Grande mosquée de Québec : 6e commémoration au cœur du drame

Depuis la tragédie, la communauté musulmane de Québec milite activement pour le vivre ensemble et pour le respect mutuel.
Photo : Radio-Canada / Marie-Pier Mercier
Pour la première fois, la commémoration de la tuerie de la grande mosquée de Québec aura lieu dans la salle de prière où 6 personnes ont été tuées et 19 autres blessées le 29 janvier 2017. Cette année, le jour anniversaire tombe un dimanche, comme le soir du drame.
Le public est invité au Centre culturel islamique de Québec (CCIQNous pourrons ensemble honorer la mémoire, se rappeler des événements, mais aussi penser et réfléchir ensemble à cette société inclusive pour laquelle nous nous battons et nous luttons tous
, souligne Maryam Bessiri, co-porte-parole du comité organisateur de la commémoration citoyenne du 29 janvier.
Ahmed Cheddadi était au Centre culturel quand six personnes ont été lâchement assassinées
. Je suis là parce que je sens vraiment une responsabilité envers mes frères qui sont tombés juste à côté de moi l'un après l'autre. C'est un événement qu'on ne doit pas oublier. Jamais.
Depuis la tragédie, la communauté musulmane de Québec milite activement pour le vivre ensemble et le respect mutuel. C'est une responsabilité qui s'étend à toute la société québécoise, on parle du gouvernement, des médias, de voisins, de collègues au travail et de monsieur et madame tout le monde
, avance Ahmed Cheddadi.
« Nous gardons toujours espoir pour une société québécoise tolérante et juste. »
La grande mosquée de Québec a d’ailleurs organisé une série de journées portes ouvertes dans la semaine précédant la commémoration. Le président du CCIQdémystifier ce qu’est une mosquée et de jaser avec les musulmans pour faire un autre pas vers le vivre ensemble
.
Portes ouvertes
Jeudi 18 h à 21 h
Samedi 13 h 30 à 21 h
Dimanche 11 h 30 à 15 h, suivi de la cérémonie à 17 h 30
Évolution fragile
Dans l’ensemble, le CCIQgrand pas
a été fait quand le 29 janvier est officiellement devenu la Journée nationale de commémoration de l’attentat à la mosquée de Québec et d’action contre l’islamophobie.
Le gouvernement fédéral vient également de nommer la toute première représentante spéciale pour lutter contre l’islamophobie au Canada.
Malgré les progrès, Ahmed Cheddadi note une dichotomie inquiétante entre les relations face à face généralement cordiales et les propos haineux proférés sur les réseaux sociaux. Là, on a un problème. C’est comme si on vivait dans deux mondes et on doit travailler sur ce type de problème.
Maryam Bessiri note quant à elle que chaque avancée est fragile. Les choses peuvent déraper très rapidement et [...] le discours d'extrême droite est toujours présent. Il suffit de peu pour qu'il reprenne le dessus
, analyse-t-elle, la commémoration de 2021 ayant été soulignée en plein convoi des camionneurs à Ottawa.
L’organisatrice de la commémoration rappelle que que le tueur de la grande mosquée a été radicalisé sur une longue période de temps en s'abreuvant de tout le discours ambiant d'extrême droite, au Canada, au Québec et à l'extérieur
.
Maryam Bessiri déplore aussi qu'à l'exception de la journée du 29 janvier, l'islamophobie ne se retrouve que très rarement dans les discussions publiques au Québec.
À consulter sur le sujet :
Loi 21
Le gouvernement provincial de François Legault reçoit moins d’éloges que le fédéral pour ses efforts en matière de vivre ensemble. La loi 21 sur la laïcité de l’État, qui interdit notamment le port de signe religieux pour les employés de l’État en position d’autorité, est un irritant majeur.
Ça fait beaucoup de mal à notre communauté, cette loi, lance Mohamed Labidi. C'est un grand négatif dans notre marche vers le vivre ensemble. C'est comme si quelqu'un construit et l'autre déconstruit.
Les commentaires erronés du ministre Jean Boulet pendant la campagne électorale, qui affirmaient que 80 % des immigrants du Québec ne travaillaient pas et ne parlaient pas français, ont également été très mal reçus par le comité organisateur de la commémoration du 29 janvier. Il y a des messages du gouvernement actuel, qui sont dans l'espace public, qui n'aident pas à construire le vivre ensemble
, dénonce le co-porte-parole Sébastien Bouchard.