Une nouvelle tournée de Paul Piché

Paul Piché était de passage à Québec pour faire la promotion de son spectacle.
Photo : Radio-Canada / Valérie Cloutier
Le 4 février prochain, Paul Piché reprendra la route à travers le Québec pour offrir un spectacle autour d'un des albums phares de sa carrière. Certifié album platine suivant sa sortie, en 1988, Sur le chemin des incendies comprend des grandes chansons du répertoire québécois telles que J'appelle, Car je t'aime et Un château de sable. Rencontre avec l'artiste.
Paul Piché, Sur le chemin des incendies a été un album important dans votre carrière, et vous allez le revisiter 35 ans plus tard. Comment préparez-vous ça? De quelle façon voulez-vous l'offrir cette fois-ci?
Paul Piché : Ah! Mon Dieu! C'est vraiment agréable, juste l'idée de penser qu'on va faire toutes les chansons d'un album devant un public. Donc, t'sais, aussi de pouvoir raconter. Parce que c'est un spectacle un peu plus intime. On va pouvoir raconter toute la création. Comment c'est venu? Les anecdotes... Et en plus, j'ai des musiciens comiques un peu. Alors ça aide.
Vous laissez parler vos musiciens?
Bien oui! Parce que ça fait longtemps que je suis avec les mêmes musiciens. Il y a en a plusieurs qui étaient présents au moment de la création de ce disque-là. Et on raconte un peu toutes les difficultés, parce que c'était pas facile. C'était Sur le chemin des incendies. Ça aurait pu s'appeler Sur le chemin des ruines, aussi. Ça a été très très très très complexe à faire, très difficile à faire.
Pour quelle raison? Quelle chanson en particulier ou quel événement?
Mais c'est toutes les chansons, parce qu'on avait préparé tout. On avait travaillé pendant très longtemps en répétition, puis en studio et tout ça, et finalement on est arrivés au bout de ça, puis on s'est rendu compte que finalement, il n'y avait rien qu'on aimait là-dedans. Alors là, c'est un choix difficile parce que, là, financièrement, ce n'est pas évident.
On a tout scrappé. On a tout recommencé. Et c'était grave. Moi, j'ai hypothéqué ma maison. On se comprend, là, j'ai eu l'appui de la compagnie de disque avec qui j'étais coproducteur. Audiogram, ils m'ont vraiment soutenu, mais il reste quand même, que c'était vraiment un écueil incroyable. Et puis, on a tout refait complètement. Pis ça a donné ce que ça a donné.
Wow! Et, quand vous avez refait le tout, est-ce que c'était avec des nouveaux textes ou des nouvelles mélodies?
Non, c'était juste la réalisation. C'était la première fois que je réalisais mon disque. Donc, j'avais acquis l'expérience. Mais cette fois-ci, on se cherchait tellement. On s'était laissé aller à l'idée de vraiment créer. Alors on improvisait beaucoup de choses. Ça ressemble beaucoup à comment j'ai écrit les textes et les musiques, c'est-à-dire que j'ai laissé beaucoup la poésie me devancer.
Une fois les nouvelles versions abouties, est-ce que certaines chansons de cet album ont été particulièrement porte-bonheur pour vous?
Elles ont chacune une histoire. Une belle histoire, vraiment! Évidemment, il y en a qui sont plus connues que d'autres. Mais c'est sûr qu'une chanson comme Car je t'aime, c'est curieux, parce qu'au départ, ça s'est passé drôlement. Ça a commencé à Québec. On a enregistré à Québec, la chanson L'école des trois boutons. On a sorti ça avant de faire tout le disque. On a sorti ça pour les radios et ça a fait un gros succès à Québec et pour tout l'Est à partir de Québec. C'était numéro un partout. Ça jouait... mais ça ne jouait pas du tout à Montréal. Eux autres, ils n'ont rien voulu savoir. C'est comme ça!
Après, quand on a fait le disque, la première chanson qu'on voulait présenter c'était, Car je t'aime. On a présenté ça. Toutes les radios ont refusé. Y compris celles de Québec. C'était non! Parce qu'on était dans les années 80. La mode n'était tellement pas aux ballades. Et finalement, il y a eu un changement dans la mode. Tracy Chapman a fait Fast Car, et là, tout d'un coup, pouf! c'est comme si on avait le droit aux ballades. Alors là, ils ont repris Car je t'aime, et c'est devenu la chanson qui avait joué le plus à la radio, pas juste de mes chansons, de toutes les chansons à l'époque. [...] On a vraiment battu des records, à ce moment-là. Comme revirement, c'était incroyable!
Parlez-moi d'autres chansons. Comment ça s'est passé pour Un château de sable?
C'est sûr que le public a bien réagi à la sortie. Et les radios, même s'ils ont hésité au départ, je les comprends. Ils ont un auditoire, ils font attention, les courants et tout ça. Et donc on arrive avec quelque chose qui était très différent à ce moment-là, dans les années 80. Un château de sable, c'est une chanson qui parle de la langue, on se comprend, qui est assez nationaliste et tout. On a fait un vidéoclip [...] assez nationaliste, qui essaie de montrer cette ouverture-là du nationalisme de l'époque, tout en parlant de l'importance de sauver la langue.
Moi, les gens me disaient : Mais là, c'est tellement pas à la mode!
[...] On me conseillait, même des gens qui étaient aussi souverainistes que moi me disaient : C'est tellement à contre-courant, tu vas te planter avec ça, un vidéoclip aussi...
Mais ça, c'était en 1988-89. C'était à l'époque de l'entente du lac Meech, pas de l'échec de l'entente du lac Meech. Et là, tout a reviré après, justement. Tout a reviré de bord après, et c'est devenu une chanson importante pour toute une génération.
Ce qui est drôle, c'est que, c'est encore d'actualité aujourd'hui, cette chanson-là. C'est tellement d'actualité, la défense du français. Mais pas juste ça! C'est que dans cette chanson-là, je chante en espagnol. Pour moi, c'était une façon de souligner que c'était pas juste le français. C'était la différence que chaque langue apporte : la richesse des langues et la richesse de la diversité. Alors, aujourd'hui, ce sont tous des thèmes extrêmement importants.
Paul Piché sera de passage au Théâtre Outremont, à Montréal, le 17 février, et au Palais Montcalm, à Québec, le 12 mai prochain pour présenter son spectacle-anniversaire Sur le chemin des incendies. Toutes les dates de sa tournée apparaissent sur le site web officiel de l'artiste.