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Éducation aux adultes : une page se tourne dans la Matapédia

Une salle de classe vide.

Le RECEM doit revoir son fonctionnement puisque ses cours ne seront plus financés. (Photo d'archives)

Photo : Getty Images/iStock/DONGSEON KIM

Après 39 ans d’existence, le Regroupement des comités d'éducation de la Matapédia a perdu en janvier le financement du Centre de services scolaire (CSS) des Monts-et-Marées, qui était son principal bailleur de fonds.

En juin dernier, le CSS des Monts-et-Marées annonçait à plusieurs groupes qu’il mettait fin en 2023 aux ententes sur le financement de certains cours destinés aux adultes.

Pour le Regroupement des comités d'éducation de la Matapédia (RECEM), cette annonce, six mois plus tard, se vit toujours comme une véritable catastrophe.

On a perdu 99,5 % de notre financement, relève Rita Cummings, directrice au Regroupement des comités d'éducation de la Matapédia.

L’annonce mettait fin à tous les cours en alphabétisation et en intégration sociale offerts par le RECEM.

Depuis 1984, l’organisme s’entend avec le CSS (autrefois la commission scolaire) des Monts-et-Marées pour offrir des formations aux adultes. Des formations dites de vie active, explique Mme Cummings.

C’est précisément ce type de formation, qui s’adresse à une clientèle récurrente, que le ministère de l’Éducation ne finance plus, indique le CSS des Monts-et-Marées. La directive n’est pas nouvelle, mais le CSS des Monts-et-Marées avait malgré tout continué à assurer le financement de ces cours.

C’est terminé, indique Alexandre Marion, directeur général du Centre de services scolaire des Monts-et-Marées.

Il ajoute qu’au cours des dernières années, plusieurs formations associées aux loisirs ont continué à être offertes par le CSS et ses partenaires même si elles ne respectaient pas les directives du ministère. On aurait sans doute dû agir plus vite face à ça, admet M. Marion.

Avenir du RECEM

Si on a plus d'entente, c'est officiel qu’on doit fermer les portes, estime la directrice.

L’entente permettait entre autres au RECEM d’offrir des cours comme Gym Cerveau.

Les cours étaient offerts dans les 18 municipalités de la Matapédia, auprès des 50 ans et plus. Les enseignants se rendaient même dans les résidences pour personnes âgées.

La directrice du RECEM rappelle qu’à l’époque de sa création, l’organisation avait été mise en place avec la commission scolaire dans une volonté de décentraliser la formation pour adulte et de la rendre accessible à toutes les municipalités du territoire. Ce sont les formateurs, formatrices qui se déplaçaient même pour de petits groupes, explique Rita Cummings.

Après le 19 mai prochain, cette formation ne sera plus offerte par le RECEM, qui mettra à pied ses 22 enseignants. Avec près de 700 inscriptions, c’était, et de loin, le cours le plus populaire du RECEM.

Rita Cummings observe que ce type de cours étaient pour certaines personnes isolées la seule occasion de socialisation de la semaine.

Les formations, dit-elle, aidaient aussi certaines personnes plus âgées à conserver leur autonomie ainsi qu'à maintenir un peu de littératie afin d’être en mesure, par exemple, de remplir des formulaires. C'est aussi une question de santé mentale de la population, relève Mme Cummings. Je trouve que c'est dommage de priver la population de ce service pratiquement essentiel.

Le directeur général du CSS des Monts-et-Marées rappelle que plusieurs cours continueront d’être offerts par le centre d’éducation aux adultes qui éprouvent des difficultés spécifiques d’intégration.

Les cours comme ceux du Gym Cerveau pourraient demeurer. Mais, explique M. Marion, ça ne peut pas tomber sous l'égide du loisir. Donc lorsque je fais un cours en informatique parce que je développe certaines habiletés de base, mais je ne peux pas m'inscrire à la répétition dans ce cours, parce que ça devient un loisir, ça devient de l'éducation populaire, et ça, c'est autofinancé.

Des élèves dans un atelier de menuiserie.

Les cours aux adultes comme la menuiserie ne seront plus offerts ou s'ils le sont ce sera dans une perspective d'intégration sociale. (Photo d'archives).

Photo : Radio-Canada / Patrick Bergeron

Il indique que le CSS offre toujours des locaux gratuitement ainsi que du soutien pédagogique aux groupes d’éducation populaire. Il se dit par ailleurs assez optimiste sur l’avenir de plusieurs cours qui devraient, selon lui, trouver de nouveaux bailleurs de fonds à travers les municipalités, les CISSS, le ministère de la Famille.

Au cours des derniers mois, Rita Cummings explique avoir déposé plusieurs demandes de financement pour poursuivre la mission du RECEM. La tâche n’est pas simple.

L’organisme a été invité à s’adresser aussi au ministère de la Santé. Sans succès. Les fonctionnaires ou en tout cas les ministères se lancent la balle. À la Santé, on nous dit qu'on relève du ministère de l'Éducation et à l’Éducation, ils nous disent qu'on relève de la Santé, explique Mme Cummings.

Des démarches

Le député de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé est bien au fait du dossier, qui touche aussi des organisations de la Matanie. Il indique avoir été interpellé par de nombreux citoyens. Je suis totalement avec ces personnes. J'étais dans le communautaire avant d'entrer en politique et je connais le bien que ça procure aux gens.

Le député estime qu’il s’agit d’une situation complexe où il dispose de peu de moyens.

Il ne veut pas blâmer le CSS, qui ne bénéficie plus du financement du ministère de l’Éducation pour ce type de formation depuis quelques années. Disons-le, le centre administratif scolaire a continué plus longtemps que les autres. Ce sont des alliés , relève M. Bérubé.

Il avoue que la solution n’en demeure pas moins difficile à trouver, notamment pour la Matapédia, en raison de la collaboration historique du RECEM avec l’ancienne commission scolaire. Le député compte aussi défendre le dossier auprès de la direction du CISSS du Bas-Saint-Laurent, qui pourrait, selon lui, financer certains cours.

Les pourparlers entre le RECEM et les ministères de l’Éducation et de la Santé sont d’ailleurs toujours en cours.

C’est une question de survie pour l’organisation et ses employés. On continue de chercher du financement pour ne pas que les gens perdent leur emploi. Vingt-deux emplois, ce n’est pas facile à caser dans la vallée de la Matapédia, commente la directrice du RECEM.

Le conseil d’administration examinera la semaine prochaine la possibilité pour le RECEM de modifier ses règlements généraux afin d’élargir son mandat au volet communautaire, ce qui pourrait l'aider à se réorienter et à trouver du financement.

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