« Revaloriser l’enseignement du français », une priorité qui résonne en Outaouais

le taux de réussite à l'épreuve de français écrit de 5e secondaire a chuté de 10,9 % depuis 2019. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Christian Milette
Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a affirmé vouloir freiner le déclin du français écrit lors de l’annonce de ses sept priorités, jeudi. Une annonce qui coïncide avec une baisse significative du taux de réussite de l’épreuve de français dans les établissements d’enseignement secondaire en Outaouais.
Pour les différents intervenants dans le milieu de l’éducation, cette annonce, bien que positive, paraît toutefois peu détaillée.
C’est une annonce de très haut niveau, il y a très peu de détails qui se rattachent aux objectifs et aux priorités que le ministre annonce
, commente Alain Gauthier, vice-président du comité de parents au Centre de services scolaire des Portages-de-l'Outaouais (CSSPO).
Selon lui, l’important se trouve dans les détails à venir et dans ce qui sera concrètement appliqué face aux problèmes réels dans le réseau de l’éducation.
Le taux d’échec à l’épreuve de français écrit de 5e secondaire a bondi depuis le début de la pandémie dans l’ensemble de la province, d’après le ministre de l’Éducation. En Outaouais, on constate une baisse marquée du taux de passage de l’épreuve, et ce, dans les quatre Centres de services scolaires (CSS) que compte la région.
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de l’Outaouais entre l’épreuve de juin 2019 et celle de juin 2022.La pandémie pointée du doigt
Concernant le CSSPO
, la baisse des résultats a été la moins importante de la région. Alors que 71,8 % des élèves avaient réussi l’épreuve de français en 2019, ils n’étaient plus que 67 % en 2022. Dans les trois autres CSS de l'Outaouais, cette baisse oscille entre 10,1 % et 16,4 %.Pour M. Gauthier, la pandémie a joué un rôle important sur cette baisse du niveau de français. Il ne faut pas minimiser cet impact-là, [...] il peut avoir des effets à long terme
, appuie-t-il.
La transition précipitée vers l'enseignement à distance se reflète aujourd’hui dans ces résultats, selon le vice-président du comité de parents, qui souligne, de plus, une perte de vitesse dans l’apprentissage du français pour les élèves.
L’ensemble des CSS
de la région étaient pourtant sur une pente ascendante entre juin 2018 et juin 2019, avec une augmentation moyenne de 6,85 % du taux de réussite à l’épreuve dans la région.Toutefois, selon M. Gauthier, tout porte à croire que cette hausse du taux d'échec est temporaire et que la tendance s’inversera grâce au retour à la normale dans les salles de classe.
En 2020 et 2021, l’épreuve de français au secondaire avait été annulée en raison de la pandémie.
Un effort général à mener à l’échelle du Québec
La pandémie ne serait cependant pas l’unique responsable de la baisse du niveau de français dans les écoles secondaires, d'après le directeur général de la section Outaouais de l’Association québécoise des troubles de l’apprentissage, Paul Morin.
Il y aurait, pour M. Morin, un effort général à faire à l’échelle de la province pour que les élèves acquièrent dès leur bas âge un goût pour la lecture, ce qui favoriserait le développement d’un langage et d’un vocabulaire plus fournis.
Le manque de financement de certains CSS
, ainsi que le manque de personnel feraient également partie des causes de cette baisse de niveau, selon le directeur de l’association.« Pour aider les enfants, ça prend des spécialistes. Ça prend des orthopédagogues, des orthophonistes, des techniciens en éducation spécialisée et malheureusement on en manque. »
Il remarque, de plus, que le CSS
qui a révélé la plus forte hausse du taux d’échec de la région entre 2019 et 2022 avec 16,4 %, soit le CSS des Hauts-Bois-de-l'Outaouais, est celui qui reçoit le moins de financement de la part de Québec en raison de son faible nombre d’élèves. Pour lui, cela à une conséquence directe à la fois sur le manque de personnel et sur l'apprentissage des élèves.Investir dans la formation professionnelle et offrir du renfort aux enseignants dans les classes sont ainsi deux priorités du ministre importantes à retenir, selon M. Morin, l’enjeu résidant dans le recrutement des étudiants en éducation.
Avec les informations de Rebecca Kwan