Dépassement de coûts : Évelyne Beaudin s’oppose à l’instauration d’un moratoire

La mairesse Évelyne Beaudin s'oppose à la proposition du conseiller Paul Gingues d’imposer un moratoire sur les nouveaux projets majeurs prévus à Sherbrooke. (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Daniel Mailloux
La mairesse Évelyne Beaudin s'oppose à une proposition du conseiller Paul Gingues d’imposer un moratoire sur les nouveaux projets prévus à Sherbrooke afin de réviser les processus d'évaluation et d'éviter les dépassements de coûts. « Moi, je ne suis pas d’accord de tout arrêter à Sherbrooke », souligne-t-elle.
Elle prend notamment comme exemple le stationnement Webster, fermé depuis septembre dernier.
Ce n’est pas à cause d’une idée de moratoire de quelqu’un qui s’est levé un matin qu’on va abandonner les commerçants avec leurs problèmes de stationnement dans le centre-ville
, avance-t-elle.
La mairesse se dit surprise de la sortie de Paul Gingues, qui a indiqué son intention de demander un moratoire dans un communiqué de presse envoyé dimanche.
J’ai été un peu surprise que M. Gingues soit surpris [...] puisque toute l’information [sur différents projets] était contenue dans les documents budgétaires. D’ailleurs, M. Gingues avait voté pour le budget. C’est sûr qu’on s’attend que les gens prennent connaissance de la documentation qui leur est fournie
, constate la mairesse.
Présence d’amiante déjà connue
Pendant la fin de semaine, Paul Gingues a entre autres fait allusion au projet de la cour municipale, qui doit déménager au 400, rue Marquette, ainsi qu'au projet des Grandes-Fourches. Leurs coûts sont respectivement passés de 2,5 M$ à 8 M$ et de 18,7 M$ à 26,6 M$.
La mairesse souligne que la présence d’amiante au 400, rue Marquette était connue depuis longtemps. On le savait depuis la première mouture du projet. Je ne sais pas pourquoi c’est présenté comme un élément nouveau. [...] C’est des coûts qui avaient déjà été intégrés. Ce n’est pas la raison des dépassements de coûts. La raison des dépassements de coûts, c’est vraiment l’augmentation des coûts de la construction
, soutient-elle.
Imaginez : dans le secteur Grandes-Fourches, on a découvert que c’était un ancien dépotoir, et on ne peut pas découvrir ce genre de choses là en faisant des analyses préliminaires. Neuf mètres de terrain contaminés ont été découverts dans le secteur Grandes-Fourches. On ne fait jamais des analyses de sols aussi profondes que ça
, ajoute-t-elle.
« Notre rôle comme élus, et le rôle que j’invite d’ailleurs M. Gingues à jouer, c’est d’utiliser les instances officielles que sont le conseil municipal, les différentes commissions pour challenger les dossiers lorsqu’ils nous sont présentés. C’est beaucoup plus efficace, quand on veut que les choses se passent pour vrai, de fonctionner comme ça que de faire, finalement, un peu des feux d’artifice dans les médias. »
On ne peut pas faire fi du fait qu’on est en contexte inflationniste
Selon la mairesse, l'inflation rend la planification de projets plus imprévisible que d'habitude.
Il y a des données que M. Gingues veut écarter, qui sont celles de l’inflation et de la pandémie. On ne peut pas faire fi du fait qu’on est en contexte inflationniste. C’est la vérité. [...] C’est beaucoup plus difficile de savoir combien va coûter un projet quand il va se réaliser dans deux ou trois ans, qui sont souvent les délais normaux dans les projets municipaux
, fait-elle remarquer.
La mairesse a également réagi à l’idée d’impliquer le vérificateur général dans le dossier, comme l'a proposé Paul Gingues. Chaque fois que le vérificateur se penche sur un dossier, ce sont toujours des éclairages qui sont intéressants. Mais contrairement peut-être à M. Gingues, je suis profondément convaincue qu'on a une expertise à jour à l’intérieur de nos instances. Nos employés sont formés pour faire les estimés les plus justes possibles.