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La période des fêtes menacée dans les stations de ski du Québec

Jusqu'à 100 millions de dollars nécessaires pour lutter contre les changements climatiques, selon deux études

La remontée mécanique de la station de ski du Massif du Sud en hiver.

La remontée mécanique de la station de ski du Massif du Sud

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Alexandra Duval

Les stations de ski du Québec devront investir plus de 65 millions de dollars sans quoi elles risquent de voir les prochaines saisons écourtées de 7 à 10 jours. La lucrative période du temps des fêtes pourrait être en péril. C'est le constat de deux récentes études réalisées pour l'Association des stations de ski du Québec.

Les stations de ski doivent moderniser leurs systèmes d'enneigement pour lutter contre les changements climatiques. Au moment où le gouvernement doit décider s'il accorde une subvention au propriétaire du Mont-Sainte-Anne, d’autres stations craignent des iniquités.

Resorts of the Canadian Rockies (RCR) demande un investissement de 50 millions de dollars de la part du gouvernement du Québec. Une condition sine qua non pour investir le même montant afin de moderniser ses installations.

La compagnie albertaine fait l'objet de nombreuses critiques depuis la chute d'une télécabine le 10 décembre dernier. Un événement qui s'ajoute aux autres problèmes de la remontée au printemps 2020 alors qu'une vingtaine de skieurs ont été blessés.

Le ministre de l'Économie Pierre Fitzgibbon aura des choix à faire. Martelé de questions depuis ces incidents, il estime que le gouvernement a probablement un rôle à jouer pour permettre à tous les centres de ski, pas seulement un, de se moderniser, sinon c'est une activité qui pourrait être en péril. Mais lesquelles? Il évalue les besoins liés aux changements climatiques de 65 à 100 millions de dollars.

Les stations de ski, autres victimes des changements climatiques

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Des vieux canons au Mont Grand-Fonds

Le Mont Grand-Fonds dans Charlevoix, une région pourtant choyée par les chutes de neige, réclame 500 000 dollars pour améliorer son système d'enneigement. La modernisation est amorcée, mais n'est pas complétée.

L'an dernier, la montagne qui appartient à la municipalité de La Malbaie, a réussi à obtenir un demi-million de dollars de Tourisme Québec, mais ce n'est pas suffisant. Elle s'est aussi vu refuser une demande de 5 millions de dollars pour un projet de mise à niveau qui englobe d'autres installations comme le télésiège.

Le directeur général du Mont Grand-Fonds Sébastien Tremblay et le maire de La Malbaie Michel Couturier skient au Mont Grand-Fonds.

Le directeur général du Mont Grand-Fonds Sébastien Tremblay et le maire de La Malbaie Michel Couturier skient au Mont Grand-Fonds.

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Le maire Michel Couturier ne mâche pas ses mots. Amer, c'est ce que je pourrais dire. C'est que le Mont Grand-Fonds joue un rôle de développement économique aussi grand, à l'échelle. C'est aussi important que le Mont-Sainte-Anne.

Il souhaite que ce soit équitable. Moi, je voudrais bien qu'on nous considère de la même manière. Nous aussi on aurait bien besoin d'un coup de main, car ça devient lourd pour 8500 habitants.

Le Mont Grand-Fonds attire près de 60 000 skieurs chaque hiver.

Les 10 canons à neige datent des années 1980 et fonctionnent à des températures de -10 degrés Celsius et moins.

Huit vieux canons à neige au Mont Grand-Fonds.

Les canons à neige du Mont Grand-Fonds datent des années 1980.

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Lors du passage de Radio-Canada, la troisième semaine du mois de janvier, l'enneigement n'était toujours pas terminé. Et comme le mercure indiquait 0 degré, il était impossible de faire fonctionner les canons. Le parc à neige n'était pas prêt, alors qu'habituellement, il est ouvert à temps pour la période des fêtes. Le directeur général Sébastien Tremblay constate les changements. Dans les années 90, ils réussissaient à compléter le domaine skiable au début décembre. Cette année, la première de janvier, et le système d'enneigement fonctionnait encore.

Plus haut domaine skiable muni d'une remontée

Sur l’autre rive du fleuve, le Massif du Sud, dans la MRC de Bellechasse, dresse le même portrait. Pourtant, il s’agit du plus haut domaine skiable muni d'une remontée au Québec.

La station possède uniquement quatre vieux canons à neige. Le directeur général, Luc St-Jacques, explique que dû aux changements, aux fluctuations de température, on est facilement trois à quatre semaines en retard, on n'arrive pas à trouver les fenêtres de froid pour produire [de la neige].

Le directeur general du Massif du Sud, Luc St-Jacques, en ski dans une piste.

Le directeur général du Massif du Sud, Luc St-Jacques, dirige le centre de ski du plus haut domaine skiable muni d'une remontée au Québec.

Photo : Radio-Canada / Alexandra Duval

Ici, la demande d'aide pour moderniser le système n'est pas encore chiffrée parce que la montagne vient de changer de propriétaire. Elle sera bientôt acheminée au gouvernement. Le Massif du Sud attire de 2000 à 4000 skieurs chaque fin de semaine.

« Quand le gouvernement investit pour nous garder efficaces, il investit dans la communauté locale. »

— Une citation de  Luc St-Jacques, directeur général du Massif du Sud

Deux études récentes

L'Association des stations de ski du Québec (ASSQ) a fait faire une étude par l’organisation à but non lucratif américaine Vermont Energy Investment Corporation (VEIC) spécialisée dans la consommation d'énergie. Ses conclusions transmises le mois dernier sont claires: la vieille flotte de canons à neige, soit près de la moitié dans la province, doit être remplacée.

Le président Yves Juneau précise que ça nous permettrait d'affronter les changements climatiques et de faire de la neige à -2 degrés Celsius au lieu de -7 degrés Celsius et de faire une économie d'énergie minimum de 30 %.

« Si les canons à neige ne sont pas remplacés d'ici 2050, on va perdre de 7 à 10 jours d'exploitation, d'opération. On ne pourrait pas ouvrir pour Noël, les saisons vont démarrer plus tard. »

— Une citation de  Yves Juneau, président de l'ASSQ

Selon une autre étude économique et financière réalisée l’an dernier, les investissements nécessaires pour les 31 stations de ski privées au Québec se chiffrent à 65 millions de dollars. Ce montant n'inclut pas les besoins des 41 autres stations municipales ou qui sont gérées par des organismes à but non lucratif ou encore des coopératives.

L'industrie du ski génère des retombées économiques de 870 millions de dollars. La période des fêtes représente plus de 20 % de la saison en matière d’achalandage.

Faits saillants

  • Depuis 15 ans, Investissement Québec et le ministère de l’Économie, de l’Innovation et de l’Énergie ont investi 118,5 millions de dollars dans 12 stations de ski.
  • Depuis 10 ans, Tourisme Québec a accordé une aide financière d'un peu plus de 61 millions de dollars à 18 stations.
  • Ces chiffres totalisent 179,8 millions de dollars.
  • Ski Bromont /Groupe Le massif /Mont Tremblant et Owl’s Head ont reçu les trois quarts de ce montant, soit 136,9 millions de dollars.
  • Le Mont Sainte-Anne ne figure pas sur cette liste.

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