Angoisse et inquiétude à Neguac, au lendemain de la révocation du permis de deux foyers
29 résidents devront bientôt déménager, un bouleversement dont ils se seraient bien passé.

Ulysse Comeau, 72 ans, a été surpris que des employés du ministère viennent lui annoncer qu’il devait partir le 17 février.
Photo : Radio-Canada / Michèle Brideau
La révocation du permis d’exploitation de la Villa Neguac et du Foyer Saint-Bernard sème l’inquiétude dans les couloirs de ces foyers de soins spéciaux de Neguac au Nouveau-Brunswick. Des dizaines de résidents devront bientôt déménager, un bouleversement dont bon nombre d’entre eux se seraient bien passé.
Ida Thibodeau affiche un beau sourire, mercredi à la Villa Neguac. Cette dame de 84 ans demeure dans ce foyer depuis trois ans. Elle y est bien.
Ah oui. C’est mon chez-nous. [...] Ils [les employées] sont bien trop gentils
, dit-elle.
Elle n’a aucune idée où elle va déménager, mais affirme que cela ne sert à rien de trop s’en faire. Je ne sais pas, c’est l’avenir qui va nous le dire.
Mais derrière son sourire se cachent de grandes inquiétudes. Un peu plus tard, lorsque sa fille Hermine Thibodeau vient lui rendre visite, elle craque et verse quelques larmes.
Elle veut pas partir, elle veut rester icitte. [...] C’est un choc pour ma mère et pour nous autres
, explique Hermine Thibodeau.
Elle a commencé à appeler d’autres foyers de la région pour trouver une chambre pour sa mère, sans succès jusqu’à maintenant.
Il n 'y a pas de places, tout est plein. Tout est plein partout.
Ulysse Comeau, âgé de 72 ans, est dans le même bateau. Il ne veut pas partir de ce foyer où il demeure depuis 2020 et où il se sent bien.
C’est assez dur, parce que je ne m’attendais pas à ça du tout, tu sais? On prend ça au jour le jour…
Ça m’a beaucoup choqué
Léo Savoie, âgé de 88 ans, a été ébranlé lorsqu’on lui a annoncé qu’il devait déménager d’ici au 17 février. Ému, il raconte comment il a vécu cela, mardi.
Ça m’a beaucoup choqué. Je ne peux pas te dire, tout le monde pleurait. Les madames, ça pleurait…c’est une grosse affaire pour nous autres.
Marie-Thérèse et Alexis Latulippe, deux autres résidents, sont angoissés. Ça n’a pas d’allure. Non, pas entoute. Je n’ai pas….non, je n’ai plus de commentaires
, dit M. Latulippe, visiblement découragé.
Sylvette Rousselle, une proche qui aide le couple Latulippe depuis longtemps est fâchée. Elle se pose de sérieuses questions.
Il y avait des problèmes. Mais, pourquoi les problèmes n'ont jamais été réglés avant d'être rendus là aujourd'hui. Il y a quelqu'un, pour moi personnellement, qui n'a pas fait sa job comme du monde
, dit-elle.
Des proches des résidents en ont long à dire, aussi, sur la façon dont la fermeture du foyer a été annoncée, qu'ils trouvent cavalière. C’est le cas de Michel Breau, dont le père de 90 ans réside à la Villa Neguac.
C'était sec. Ils ont été direct aux résidents dans leurs chambres. Ils n'ont même pas avisé le staff non plus, c'était direct aux résidents. Puis, c'est ça...je suis obligé de le dire, mais c'était comme dirty
, dit-il.
Quant aux employées de l’établissement, comme la préposée Cindy Richardson, elles ont beaucoup d’empathie pour les résidents.
C’est triste pour nous autres, mais nous autres on a toujours moyen de nous trouver un autre emploi. C’est les résidents, ils faut qu’ils se trouvent une place à rester
, dit-elle.
Des circonstances nébuleuses et de nombreuses questions
Le gouvernement provincial a dévoilé très peu d'informations jusqu'à maintenant. On explique qu’il y a eu une enquête, que des normes n’ont pas été respectées et que tous les résidents doivent déménager.
Radio-Canada Acadie a tenté d’obtenir plus de détails, mercredi, sans succès. Le ministère du Développement social répond qu’en dire plus compromettrait les obligations de confidentialité.
Le directeur général de l’Association francophone des aînés du Nouveau-Brunswick, Jules Chiasson, est perplexe.
Qu’est-ce qu’il s’est passé? Il faudrait que les familles soient bien informées de c’était quoi les manquements et ils faudrait qu’ils soient bien appuyés si les résidents voudraient être placés dans d’autres résidences
, dit-il.
L’opposition pense aussi qu'il y aurait moyen d’en dire plus tout en respectant les critères de confidentialité.
Le chef du Parti vert, David Coon, affirme qu’il faut de l’information transparente pour les familles, pour les résidents, pour tous les gens du Nouveau-Brunswick
afin qu’ils puissent comprendre la décision de révoquer les permis.
Le député libéral Robert Gauvin est du même avis. On aime plus de transparence, sans mettre personne dans l’embarras. [...] J’espère que les familles et les proches ont été avisés des raisons pourquoi ça s’est produit.
Avec des informations de Michèle Brideau, de René Landry et d’Alix Villeneuve