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Un comité parlementaire scrutera les contrats fédéraux octroyés à McKinsey

Un panneau de l'entreprise McKinsey.

Le cabinet-conseil McKinsey a obtenu des dizaines de millions de dollars en contrats du gouvernement canadien dans les dernières années.

Photo : AFP / Fabrice Coffrini

Radio-Canada

C'est maintenant officiel : plusieurs ministres clés du gouvernement de Justin Trudeau, de même que des représentants de McKinsey, devront venir s'expliquer devant les membres du Comité parlementaire des opérations gouvernementales et prévisions budgétaires au sujet de l'octroi, par Ottawa, de contrats totalisant des dizaines de millions de dollars à la firme américaine de consultants.

La motion, déposée mercredi par Stephanie Kusie, députée conservatrice de Calgary-Midnapore, en Alberta, a été adoptée en moins de deux heures par les 11 membres du Comité, parmi lesquels les libéraux sont minoritaires.

Elle demande notamment que sept ministres clés du gouvernement Trudeau viennent témoigner pendant au moins deux heures sur l'octroi de contrats par leurs ministères respectifs à la firme :

  • la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland;
  • le ministre de l'Immigration, des Réfugiés et de la Citoyenneté, Sean Fraser;
  • la ministre de la Défense nationale, Anita Anand;
  • la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier;
  • la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Helena Jaczek;
  • le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos;
  • le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino.

À la demande du Bloc québécois, le comité parlementaire convoquera également un important dirigeant de McKinsey, dont l'identité reste encore à déterminer, de même que l'ancien patron de la firme Dominic Barton, nommé ambassadeur du Canada en Chine à l'initiative de Justin Trudeau.

Chaque parti devra également envoyer une liste de témoins qu'il souhaite entendre, au-delà de ceux déjà nommés dans la motion. Les premiers témoins devraient défiler devant le Comité dès le 31 janvier.

Le Bloc a également demandé à ce que McKinsey, qui emploie 30 000 consultants dans 130 bureaux répartis dans 65 pays (Nouvelle fenêtre), fournisse une liste de ses clients à travers le monde. La firme américaine, qui conseille tant des entreprises privées que des sociétés publiques, dont les intérêts peuvent être divergents, n'a pas pour habitude de divulguer avec qui elle fait affaire.

Elle devra cependant, comme tout ministère, agence ou société d'État qui a fait affaire avec elle, fournir les copies des appels d'offres, les contrats conclus, les échanges et communications qui y ont mené et les factures, entre autres, au comité fédéral chargé de l'enquête, et ce, d'ici cinq semaines. Le gouvernement devra quant à lui fournir ces documents en anglais comme en français.

L'étude du Comité débutera le lundi 30 janvier, à la reprise des travaux parlementaires.

Si les libéraux qui siègent au Comité ne se sont pas opposés à la motion conservatrice, le secrétaire parlementaire de la ministre des Services publics et de l'Approvisionnement, Anthony Housefather, a tout de même présenté un amendement – qui a été adopté – pour que l'étude couvre le dernier mandat des conservateurs en remontant à 2011, plutôt que de commencer à l'arrivée au pouvoir des libéraux, en novembre 2015.

Influence étendue

Une enquête de Radio-Canada avait d'abord révélé que les libéraux avaient dépensé plus de 66 millions de dollars auprès de McKinsey depuis 2015, soit 30 fois plus que les conservateurs lors de leurs neuf années au pouvoir.

Or, de nouveaux contrats signés au cours des derniers mois portent désormais ce total à plus de 100 millions de dollars octroyés au cabinet-conseil américain depuis l'arrivée des libéraux de Justin Trudeau à la tête du pays.

Au-delà des coûts occasionnés par le recours à une firme de consultants privée, les partis d'opposition s'inquiètent d'un processus d'octroi de contrats qui laisse peu de place à la transparence, d'une sous-traitance qui finit par remplacer l'expertise que devrait cultiver la fonction publique et de l'influence d'une entreprise étrangère jusque dans les orientations politiques du gouvernement.

Lors des débats sur la motion mercredi, la députée du Bloc québécois dans Beauport-Limoilou, Julie Vignola, est allée plus loin. La problématique est surtout de savoir : est-ce qu’on a vraiment besoin de consultants? Est-ce qu’on n’a pas l’expertise à l’interne? Si on ne l’a pas, pourquoi? Et si on l’a, pourquoi on ne l’utilise pas?

Il n’y a rien de plus démotivant pour un employé que d’avoir l’impression que son travail n’est pas reconnu, a-t-elle ajouté.

Trudeau promet de collaborer

Questionné mercredi par des journalistes, peu de temps avant le début des travaux parlementaires sur ce dossier, le premier ministre du Canada a affirmé qu'il accueille de façon très positive le travail que le comité du gouvernement va entamer aujourd'hui pour s'assurer qu'effectivement les Canadiens ont eu [un retour sur] leurs investissements.

La plupart de ces contrats ont été sélectionnés par compétition ouverte, a mentionné Justin Trudeau en mêlée de presse, dans la foulée de son passage à Shawinigan.

Il a rappelé qu'il avait demandé à deux de ses ministres – soit à celle des Services publics et de l'Approvisionnement, Helena Jaczek, ainsi qu'à la présidente du Conseil du Trésor, Mona Fortier – d'évaluer les circonstances entourant l'octroi de contrats.

« On a des règles très strictes par rapport à des contrats qui seraient octroyés à différentes firmes pour améliorer les services et moderniser ce que la fonction publique peut offrir aux Canadiens. On va s'assurer que ces règles ont été suivies. »

— Une citation de  Justin Trudeau, premier ministre du Canada

La ministre de la Défense nationale, Anita Anand, ne fait pas partie des ministres mandatés de se pencher sur les contrats accordés à ce cabinet-conseil. Le ministère dont elle est responsable a toutefois souvent eu recours aux services de la multinationale établie à New York.

Interpellée en point de presse virtuel pour savoir si elle était prête à se pencher sur ce dossier afin de s'assurer que tout a été fait dans les règles de l'art, Mme Anand a offert une réponse évasive.

C'est important pour moi comme ministre, comme membre du Cabinet, de m'assurer que toutes les choses sont opérées avec intégrité. Ça a été le cas quand j'ai été ministre de l'Approvisionnement et c'est le cas aussi comme ministre de la Défense nationale, a-t-elle dit.

Avec les informations de La Presse canadienne

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