Euloge Kalwoulé, seul aumônier francophone à la prison provinciale de Prince Albert

Depuis plus de 10 ans, Euloge Kalwoulé officie en tant qu’aumônier à la prison provinciale de Prince Albert.
Photo : Radio-Canada / Albert Couillard
Un Canadien d'origine burkinabé, Euloge Kalwoulé, s'investit depuis une dizaine d'années aux côtés des personnes incarcérées à la prison provinciale de Prince Albert. Seul aumônier francophone de l'établissement, il se dit parfaitement intégré à la Saskatchewan.
Depuis plus de 10 ans maintenant, M. Kalwoulé s'emploie à aider et suivre les pensionnaires la prison provinciale de Prince Albert. Lié au secret professionnel, l'aumônier porte en lui les confessions des détenus, auxquels il apporte un soutien spirituel et psychologique.
Euloge Kalwoulé aime raconter l’histoire d'un jeune noir devenu chef d’entreprise après un séjour à la prison à Prince Albert. Vous savez, on peut tous à un moment faire face à la justice. Ce passage peut en motiver d'autres et je peux vous assurer qu'il y a de beaux exemples en la matière
, explique-t-il.
L'aumônier estime que le Mois de l'histoire des Noirs est une occasion de connaître et de faire connaître la diversité culturelle noire.
Nous sommes tous noirs, mais nous n'avons pas les mêmes histoires, les mêmes cultures, et c'est une occasion de se connaître
, explique celui qui est considéré comme l'oreille attentive dans ce milieu carcéral.
Il est important de commémorer nos héros. Cela permet de comprendre que notre communauté existe et apporte sa contribution au développement du Canada, une nation à laquelle je suis fier d'appartenir.
« Ici chez moi »
Les débuts n'ont pas été du tout repos pour le natif du Burkina Faso. C'est en février 2001 qu'il débarque à Saskatoon depuis Montréal, pour ses études.
Le jour où je quittais Montréal, il faisait -4 °C et déjà je trouvais cela très froid et quand je suis arrivé à Saskatoon il faisait -36 °C. Vous pouvez imaginer le choc
, se souvient-il.
À ses débuts, il explique passer plus de temps à l'intérieur qu'à l'extérieur, mais s'être habitué après deux ans, même s'il reconnaît qu'on ne s'habitue pas pour toujours à l'hiver saskatchewanais
.
Après plus de 20 ans passés dans la province, Euloge Kalwoulé se rappelle avec sourire ses premiers moments. La première fois que je suis allé pour me coiffer la tête, j'ai un peu regretté, car ils ne sont pas familiers avec les cheveux crépus. C'était un désastre, j'ai dû me raser la tête et depuis, c'est ce que je fais.
C'est un de ses nombreux souvenirs qui le rapproche des détenus qu'il côtoie tous les jours.
Il arrive parfois qu'un pensionnaire noir veuille un peigne pour ses cheveux crépus et qu'on n’en trouve pas, ce n'est pas toujours disponible. Ça peut paraître bizarre, mais c'est pour dire qu'il y a des petits besoins au quotidien qui vous manquent parce que vous êtes noirs
, explique-t-il.
Après toutes ces années, Euloge Kalwoulé se sent bien à sa place. Il invite d'ailleurs d'autres à venir habiter dans sa province d'adoption.
Venez en Saskatchewan, il y a de l'espace pour tous! Je me sens bien ici chez moi, je suis chez moi. Ne vous sentez pas intimidés parce que c'est une province à majorité anglophone.