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Des milliers de manifestants réclament la démission de la présidente du Pérou à Lima

Des policiers dans la fumée se protègent avec leurs boucliers.

Un total de 45 personnes, dont un policier, ont perdu la vie dans les troubles au Pérou depuis le début de la crise le 7 décembre.

Photo : Reuters / SEBASTIAN CASTANEDA

Radio-Canada

Des milliers de manifestants, venus principalement des régions du sud autochtone du Pérou, ont commencé la grande marche pour l’opération « Prise de Lima » réclamant la démission de la présidente Dina Boluarte. Dans le centre-ville de Lima, de violents heurts ont éclaté entre protestataires et policiers jusqu’à tard dans la nuit.

Les affrontements ont fait deux nouveaux morts dans le sud du pays. À Arequipa, deuxième ville du Pérou, des heurts autour de l'aéroport se sont soldés par un mort – un homme d'une trentaine d'années – et dix blessés, selon le bureau du Médiateur du peuple.

Un peu plus tôt, le bureau avait fait part du décès d'un autre homme, blessé la veille dans des heurts à Macusani, près de Puno (sud) à la frontière bolivienne.

Un total de 45 personnes, dont un policier, ont perdu la vie dans les troubles au Pérou depuis le début de la crise le 7 décembre.

Une manifestante fait face à une rangée de policiers.

Une manifestante fait face à une rangée de policiers à Lima.

Photo : AP / Martin Mejia

Heurts à Lima

À Lima, après une nuit passée chez l’habitant ou dans des institutions comme l’Université San Marcos, investie par les étudiants pour en faire un dortoir, les manifestants se sont dirigés vers la place San Martin dans l’ordre et la discipline.

En matinée, c’était le calme avant la tempête. Près de 15 000 policiers ont été déployés dans les endroits stratégiques. Les différentes colonnes sont parties des quatre coins de la capitale, parfois disciplinées, parfois au pas de course.

Les protestataires exigent la démission de la présidente par intérim Dina Boluarte – qualifiée d’assassine et d’usurpatrice – et réclament la sortie de prison de l’ex-président autochtone Pedro Castillo.

Les revendications dépassent le cadre de la crise politique et dénoncent les inégalités sociales et économiques.

Une grande majorité des manifestants ont défilé dans le calme, mais des affrontements violents ont eu lieu dans le centre-ville.

Un groupe déterminé d’anciens combattants s’est élancé contre un cordon policier, le faisant reculer.

Un groupe déterminé d’anciens combattants s’est élancé contre un cordon policier, le faisant reculer.

Photo : Radio-Canada / Jean-Michel Leprince

Un groupe déterminé d’anciens combattants s’est élancé contre un cordon policier, le faisant reculer : les premiers heurts dont Radio-Canada a été témoin.

Durant deux heures dans le centre-ville, des manifestants ont lancé pierres, pavés et bouteilles sur les forces de l'ordre ou ont frappé leurs boucliers et leurs casques à coups de bâton.

Selon le ministre de l'Intérieur, Vicente Romero, 16 policiers ont été blessés, sans faire de distinction entre Lima et la province.

Dans plusieurs endroits, les forces de l'ordre ont dû reculer sous la pression avant de reprendre position, notamment dans le centre-ville, dans le secteur des avenues Abancay et Pierola, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Les forces de l'ordre faisaient largement usage de gaz lacrymogène. Un journaliste de l'AFP a vu au moins deux blessés, et les policiers ont procédé à plusieurs arrestations.

De la fumée et des flammes s'élèvent d'un bâtiment pendant une manifestation contre la présidente du Pérou, Dina Boluarte, après l'éviction et l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo.

De la fumée et des flammes s'élèvent d'un bâtiment pendant une manifestation contre la présidente du Pérou, Dina Boluarte, après l'éviction et l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo.

Photo : Reuters / PILAR OLIVARES

Un incendie majeur a détruit un immeuble patrimonial à un jet de pierre de la place de San Martin. Les flammes ont menacé les bâtiments historiques à proximité, sans faire de blessé. Aucun lien n’a été établi entre le brasier et les protestataires pour le moment.

Les affrontements entre protestataires et policiers se sont multipliés une fois le soleil couché et menacent de se poursuivre jusqu’aux petites heures de la nuit.

Des manifestants ont tenté de prendre les aéroports de Puno et de Cuzco, la capitale touristique du pays, qui ont été fermés temporairement.

