Les logements sont rares et de plus en plus chers dans l’Est-du-Québec, selon la SCHL

La pénurie de logements s'aggrave dans l'Est-du-Québec. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Vicky Boutin
Selon les plus récentes données de la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL), le taux d'inoccupation s'établissait en 2022 sous le seuil d’équilibre de 3 % à la grandeur de la province. Pour les régions de l'Est-du-Québec, le portrait est peu réjouissant.
La Ville de Gaspé affiche même un taux de logements inoccupés de 0 %.
La situation s’aggrave dans la majorité des villes qui comptent plus de 10 000 habitants, à l’exception de Rimouski et des Îles-de-la-Madeleine, où la situation s’améliore légèrement.
Ce sont encore les logements de quatre pièces et demie et les cinq et demie qui sont les plus recherchés et, donc, les plus difficiles à trouver.
Néanmoins, le coordonnateur de Solidarité logements Rivière-du-Loup, Samuel Saint-Denis-Lisée, estime qu'il est faux de penser que la construction de logements va régler la crise. Il estime qu’au contraire la construction d’habitations de luxe aura un effet d’entraînement vers la hausse. Quand un propriétaire voit qu’un[e compagnie comme] Medway est capable de louer des logements et de remplir un bloc au complet avec des loyers entre 1200 $ et 1800 $, il se dit que lui aussi pourrait les augmenter à ce moment-là
, mentionne M. Saint-Denis-Lisée.
« Peut-être qu’en termes de taux d’inoccupation, on va augmenter un petit peu le pourcentage, mais ça va être tout aussi difficile pour le locataire à faible revenu de se trouver un loyer. »
Les loyers continuent d’augmenter
Outre la pénurie de logements qui s’aggrave, le prix du loyer moyen a augmenté de 5,6 % entre octobre 2021 et octobre 2022 au Québec. À Baie-Comeau, cette augmentation atteint même 11,2 % selon la SCHL
.Par ailleurs, le Regroupement des comités logement et association de locataires du Québec affirme que les chiffres fournis par la SCHLOn a simplement à regarder les prix moyens qui sont dans ce rapport-là puis regarder les annonces de logements à louer, puis quand on fait la comparaison, on voit bien que c’est impossible de trouver un loyer qui est au prix moyen donné par la SCHL
, explique son porte-parole, Cédric Dussault.
Il ajoute que la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine doivent conjuguer avec un facteur dont l’organisme fédéral ne tient pas compte : le tourisme saisonnier.
« Il y a des gens qui vont devoir quitter leur logement pendant l’été parce que leur propriétaire décide de louer à des touristes. »
Des pistes de solution
Ce Regroupement ainsi que le Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) estiment que pour s’attaquer au problème, le gouvernement provincial doit financer davantage de logements sociaux.
La porte-parole du FRAPRUC’est tellement sous-financé que c’est très difficile de faire lever de terre une variété de projets
, affirme-t-elle. Les logements sociaux représentent une trop faible part des mises en chantier selon le FRAPRU .
Quant au directeur général du Groupe ressource en logements collectifs Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, Ambroise Henry, il croit que les gouvernements n’ont pas su mettre en place les outils pour répondre à la crise du logement. À quelques semaines du dépôt des budgets, il estime qu’un fonds d’investissement destiné au logement social et communautaire doit être créé conjointement par le provincial et le fédéral. On le fait déjà pour faire des infrastructures comme des aqueducs et des routes. On a un programme d’infrastructures Canada-Québec-municipalités alors pourquoi on n’aurait pas la même chose?
se demande M. Henry.
Les organismes qui œuvrent dans le secteur du logement martèlent qu’il faut aussi créer des mécanismes pour protéger les locataires contre des hausses de loyer déraisonnables, notamment en établissant un plafonnement des augmentations.