elle.

Le barrage a eu l’impact recherché parce que, peu après la fin du convoi, des restrictions de voyage ont été levées et ça, c’était formidable.

À midi, le petit restaurant Hills of Home Cafe Bed & Breakfast fourmille d’activités. Son propriétaire, Keith Dangerfield, qui est pasteur, a toujours soutenu les manifestants.

« C’était très excitant pour nous, même si je ne suis pas certain qu’on ait obtenu tout ce qu’on voulait. »

— Une citation de  Keith Dangerfield, propriétaire du Hills of Home Cafe Bed & Breakfast

C’était plus gros que notre petit village ou les camionneurs. C’était un groupe de personnes qui ont décidé qu’elles ne voulaient pas des obligations vaccinales et qu'elles n’allaient pas les accepter.

Un sujet délicat chez les habitants

En novembre, lors de la commission Rouleau sur le recours aux mesures d’urgence par le gouvernement fédéral, le maire de Coutts, Jim Willett, a dit qu’il estimait que 70 % des habitants de sa communauté avaient soutenu le mouvement de protestation, même si lui-même l’avait critiqué.

Nous avons encore des voisins qui ne se parlent pas, avait ajouté le maire, à qui, depuis, ses concitoyens ont demandé de ne plus faire de commentaires sur le blocage dans les médias.

Gayle Maudsley reconnaît que le barrage a laissé des traces, mais elle ne pense pas que l’impact ait été aussi important que ce qu'en dit Jim Willett.

Je crois que la division persiste un peu, mais le temps arrange les choses et, avec la grâce de Dieu, nous serons tous de bons voisins à nouveau, affirme-t-elle.

Keith Dangerfield ne croit pas que Coutts ait acquis une mauvaise réputation en raison des manifestations, au contraire.

Cela a tellement fait parler de nous partout sur la planète, s'exclame-t-il, ajoutant que le barrage a même piqué la curiosité de visiteurs de Coutts, depuis les événements.

Kevin White, qui habite la municipalité, se veut plus nuancé. Il dit que ses voisins et lui ne discutent jamais du barrage pour éviter les sujets qui fâchent.

Beaucoup veulent juste oublier tout cela parce que c'était horrible. On ne pouvait pas circuler facilement, on s'est vraiment sentis piégés, raconte-t-il.

Peter Ofosu et Ali Askar, qui sont camionneurs, se rappellent surtout des maux de tête et des kilomètres supplémentaires qu’ils ont dû faire pour contourner les manifestants.

« C’était l’enfer. Horrible. Cela a rallongé mes trajets de plusieurs jours. »

— Une citation de  Peter Ofosu, camionneur

C’était dur, pour aller en Californie, il fallait faire un détour fou, ajoute Ali Askar.

Des démêlés judiciaires

Trois hommes font face à des accusations en lien avec le barrage. Le conseiller municipal de Fort Macleod, Marco Van Huigenbos, fait face à une accusation de méfait de plus de 5000 $, tout comme Alex Van Herk et George Janzen. Leur procès doit débuter en avril 2024.

Pendant les derniers jours du barrage, la police a saisi une douzaine d’armes à feu, des munitions et des gilets pare-balles.

Ce qui s’est passé pendant ces deux jours a été négatif, parce que cela a éclipsé notre message, mais, pour moi, ce n’est pas représentatif de ce que nous avons voulu accomplir à Coutts, dit Marco Van Huigenbos.

Je crois que le Canada est un pays de liberté, mais pendant la pandémie, nos libertés ont été brimées sans raison, affirme-t-il. Selon lui, il était du devoir des manifestants de s’opposer aux mesures gouvernementales.

Keith Dangerfield va plus loin et affirme que les armes n’appartenaient pas aux accusés. Je crois que c’est la GRC qui a camouflé les armes parce que les jeunes qui les avaient n’auraient jamais pu se payer cela, soutient-il. Il est persuadé que le mouvement était pacifique.

Quatre hommes, Chris Carbert, Anthony Olienick, Jerry Morin et Chris Lysak, sont aussi accusés d’avoir conspiré pour tuer des agents de la Gendarmerie royale du Canada. Leur procès doit avoir lieu en juin.

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