Vincent Desharnais et la maladie mentale : aucun tabou
Vincent Desharnais a souffert de crises d'anxiété et d'une dépression.
Photo : usa today sports / Perry Nelson
La maladie mentale n’est pas un tabou pour Vincent Desharnais.
Depuis qu’il a été rappelé par les Oilers le 9 janvier, le défenseur de 26 ans a souvent répondu à des questions sur le parcours qu’il l’a mené à la Ligue nationale de hockey (LNH). Chaque fois qu’il en a l’occasion, il parle des problèmes de santé mentale auxquels il a fait face.
Premières crises d’anxiété
C’est vers la fin de son parcours universitaire que Vincent Desharnais a fait face à la maladie mentale pour la première fois.
Quand je me retrouvais dans des endroits publics, je commençais à me sentir anxieux. Juste comme ça, sans autre raison
, se rappelle-t-il.
Le défenseur, alors âgé de 22 ans, a rapidement compris qu’il s’agissait d’un problème de santé mentale, mais a hésité avant d’en parler.
Ça a été long en raison des stéréotypes envers les personnes qui souffrent, mais depuis que j’ai décidé d’en parler, je me sens tellement mieux et je suis plus en contrôle
, dit-il.
Il admet que c'est particulièrement difficile pour les joueurs de hockey, car ils sont souvent vus comme étant des personnes fortes qui n’ont peur de rien.
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La première étape vers la guérison a été de dire comment il se sentait. Il a rencontré un médecin qui a posé le diagnostic précis, confirmant qu’il s’agissait bien de crises d’anxiété.
Il a ensuite consulté un psychologue et un hypnothérapeute, qui l’ont aidé en répondant à ses questions et en lui donnant des outils pour faire face aux crises, notamment des techniques de respiration.
Les gens ne se rendent pas compte, mais il y a tellement de choses qu’on peut améliorer en apprenant à bien respirer
, explique-t-il.
Maintenant qu’il possède plusieurs outils, Vincent Desharnais dit que les crises surviennent moins souvent. Je suis capable de les voir venir et d’en réduire les effets immédiatement
, ajoute-t-il.
Les crises toujours présentes
Quand on est aux prises avec une maladie mentale, il y a de fortes chances que celle-ci soit présente durant le reste de sa vie.
La plus récente crise subie par le grand défenseur est survenue le jour de son rappel par les Oilers.
J’étais à l’aéroport, je me dirigeais vers Los Angeles. J’aurais dû être fou de joie, mais non, la première heure de la journée, j’étais tellement anxieux
, avoue Vincent Desharnais.
Pour vaincre la crise, il s'est parlé à lui-même, se disant que c’était normal d’être nerveux. Il a mis en pratique certaines techniques de respiration, ce qui l’a calmé.
Une fois dans l’avion, je me suis mis à écrire dans mon journal et c’est ce qui m’a le plus aidé
, dit-il.
Médicament contre la dépression
En plus des crises d’anxiété, Vincent Desharnais a aussi été victime de dépression.
À ma première année professionnelle, j’ai subi une commotion cérébrale. Je souffrais en même temps d’anxiété, et le tout s’est transformé en dépression et j’ai dû être médicamenté pendant un an
, avoue-t-il.
Selon lui, cette dépression représente un moment décisif de sa carrière, car, encore une fois, il a dû rechercher des outils pour s’aider.
Il ajoute que c’est à ce moment qu’il a vraiment compris que ce qui lui arrivait était normal. Il s’est donné le droit de vivre pleinement la situation, malgré les tabous qui existent, particulièrement dans le monde du hockey.
« Ce n’est pas parce qu’on est des sportifs qu’on n’a pas le droit d’être malade. Ce n’est pas non plus parce que tu es un homme ou une femme, un père de famille ou autre chose que tu n’as pas le droit de souffrir. Personne n’est à l’abri de ça. »
L’importance de continuer à en parler
L'une des missions que Vincent Desharnais s’est données est de parler de ce qu’il a vécu afin d’aider des personnes qui vivent peut-être la même chose à s’en sortir.
Comme athlète de haut niveau, il a une certaine plateforme que d’autres n’ont pas et il veut en profiter.
Je peux dire aux plus jeunes, aux autres joueurs de hockey, aux sportifs ou aux autres personnes en général que c’est correct, que c’est normal et qu'il ne faut pas avoir peur d’en parler
, témoigne-t-il.
Le porte-couleurs des Oilers croit qu'en continuant à en parler on arrivera à simplifier tout ce qui entoure les maladies mentales et qu'avec son discours, s'il réussit à aider ne serait-ce qu’une seule personne, cela aura servi à quelque chose d'en parler.