Augmentation historique du coût des loyers à Gatineau, selon un rapport de la SCHL

Les logements coûtent plus cher, et demeurent peu nombreux sur le marché de Gatineau. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
La Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) a publié, jeudi, son rapport annuel sur le marché locatif. Cette analyse approfondie met notamment en lumière le problème d’abordabilité des loyers dans certains marchés, comme celui de la grande région de la capitale fédérale.
Depuis un an, le coût des logements à Gatineau a fait un bond fulgurant. Les locataires doivent débourser 1269 $ par mois pour vivre dans un appartement de deux chambres.
Il s’agit d’une augmentation de 9,1 % en l’espace d’un an. Une hausse considérable qui est même l’une des plus fortes au Québec en 2022, selon ce qui est rapporté par la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL
), dans son Rapport sur le marché locatif Janvier 2023, publié jeudi matin.« Le loyer moyen des appartements de deux chambres a augmenté de 9,1 %, du jamais vu depuis que les données sur les loyers sont disponibles, [soit depuis 32 ans]. »
Le bilan dressé par la société d'État était tout aussi sombre l'année dernière. Le prix moyen pour un logement de deux chambres à Gatineau avait augmenté de 6,4 % entre 2020 et 2021, ce qui était la plus forte croissance enregistrée depuis que la SCHL
enquête sur la question, soit depuis 1990.Le marché locatif national s’est resserré en 2022, car la demande a fortement augmenté dans beaucoup de régions
, peut-on lire dans le rapport annuel. C’est notamment le cas à Ottawa et Gatineau.
Le taux d’inoccupation des appartements locatifs au pays se situe à 1,9 %, c’est du jamais vu depuis 2001.
Or, à Gatineau, le marché est encore plus restreint, avec un taux d’inoccupation qui s’élève à 0,8 %. Le marché s’est même resserré depuis l'analyse précédente de la SCHL
, alors que le taux d’inoccupation des logements se situait à 1,1 %, en octobre 2021.L'offre en augmentation, mais la demande aussi
La SCHL
avance que l’offre de logements à Gatineau s’est considérablement élargie, mais la demande aussi a progressé fortement.L’organisme explique que l’importance du flux migratoire exerce une pression sur le marché locatif. Il y a non seulement les nouveaux arrivants qui se sont ajoutés au bassin de locataires, mais aussi les Ontariens, toujours plus nombreux, année après année, à s’établir en sol québécois.
Typiquement, une part importante de ces ménages ontariens (surtout d’Ottawa) s’établit dans la région de Gatineau. Il semble donc que tous les éléments du bilan migratoire aient été réunis en 2022 pour favoriser la croissance de la demande de logements locatifs
, peut-on lire dans le rapport annuel.
Ce sont les locataires qui déménagent qui sont les plus exposés à cette hausse du coût du loyer.
Les auteurs du rapport écrivent : En effet, la croissance des loyers est plus élevée (11 %) pour les unités où il y a eu rotation (changement de locataires au cours des 12 derniers mois) que pour celles ayant conservé leurs locataires
.
Dans la catégorie des logements de deux chambres, le loyer moyen des unités à louer était de 1502 $, tandis que celui des unités occupées se situait à 1268 $
.
Dans ces circonstances, les locataires ont tendance à demeurer plus longtemps dans leur logement. Le taux de rotation dans les logements de Gatineau est l’un des plus faibles du pays, à moins de 10 %.
À lire également :
À Ottawa, le loyer augmente de 4,8 %
Du côté d'Ottawa, le coût moyen du loyer pour un logement de deux chambres s’élève à 1520 $ par mois.
Cependant, s’il s’agit d’un appartement où il y a eu changement de locataire, le loyer moyen est clairement plus cher, et atteint 1831 $.
La rotation de locataires peut en effet inciter les propriétaires à augmenter les loyers lorsqu’un logement se libère
.
Au point où, dans un même immeuble, les loyers des appartements ayant accueilli un nouveau ménage sont environ 17 % plus élevés en moyenne que les loyers de ceux où il n’y a pas eu de rotation
.
Peu de choix pour les ménages à faible revenu
Ces hausses de loyers limitent les options pour les ménages à faible revenu. Le taux d’inoccupation est encore plus bas pour les logements qui se louent à moins de 1200 $ par mois. Il oscille entre 1,2 et 1,5 %, ce qui est sous la moyenne de l’ensemble des logements
, selon les précisions de la SCHL .
Autre phénomène relevé par la SCHL
, phénomène bien présent à Gatineau et Ottawa : ceux qui sont locataires le demeurent plus longtemps.En effet, sur le marché de la revente, l’offre d’habitation est historiquement faible et les prix ont augmenté fortement
. Si on ajoute à ces facteurs l’augmentation du taux hypothécaire, il est clair, selon la SCHL , que ces facteurs limitent l’accès à la propriété pour certains ménages qui envisageaient de quitter le marché locatif
.
Depuis 10 ans, le taux de location chez les 25 à 44 ans est passé de 34 à 43 % à Gatineau. Du côté d’Ottawa, la tendance est encore plus marquée. Au cours de la même période, le taux de location dans ce groupe d’âge a bondi de 39 % à 46 %.