•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Santé mentale : des artistes épuisés témoignent de leurs difficultés

L’univers des arts et de la culture a toujours été atypique et exigeant. Des artistes à bout de souffle demandent de l'aide et suspendent même leurs activités pour préserver leur santé mentale.

Une femme qui répond aux questions d'un journaliste.

L'auteure-compositrice-interprète Christine Melanson

Photo : Radio-Canada

Épuisement, anxiété, dépression : la détresse psychologique est une réalité bien présente dans le milieu culturel. Les appels à l'aide se sont multipliés pendant la pandémie de COVID-19. Cette période difficile pour les artistes aura au moins permis de lever le voile sur les tabous et d'ouvrir le dialogue.

L’insécurité financière, psychologique et professionnelle a certainement pesé lourd chez les artistes et les travailleurs du milieu pendant la pandémie de COVID-19 et, pourtant, malgré la reprise des activités de l’industrie culturelle, le nombre de demandes de soutien psychologique continue d’augmenter.

Carmen Gibbs en entrevue devant des tableaux qui évoquent le drapeau acadien.

Carmen Gibbs, directrice générale de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick (photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Avec plus de 20 ans de métier, Carmen Gibbs, directrice générale de l'Association acadienne des artistes professionnels du Nouveau-Brunswick estime que les attentes envers les artistes sont irréalistes.

Créer, imaginer, explorer, faire du marketing, faire des demandes de subvention... Quels métiers et quelles professions dans la vie demandent d'être ça tout à la fois? Ce n'est pas normal.

La pointe de l’iceberg

L’auteur-compositeur-interprète Joey Robin Haché témoigne de cette lourde charge de travail en la comparant à un iceberg.

Il s'est déjà retrouvé dans un état de détresse lié à son travail et a dû aller chercher de l'aide.

L’effet iceberg est la meilleure représentation du travail à accomplir en tant qu’artistes. Au-dessus de l’eau, la pointe de l'iceberg représente l’artiste sur scène et dans les médias, la façon dont il est perçu par le grand public. Quant à la partie submergée, beaucoup plus grosse, elle illustre la panoplie de tâches, de travaux, de dates de tombée, de buts et d’objectifs à atteindre pour arriver à bien commercialiser et à bien promouvoir un album, un spectacle ou un artiste auprès du grand public, explique Joey Robin Haché.

«  C’est un des grands problèmes de l’industrie musicale en ce moment. »

— Une citation de  Joey Robin Haché
Joey Robin Haché dans son personnage de Plywood.

L'auteur-compositeur-interprète Joey Robin Haché

Photo : Gracieuseté/Joey Robin Haché

Le volet administratif occupe une grande place dans la charge de travail des artistes, particulièrement en début de carrière, où il est crucial de produire du nouveau matériel.

Toujours selon Joey Robin Haché, la multiplication des tâches et des dates de tombée pour divers projets peut mener les artistes à l'épuisement professionnel et les empêcher d'accomplir des tâches cruciales pour la survie de leur projet artistique, par exemple monter sur scène.

Problème grandissant

Aux attentes de l'industrie s'ajoute la compétitivité du milieu à l'ère numérique, où il est de plus en plus difficile de se démarquer. L'auteure-compositrice-interprète Christine Melanson en a vite pris conscience.

Christine Melanson.

Christine Melanson a souffert d'épuisement professionnel dès sa première année de carrière.

Photo : Christine Melançon

Je sens ces attentes-là tous les jours, encore, mais certainement un peu moins que quand j'ai commencé : je me mettais tellement d'attentes, tellement de pression, que déjà, dès la première année que j'ai commencé à faire de la musique professionnellement, j'ai fait un burn-out.

Aujourd’hui, Christine Melanson sait reconnaître les signes de surmenage et visualise différemment sa carrière solo puisque les subventions sont difficiles à obtenir et que les tournées sont de moins en moins rentables.

«  C’est une très très grosse machine pour pouvoir prendre du temps pour soi. »

— Une citation de  Christine Melanson

Les conséquences de l’interruption d’une tournée ou d’un projet sont graves et ajoutent un poids sur les épaules des artistes lors de leur réflexion. Ils pensent aux artisans qui œuvrent sur le projet et ne souhaitent pas les empêcher d’exercer leur métier ni les priver de revenus.

Une personne se fait interviewer.

Mélissa Cormier en entrevue

Photo :  Radio-Canada / Gilles Landry

Mélissa Cormier, présidente de l’agence Girafe Média, croit que pour bien épauler les artistes, il est primordial de planifier des périodes de repos avant ou après un projet.

Elle explique : Mon rôle est de les épauler et de les encourager. Un peu comme une coach, je les tiens responsables lorsqu’on a des dates de tombée où il faut non seulement être prêt mais aussi jauger où ils en sont avec leur santé mentale et ne pas trop les pousser, parce qu’involontairement, cette pression peut aussi venir de moi.

Redéfinir le rôle de l’artiste

Depuis novembre, l'AAAPNB offre sans frais le programme de soutien psychologique La Bouée aux artistes des quatre provinces de l’Atlantique et à leurs familles. Carmen Gibbs espère que la pandémie aura été un catalyseur de changement pour l’avenir du milieu artistique.

J'espère que la pandémie nous aura donné l'occasion de réfléchir, comme société, à cette profession-là, de voir comment on va mieux la traiter et comment on va mieux la valoriser. Je crois qu'on aura peut-être moins de gens en détresse, dit-elle.

« Je pense qu'il y a une réflexion collective [qui se dit] : "Ouf, OK, il faut qu'on prenne un respire, tout n'est pas toujours urgent." »

— Une citation de  Mélissa Cormier

Même constat pour Mélissa Cormier, qui croit qu’il est nécessaire de s’attaquer au problème de front et d'ouvrir franchement le dialogue.

Si on ne discute pas ou si on ne parle pas de santé mentale parce qu'on a honte, ça empire, et je pense que c'est comme ça que ça va perdurer, mais je pense qu' on a aussi, comme collectivité, compris que notre mode de vie est trop effréné, croit Melissa Cormier.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...