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Comprendre le rôle de l’océan dans l’évolution du climat

A whale fin sticks of ocean water with a snowy mountain in the background.

Les océans absorbent 90% de la chaleur et la moitié des gaz à effet de serre (GES) émis dans l'atmosphère. (Photo d'archives)

Photo : afp via getty images / OLIVIER MORIN

Des universités québécoises, dont l’Université du Québec à Rimouski (UQAR), et des Maritimes participent à un appel de financement pour un projet de recherche sur l’action climatique et le rôle des océans.

Intitulé Transformer l’action climatique, ce projet de recherche multidisciplinaire demande 155 millions de dollars sur 7 ans au gouvernement fédéral. La demande de financement a été déposée dans le cadre d'un concours proposé par le Fonds d’excellence en recherche Apogée Canada, lancé en 2021.

L’UQAR, l’Institut des sciences de la mer à Rimouski (ISMER), l’Université Laval, l’Université Dalhousie et l’Université Memorial se sont alliés pour élaborer ce projet qui permettrait de réduire l’incertitude autour de la séquestration du carbone dans les océans, d'atténuer les émissions de carbone et de promouvoir des politiques justes et équitables.

Le professeur en océanographie physique à l’UQAR et directeur du Réseau Québec maritime, Dany Dumont, rappelle que les océans, qui couvrent plus de 70 % de la surface de la planète, jouent un rôle clé dans le maintien du climat.

Les océans absorbent 90 % de la chaleur et la moitié des gaz à effet de serre (GES) émis dans l’atmosphère, indique-t-il.

« Si on n’avait pas d’océans, la température sur Terre serait déjà insoutenable. »

— Une citation de  Dany Dumont, professeur en océanographie à l’UQAR

Apogée, un projet de recherche international sur l'océan et l'action climatique

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Bien que le rôle des océans dans la régulation du climat soit bien documenté, son avenir est pour le moins incertain. On ne connaît pas [de] détails suffisants pour prédire ce qu’il va arriver dans 50 ans et si leur rôle sera toujours aussi significatif qu’aujourd’hui, précise Dany Dumont.

L’interaction entre l’océan et l’air soulève des questions qui seront abordées si le programme de recherche obtient du financement.

Quand on regarde l’équation climatique, le CO2 [dioxyde de carbone] qui a été émis dans l’atmosphère, le CO2 qui est absorbé, et le nombre exact que représente l’océan dans cette équation est moins connu finement, renchérit pour sa part Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique et titulaire de la Chaire UNESCO en analyse intégrée des systèmes marins.

On va comprendre le rôle tampon des océans dans le climat, résume-t-elle.

Deux femmes et un homme dans la trentaine regardent la caméra. Ils sourient. L'homme a les bras croisés.

Les chercheurs de l'UQAR Geneviève Therriault, Dany Dumont et Fanny Noisette.

Photo : Radio-Canada

Dany Dumont compare les océans à une pompe biologique, qui extrait le carbone de l’atmosphère et le séquestre dans les sédiments. Mais le fonctionnement de cette pompe est variable, complexe et changeant dans le contexte de la crise climatique, explique-t-il.

L’essentiel des recherches en mer tentera de réduire les incertitudes associées à cette pompe biologique, mais aussi pour atténuer dans l’immédiat les changements climatiques en accélérant la captation de carbone.

Les chercheurs travailleront sur des technologies innovantes pour stocker davantage de carbone, en utilisant par exemple la force des marées pour générer de l’énergie. Ils miseront également sur les capacités des écosystèmes naturels à stocker du carbone. On a des prairies marines, on a de grandes forêts d’algues qui font beaucoup de photosynthèse. Si on arrive à les préserver, à les restaurer, ça peut aider, est d'avis Mme Noisette.

Toutefois, la chercheuse rappelle que l’humain doit d’abord s’adapter.

« Mais il faut garder en tête que la solution principale, c’est la réduction de nos émissions. Il ne faut jamais perdre ça de vue. »

— Une citation de  Fanny Noisette, professeure en océanographie biologique à l'UQAR
Un nuage de fumée émane d'une longue cheminée d'usine.

Les chercheurs en sciences naturelles et en sciences humaines et sociales seront impliqués dans le projet de recherche. (Photo d'archives)

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Lier la science aux actions

Ces connaissances mèneront à des transformations sociales et politiques, espère Geneviève Therriault, professeure en psychopédagogie de la formation pratique au secondaire et titulaire de la Chaire en éducation à l’environnement et au développement durable UQAR–Desjardins.

On veut former les jeunes adéquatement [sur] ces questions environnementales, en particulier en lien avec l’interaction climat-océan, énonce-t-elle.

Elle remarque par ailleurs que les jeunes ont l’impression d’être exclus de la conversation, selon ses recherches et la littérature scientifique disponible. Ils se sentent peu écoutés, on leur accorde peu de crédibilité.

L’acquisition de connaissances est essentielle pour comprendre le problème et ultimement agir, mais ce n’est pas suffisant, fait valoir Dany Dumont. Ça prend du temps aux collectivités [pour] agir, mais c’est qu’il manque d’autres ingrédients liés aux dispositions de l’humain et des collectivités à agir.

Dans la littérature scientifique récente, le professeur en océanographie rapporte que des chercheurs ont mis en lumière des cadres conceptuels, un outil d’analyse qui est utilisé pour avoir une compréhension d’un phénomène, qui détaillent les méthodes les plus efficaces pour mobiliser les citoyens.

Selon la recherche, l’échelle, le nombre de personnes avec lequel les actions sont les plus significatives, est de 10 000 personnes, explique-t-il.

Selon lui, des engagements environnementaux dans une ville de la taille de Rimouski auront un plus grand impact à court terme. Si on implante des actions à cette échelle-là, c’est plus efficace parce que des individus vont adopter progressivement des comportements qui sont cohérents avec des décisions collectives.

« C’est plus facile de faire bouger une ville ou une MRC qu’un pays entier. »

— Une citation de  Dany Dumont, professeur en océanographie à l’UQAR

Ainsi, les actions proposées par le consortium d’universités, dans le cadre du projet de recherche, porteront attention à cette échelle.

Elle pourrait être plus porteuse d’espoir parce qu’on voit les impacts concrets plus facilement qu’en attendant que les nations entières se concertent entre elles, croit M. Dumont.

Les résultats de l’appel de programmes de recherche seront connus en mars prochain.

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