Réponse de la présidente

Une femme qui lève sa main.

La présidente péruvienne Dina Boluarte (photo d'archives)

Photo : Getty Images / AFP / LUCAS AGUAYO

En soirée, la présidente, entourée de toute l'équipe gouvernementale, a une nouvelle fois appelé au calme à la télévision.

Au peuple péruvien, à ceux qui veulent travailler en paix […] et à ceux qui protestent : je ne me lasserai pas de les appeler au bon dialogue, de leur dire que le pays a besoin de solutions pour l'eau, la santé, l'éducation, l'agriculture, l'élevage, les ponts, les routes...

En revanche, elle a menacé ceux qui génèrent les actes de violence, promettant que les services de sécurité agiront avec fermeté.

Elle s'est interrogée sur qui finance les manifestations et a assuré que l'attaque simultanée des trois aéroports (Cuzco, Arequipa, Puno) ne pouvait être une simple coïncidence.

Ces derniers jours, les autorités ont accusé à plusieurs reprises les manifestants d'être manipulés et financés par le narcotrafic ou les exploitations minières illégales.

Le gouvernement a décrété dimanche l'état d'urgence pour 30 jours à Lima, Cuzco, Callao et justement Puno (où se trouve Macusani), ce qui permet à l'armée d'intervenir pour maintenir l'ordre et suspend les libertés de réunion et de circulation. 

Selon la parlementaire membre du parti Morado Susel Paredes, rencontrée par Radio-Canada, l’issue de cette marche dépend de ce que pensent mes collègues du Congrès. J’espère qu’ils réfléchissent et que pour retrouver la paix au Pérou ils disent : on s’en va. Elle estime qu’il faudra ensuite organiser des élections parlementaires et présidentielles.

Deux policiers arrêtent un manifestant.

Un manifestant arrêté par des policiers à Lima

Photo : AP / Martin Mejia

Pour une juste cause

Nous sommes ici afin de lutter pour une juste cause. Nous voulons la dissolution du Parlement. On nous marginalise, on dit que nous sommes des vandales, des terroristes. Nous sommes ici pour revendiquer nos droits, explique Ayda Aroni, arrivée de la région d'Ayacucho (sud), sur la place centrale du Dos de Mayo.

Vêtue de manière traditionnelle d'un chapeau noir, d'une chemise blanche, d'une jupe rouge, et portant un sac bariolé, elle brandit un drapeau péruvien dont les bandes rouges ont été remplacées par du noir, en signe de deuil pour les manifestants morts.

Je suis à Lima pour défendre la patrie parce qu'il y a trop de corruption. Dina ne nous représente pas. On va rester une semaine pour continuer les manifestations, a assuré en soirée Demetrio Jimenez, venu de Puno, près de la frontière bolivienne.

Mercredi soir, avant l'annonce du décès à Macusani, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP), l'auteur de l'appel à la grève, a lancé au cours d'une conférence de presse : La lutte du peuple péruvien ne se terminera pas demain, la lutte continuera si Dina Boluarte n'écoute pas le peuple et agit avec arrogance.

Un manifestant lance un objet en direction des policiers pour manifester contre la présidente, Dina Boluarte, à la suite de l'éviction et de l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo, à Lima, au Pérou, le 19 janvier 2023.

Un manifestant lance un objet en direction des policiers pour manifester contre la présidente, Dina Boluarte, à la suite de l'éviction et de l'arrestation de l'ancien président Pedro Castillo, à Lima, au Pérou, le 19 janvier 2023.

Photo : Reuters / ALESSANDRO CINQUE

Énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres

Les troubles au Pérou ont éclaté après la destitution et l'arrestation, le 7 décembre, du président de gauche Pedro Castillo, accusé d'avoir tenté de perpétrer un coup d'État en voulant dissoudre le Parlement qui s'apprêtait à le chasser du pouvoir.

La crise est aussi le reflet de l'énorme fossé entre la capitale et les provinces pauvres qui soutenaient le président Castillo et voyaient son élection comme une revanche sur le mépris de Lima.

Mme Boluarte, qui était la vice-présidente de M. Castillo, lui a succédé conformément à la Constitution. Elle est issue du même parti que lui, mais les manifestants voient en elle une traîtresse.

Avec les informations de Jean-Michel Leprince et de l'Agence France-Presse

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