Gatineau accueille un forum municipal sur l’activité minière

Plusieurs affiches comme celle-ci ont été déployées dans des municipalités de la MRC de Papineau ces derniers mois. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Rebecca Kwan
La Ville de Gatineau est l'hôte, jeudi, d’un forum municipal sur l'activité minière en milieu de villégiature.
Organisée par l'Union des municipalités du Québec (UQQ), la rencontre permettra surtout de discuter de cohabitation et d'acceptabilité sociale dans les municipalités qui sont visées par des droits d’exploration miniers.
Rappelons qu’un projet d’exploration minière dans la municipalité de Duhamel, en Outaouais, avait notamment suscité la controverse l’été dernier. Une vingtaine de municipalités de la MRCune campagne d’affichage pour s’opposer aux projets d’exploitation minière sur leur territoire.
de Papineau avaient d’ailleurs lancéIl y a une bonne mobilisation
, explique le préfet de la MRC de Papineau, Benoît Lauzon. On a le forum, à Gatineau, et aux alentours d’à peu près 200 élus d'un peu partout au Québec qui vont être réunis ici avec le gouvernement du Québec pour discuter de savoir comment on pourrait adapter la loi pour s'assurer une acceptabilité sociale du développement minier sur notre territoire.
À lire aussi :
Lors de ce forum, la conseillère municipale du district du Carrefour-de-l’Hôpital, à Gatineau, Olive Kamanyana, prendra part à une présentation sur les manières de favoriser une intégration harmonieuse des activités minières dans la MRC
de Papineau. Elle connaît bien le sujet puisqu’elle est titulaire d’un doctorat qui porte sur les activités des minières canadiennes.Dans la MRC de Papineau et dans l’Outaouais, on a beaucoup de lithium, il y a aussi le graphite qu’on a pas encore développé, mais les prospecteurs ont l'œil très ouvert et ils font de l’exploration
, a déclaré Mme Kamanyana en entrevue à l’émission Les matins d’ici, jeudi.
Les populations se sont mobilisées pour s’assurer que [l’exploration minière] soit faite avec acceptabilité sociale, parce que ce n'est pas la seule ressource qu’on a sur le terrain. On est une région qui a aussi de la villégiature, l’agriculture, on a des parcs, on a l’eau
, ajoute-t-elle.
Pour M. Lauzon, il est important de protéger ces espaces.
Je pense qu'on a des joyaux. Nos lacs, nos rivières, nos forêts, ce sont des milieux de villégiature, puis c'est des milieux touristiques extrêmement importants pour le Québec. On veut s'assurer de bien les protéger, puis d'être capables d'accueillir l'industrie minière au bon endroit, pour que ça soit harmonieux avec ce qui se fait déjà.
Une nouvelle coalition
Outre de nombreux politiciens attendus à l'événement, des organismes et des regroupements citoyens seront également présents.
Une nouvelle coalition, qui regroupe 75 associations de protection des lacs du Québec, participe aux discussions pour demander notamment un moratoire sur les attributions des droits d’exploitation miniers dans la province.
Le regroupement, qui se fait appeler la Coalition québécoise des lacs incompatibles avec l’activité minière ou Coalition QLAIM, s’inquiète particulièrement de l’engouement de l’industrie minière pour de nouveaux minéraux destinés à la fabrication de batterie.
On est dans un phénomène nouveau, ce n’est pas "business as usual", comme on dit. C’est une accélération
, a affirmé le porte-parole du groupe Louis St Hilaire, en entrevue à l’émission Tout un matin, mercredi.
Des changements espérés
La Coalition QLAIM réclame des changements à la Loi sur les mines.
C’est une loi qui date de 1860, c’est un comportement de far west. Je crois qu’on n’est plus dans cette période-là et il faut s’y attaquer
, affirme M. St-Hilaire.
« On espère les changements [...] pour que les MRC soient capables d'adopter, puis d'intégrer à l'intérieur de leur schéma d'aménagement, les territoires incompatibles avec l'activité minière sur leur territoire. »
Mme Kamanyana abonde dans le même sens et dénonce la primauté
de l’industrie minière au détriment de la volonté des municipalités et des villes.
N’importe quel entrepreneur peut entrer sur notre territoire, même mon terrain à moi, et faire un claim
, dit-elle.
Mme Kamanyana déplore la réglementation actuelle qui est difficile à comprendre pour les instances régionales.
Une question d'autonomie des municipalités
Pour sa part, la mairesse de Gatineau, France Bélisle, soutient que le dossier de l'activité minière est aussi une question d'autonomie municipale.
Nous, ce qu’on revendique, c’est qu’on soit capable de reconnaître qu’on a des schémas d’aménagement. On souhaite qu’ils soient respectés et que ces discussions-là, d’exploitation minière, se fassent en véritable collaboration et qu’on ne nous impose pas de nouveaux éléments sur notre territoire
, a-t-elle déclaré mercredi.
Les droits d’exploration miniers, aussi appelés claims miniers, permettent d'explorer le sol. Selon une carte mise à jour en décembre dernier par le ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec, il y a plus de 267 000 titres miniers actifs sur le territoire de la province.
Avec les informations de Stéphane Leclerc