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Au moins 10 morts dans des frappes israéliennes contre Jénine et Gaza

Un homme brandissant un drapeau palestinien près de pneus incendiés.

Il s'agit de la journée la plus meurtrière dans les territoires palestiniens depuis août 2022.

Photo : Associated Press / Fatima Shbair

Agence France-Presse

Israël a procédé vendredi à des frappes sur la bande de Gaza en réponse à des tirs de roquettes imputés au Hamas, après des opérations israéliennes qui ont tué 10 Palestiniens en Cisjordanie.

L'armée israélienne, qui tient le Hamas au pouvoir à Gaza pour responsable de tous les tirs de projectiles en provenance de ce territoire, a annoncé avoir mené au moins deux séries de frappes contre la bande de Gaza.

Aucune victime n'a été signalée dans le territoire sous blocus israélien depuis 2007. Les tirs de roquettes, interceptées pour la plupart par le système de défense antiaérien israélien, n'ont pas été revendiqués, mais les groupes armés palestiniens avaient promis de répondre au raid israélien de jeudi matin dans le camp de réfugiés de Jénine, au cours duquel neuf Palestiniens ont été tués.

Les projectiles tirés dans la nuit sont un message : l'ennemi [israélien, NDLR] doit se méfier, car le sang palestinien versé coûte cher, a déclaré vendredi le Djihad islamique dans un communiqué.

Cette organisation était la cible de l'incursion militaire israélienne à Jénine puisqu'elle planifiait une attaque en Israël, ont affirmé des sources israéliennes.

Journée meurtrière

Il s'agit de la journée la plus meurtrière du conflit israélo-palestinien depuis la flambée de violence entre l'armée israélienne et le Djihad islamique à Gaza, pendant laquelle 49 Palestiniens au moins, parmi lesquels des combattants et des civils, dont des enfants, avaient péri en trois jours en août 2022.

Jeudi, neuf Palestiniens avaient été tués à Jénine lors d'un raid israélien présenté par l'armée comme une opération contre des activistes islamistes dans le camp de réfugiés de cette ville du nord de la Cisjordanie occupée.

L'Autorité palestinienne a dénoncé un massacre et annoncé mettre fin à la coopération sécuritaire avec Israël, une première depuis 2020.

Le département d'État américain a dit regretter cette décision, parce qu'il juge très important que les parties maintiennent, voire approfondissent leur coordination sécuritaire.

Des gens se recueillent devant des corps sur des brancards.

Selon l'armée israélienne, le raid mené dans la matinée dans le camp de Jénine était une « opération de contre-terrorisme ».

Photo : Reuters / RANEEN SAWAFTA

Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, doit se rendre lundi et mardi en Israël et en Cisjordanie pour insister, selon Washington, sur la nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade.

Un lourd bilan

Un dixième Palestinien a été abattu jeudi à Al-Ram, près de Ramallah, a indiqué le ministère israélien de la santé.

Concernant le raid à Jénine, les Nations unies n'ont pas recensé un bilan aussi élevé en une seule opération israélienne en Cisjordanie depuis qu'elles ont commencé à comptabiliser en 2005 les victimes du conflit israélo-palestinien.

Depuis le début de l'année, nous continuons d'observer les niveaux élevés de violence et les tendances négatives qui ont caractérisé 2022, a regretté dans un communiqué l'émissaire de l'ONU pour le Proche-Orient, Tor Wennesland, qui juge essentiel de faire baisser immédiatement les tensions.

Une foule transporte des corps enveloppés dans des drapeaux palestiniens.

Une foule a tenu des funérailles pour les neuf victimes du raid israélien.

Photo : Reuters / RANEEN SAWAFTA

Du gaz lacrymogène dans un hôpital

Selon l'armée israélienne, le raid était une opération de contre-terrorisme visant des membres de l'organisation Djihad islamique qui, d'après le ministre de la Défense Yoav Gallant planifiaient une attaque en Israël.

La ministre palestinienne de la Santé, Mai al-Kaila, a accusé les soldats d'avoir tiré du gaz lacrymogène à l'intérieur de l'unité pédiatrique de l'hôpital gouvernemental local, ce que l'armée a démenti.

Le directeur de l'hôpital, Wissam Bakr, a indiqué que du gaz lacrymogène avait été tiré dans le périmètre de son établissement. Le gaz a atteint le service pédiatrique, posant un danger pour les enfants, qui ont été transférés vers un endroit sûr loin des affrontements, a-t-il dit à l'AFP.

Personne n'a tiré du gaz lacrymogène volontairement dans un hôpital […], mais l'opération se déroulait non loin de l'hôpital et il est possible que du gaz lacrymogène soit entré par une fenêtre ouverte, a affirmé à l'AFP un porte-parole militaire israélien.

L'armée avait auparavant rapporté avoir tiré sur plusieurs terroristes, sur fond d'échanges de coups de feu. Aucun soldat n'a été blessé, a-t-elle ajouté.

Des soldats pointent leurs armes.

Au moins un autre Palestinien a été tué par balle dans des affrontements avec les troupes israéliennes.

Photo : Reuters / AMMAR AWAD

Israël ne cherche pas d'escalade, mais se prépare à tous les scénarios, a affirmé le premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, d'après un communiqué.

Le calme prévaut vendredi dans les rues de Jénine où les magasins sont toutefois fermés dans le cadre d'une grève, a constaté un journaliste de l'AFP.

« La résistance est partout »

La diplomatie saoudienne a vivement dénoncé l'incursion israélienne, que le Qatar a qualifiée de prolongement des crimes odieux contre le peuple palestinien sans défense.

Majeda Obeid, 61 ans, a été tuée alors qu'elle regardait les affrontements par sa fenêtre dans le camp de Jénine, a déclaré sa fille Kefiyat à l'AFP.

Elle a été touchée d'une balle dans le cou et s'est effondrée contre le mur puis au sol, a-t-elle dit, dans le salon familial où du sang recouvre le bord d'un tapis.

La résistance est partout et est prête pour le prochain affrontement, a indiqué Tariq Salmi, porte-parole du Djihad islamique, dans un communiqué.

Dans le camp de Jénine, qui date de 1953 et abrite plus de 23 000 réfugiés selon l'UNRWA, l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens, les murs de certains bâtiments ont été noircis par des incendies, a constaté un photographe de l'AFP.

En mai 2022, la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh, vedette de la chaîne Al-Jazira, y avait été tuée pendant qu'elle couvrait un raid israélien.

Un immeuble noirci par un incendie.

Les bombardements israéliens ont touché le camp de Jénine, qui abrite 23 000 réfugiés, selon l'ONU.

Photo : Reuters / RANEEN SAWAFTA

L'armée israélienne, qui occupe la Cisjordanie depuis 1967, mène des opérations quasi quotidiennes à travers ce territoire palestinien, particulièrement dans les secteurs de Jénine et de Naplouse, bastions de factions palestiniennes armées.

Les décès de jeudi portent à 30 le nombre de Palestiniens, civils ou membres de groupes armés, tués depuis le début de l'année dans des violences avec des forces ou des civils israéliens.

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