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Red Devils : leur présence ne doit « pas être prise à la légère », selon d’ex-policiers

Un bâtiment porte les couleurs des Red Devils. Une grande enseigne de métal aux couleurs du club de motards criminels est visible sur la façade.

Cet ancien commerce de Shediac a subi une transformation esthétique afin de porter les couleurs et le logo des Red Devils, un club de motards criminels. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran

La présence des Red Devils, un club de motards criminels, à Shediac ne devrait « pas être prise à la légère », selon d’anciens policiers qui ont œuvré à lutter contre ces organisations. Même si ces groupes tentent généralement d’être de bons voisins, la communauté a certainement un rôle à jouer dans la durée de leur présence.

Si ce groupe a décidé de s’implanter dans cet endroit précis, il doit y avoir une bonne raison, lance Jean-Michel Blais, ancien chef de la Police régionale d’Halifax, maintenant à la retraite.

Depuis quelques semaines, le club de motards Red Devils MC montre ses couleurs par une affiche installée sur un ancien commerce de la rue Main. Les Red Devils sont un club de soutien des Hells Angels.

Jean-Michel Blais

Jean-Michel Blais est directeur du service de police d’Halifax depuis octobre 2012.

Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach

Jean-Michel Blais reconnaît que la présence d’un club de motards criminels peut inquiéter la population et les élus municipaux.

D’avoir un club-école, plus particulièrement des Hells Angels, ça peut apporter mauvaise réputation à la ville, dit-il.

S’afficher publiquement

La transformation d’un ancien magasin à Shediac ne passe pas inaperçue. Une partie de la façade du bâtiment a été peinte en rouge et une grande enseigne a été installée, où on peut y lire Red Devils MC et y voir la silhouette de deux têtes de diables à la chevelure de feu.

Le fait de s’afficher publiquement de cette façon ne surprend pas l’ancien policier de la Sûreté du Québec, François Doré.

Un bâtiment porte les couleurs des Red Devils. Une grande enseigne de métal aux couleurs du club de motards criminels est visible sur la façade.

Cet ancien commerce de Shediac a subi une transformation esthétique afin de porter les couleurs et le logo des Red Devils, un club de motards criminels.

Photo : Radio-Canada / Capture d'écran

C’est de s’afficher, c’est de prendre une position et de dire nous sommes là, nous allons faire nos activités. Généralement, ce n’est pas un problème pour les voisins immédiats de ces groupes-là, de ces locaux-la, mais leurs activités, elles sont criminelles.

François Doré souligne que même si les Hells Angels se présentent comme un groupe d’hommes qui aime faire de la moto, il s’agit d’une organisation criminelle, ça, il ne faut pas l’oublier.

Ce n’est pas un groupe de sportifs qui se réunissent pour pratiquer une activité reconnue. Dans la mesure où on comprend qu'il a une des activités criminelles, on ne peut pas prendre ça à la légère.

Une citation de François Doré, ex-policier, Sûreté du Québec

L’ex-policier précise cependant que cet affichage public peut en quelque sorte faciliter le travail des policiers qui font des enquêtes.

Il est pas mal plus facile de surveiller un local que de suivre une personne pour savoir avec qui elle va faire affaire, lance-t-il.

Cimenter la présence des Hells Angels

Le professeur adjoint à l’École de criminologie de l’Université de Montréal, Valentin Pereda, explique que le rôle principal des Red Devils, c’est surtout de constituer un groupe de potentielles recrues pour les Hells Angels.

Un homme en entrevue zoom

Valentin Pereda, professeur adjoint à l’École de criminologie de l’Université de Montréal

Photo : Radio-Canada / valentin-pereda-criminologie-motards-shediac

M. Pereda ajoute que d’importantes opérations policières ont affaibli la structure des Hells Angels dans les dernières années, et que pour eux, l’heure est à démontrer que le club veut se consolider à nouveau comme le réseau de motards hors la loi principal.

L’arrivée des Red Devils à Shediac est donc une façon pour les Hells Angels de montrer aux autres groupes criminels que leur présence est bien ancrée au Nouveau-Brunswick.

C’est leur façon de dire, écoutez, ces territoires-là, entre guillemets, nous appartiennent, lance Valentin Pereda.

L’ex-policier François Doré abonde dans le même sens et note que l’idée, c’est d’étendre la portée de leurs activités criminelles.

Un homme assis en discussion avec une autre personne.

L'ex-policier de la Sûreté du Québec, François Doré

Photo : Radio-Canada

On veut s’installer, établir un repaire, un quartier général si on veut, et de là, prendre de l’expansion, faire du recrutement et toujours dans le même but, c'est pour justement faire en sorte que leurs activités criminelles prennent de l’ampleur.

La communauté a son rôle à jouer

Selon l’ancien chef de la Police régionale d’Halifax, il est très difficile de prédire si les Red Devils resteront longtemps dans la région. Cela dépend de plusieurs facteurs, dont l’ampleur des activités criminelles et non criminelles du groupe.

Ça va dépendre aussi de la tolérance des autorités municipales, provinciales et policières.

Il ajoute aussi que l’attitude de la population peut avoir un impact, par exemple par refuser de faire affaire avec les motards.

Il faudra cependant s’armer de patience.

D'après mon expérience, si les motards voient qu’ils ne sont pas les bienvenus dans une communauté, très souvent ils vont quitter la communauté, dit Jean-Michel Blais.

Veste aux couleurs des Hells Angels du Nouveau-Brunswick.

Veste aux couleurs des Hells Angels du Nouveau-Brunswick (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

La ville de Shediac dit pour l'instant s'en remettre à la GRC. Jean-Michel Blais rappelle que les policiers ne peuvent pas lutter contre ces organisations seuls et que l’appui communautaire est important pour contrecarrer la criminalité.

C'est un des plus gros problèmes qu'on a aujourd'hui. On a tendance à penser, pas juste la GRC, mais la police en général, on appelle la police pour régler tous les problèmes. C'est plus facile de donner un mandat à la police dans son ensemble que de faire face à la réalité, dit-il.

Revoir les arrêtés municipaux

Toute cette histoire à Shediac rappelle de mauvais souvenirs à l’ancien maire de Saint-Antoine, Ricky Gautreau. En 2018, il avait dû gérer l’arrivée de groupes de motards criminels dans sa municipalité

Quand j’ai su ça, j’ai fait une réunion d’urgence au village, raconte-t-il.

Ricky Gautreau participe aux festivités de la fête agricole.

Ricky Gautreau était maire de Saint-Antoine en 2018 lorsqu'un groupe de motards criminels voulait s'y installer.

Photo : Radio-Canada

Ancien policier, Ricky Gautreau était au fait de la situation. La municipalité décide donc d’adopter un règlement municipal qui empêche la fortification d’un bâtiment et la construction de barricades ou de fenêtres blindées, des installations que l’on retrouve souvent dans des repaires de motards criminels.

Le maire avait justifié ce règlement pour des raisons de sécurité, expliquant que les pompiers et les policiers devaient pouvoir entrer dans des bâtiments pour intervenir lors de situations d’urgence.

La municipalité de Saint-Antoine avait alors acheté le bâtiment avant que le groupe de motards criminels n’ait le temps de le faire.

Même si la situation est différente à Shediac, car les Red Devils sont déjà installés, Ricky Gautreau conseille à la ville de Shediac de rester vigilante.

C’est de revoir les arrêtés sur les bâtiments et de faire des changements le plus tôt possible, dit-il.

Avec des informations de Sarah Déry, d’Alix Villeneuve et de l’émission L’heure de pointe d’ICI Acadie

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