L’Accueil Kateri de Sainte-Anne, bien plus qu’une banque alimentaire
Les besoins des familles ne sont pas uniquement alimentaires.
De plus en plus de familles bénéficient des services de l'Accueil Kateri.
Photo : Radio-Canada / Mathilde Gautier
Plusieurs organisations du village de Sainte-Anne au Manitoba convergent vers l'Accueil Kateri pour offrir de nouveaux services à certains résidents qui ont malheureusement vu leurs besoins de base augmenter ces dernières années.
Depuis [le début] la COVID-19, cela a été des temps très difficiles pour nos familles dans nos écoles que cela soit avec la perte d'emploi, la santé mentale
, déplore une des assistantes sociales de la Division scolaire Rivière-Seine, Joanne Vielfaure-Romaniuk. Dans son travail, elle voit à quel point les besoins sont importants dans la région.
Ce n’est pas uniquement une question de donner de la nourriture. Il faut aussi donner du soutien à nos familles dans le besoin et identifier ce qu'on pourrait faire de différent pour soutenir ces familles
, poursuit-elle.
Joanne Vielfaure-Romaniuk est bénévole à l’Accueil Kateri. Elle confie que l’Accueil Kateri s’est beaucoup développé ces trois dernières années, notamment grâce aux compétences variées des bénévoles.
Moi, je suis plus en lien avec les écoles, les familles, les jeunes. D'autres sont plus dans la coordination, comment maximiser notre argent, par exemple
, explique Joanne Vielfaure-Romaniuk.
La collaboration entre les écoles et la banque alimentaire est vraiment très importante. Ça nous donne la chance de vraiment soutenir nos familles
, confie-t-elle.
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Le président de l’Accueil Kateri, Aurèle Boisvert, note en effet une augmentation de la distribution de paniers : 104 ménages soit environ 300 personnes sont concernés et bénéficient régulièrement de l'apport de la banque alimentaire.
Le coût de la nourriture, les taux d'intérêt qui augmentent régulièrement, ça fait mal pour nos familles qui étaient juste à l’équilibre. La banque alimentaire, dans les dernières années, a notamment soutenu les dîners des jeunes
, rapporte Joanne Vielfaure-Romaniuk.
Ce sont aussi 152 paniers de Noël qui ont été distribués cette année, une hausse significative pour l’Accueil Kateri qui redouble de créativité pour répondre aux besoins des familles.
« Les familles ont des défis et peu importe le problème ou les raisons pour lesquelles elles se retrouvent en difficulté, on est là ici pour eux sans jugement. »
On vit dans une petite communauté et, des fois,les ressources ne sont pas toujours aussi accessibles que dans nos gros centres urbains. C’est d’ailleurs comme cela qu’on identifie les besoins et puis, si on n’a pas la réponse, on va être créatifs
, explique Joanne Vielfaure-Romaniuk.
La bibliothèque de Sainte-Anne en soutien à la banque alimentaire
À la bibliothèque de Sainte-Anne, des bénévoles de l’Accueil Kateri trient, empilent des livres, les entassent dans des boîtes en carton. Ces livres dont la bibliothèque ne veut plus seront vendus au profit de la banque alimentaire.
L’argent permettra d’acheter des denrées alimentaires, mais aussi de nouveaux livres pour les enfants qui seront offerts à Noël. Le surplus de livres invendus sera donné à l’hôpital de Steinbach.
La vente des livres de la bibliothèque est complétée à l'automne par celle de citrouilles provenant de la ferme d'Annette Shewe et de son mari.
Ce sont 1200 dollars qui ont ainsi été récoltés en 2022 pour acheter des livres pour les enfants pour Noël.
« Quel jeune ne veut pas recevoir un beau livre à Noël? Chaque enfant de 0 à 12 ans a reçu un livre avec une petite barre granola et une petite canne de Noël. »
Annette Schewe achète ensuite les livres sur le site de First Book Canada où elle obtient des réductions intéressantes en tant qu'œuvre de charité.
Des habits d’hiver pour les enfants
Rachel Mulaire-Boisvert reçoit également des vêtements d’hiver usagés à l’église. Elle les nettoie, les répare et les donne à Joanne Vielfaure-Romaniuk qui les redistribue ensuite dans les écoles.
Pour Noël, des membres de la communauté, notamment des aînés de la villa Youville, tricotent pour les enfants des couvertures, des pantoufles et des vêtements d’hiver. Ce sont 150 paires de tuques et 45 paires de mitaines qui ont été distribuées cette année.
« On vit tous au Manitoba donc on sait tous qu’avoir des tuques et des mitaines, ce n’est pas un luxe. C’est une nécessité. »
Les besoins au rural, entre accessibilité et santé mentale
Pour Joanne Vielfaure-Romaniuk, les familles sont confrontées à plusieurs enjeux dont, principalement, l'inflation, la santé mentale et l'accessibilité. La pandémie de la COVID-19 a aussi fait beaucoup de tort aux familles. Elle constate enfin une augmentation des menaces et des agressions entre les jeunes et les adultes.
Le transport est l’un des plus gros défis. Je ne peux pas juste prendre l’autobus et me rendre au marché. Et les prix pour l’alimentation au village sont les prix d’un dépanneur. Les coûts associés à la nourriture et au transport peuvent être des défis
, explique Joanne Vielfaure-Romaniuk qui appelle d'ailleurs à faire des dons à la banque alimentaire.
Si on pouvait au moins offrir un service de transport pour les familles pour aller chez le médecin ou même à Steinbach dans les plus grandes épiceries où les prix sont peut-être plus abordables que chez le dépanneur
, poursuit-elle.
« Au niveau de la santé mentale, c'est quelque chose que nous devons promouvoir avec nos gouvernements. On existe ici et on a besoin d'aide. Oui, on fait du beau travail ici à la banque alimentaire et on est créatifs, mais, à un moment donné, il y a des choses qu’on ne peut vraiment pas faire par nous-mêmes. »
Les soins en santé mentale sont très difficiles d’accès au rural. Je dirais que c’est même quasiment impossible à recevoir malheureusement. Je ne blâme pas le système, c'est juste une réalité que nous vivons chaque jour et malheureusement les besoins en santé mentale ont explosé ces dernières années
, confie avec émotion Joanne Vielfaure-Romaniuk.