Fermeture du Provigo : une navette pour assurer la sécurité alimentaire à Saint-Raymond
La navette organisée par le Comité Vas-Y offre à Yvonne Cantin une autonomie.
Photo : Radio-Canada / Marika Wheeler
La fermeture temporaire d’une épicerie au cœur de Saint-Raymond incite la communauté à organiser un service de transport pour les résidents sans voiture qui ne pourront plus faire leurs emplettes à pied.
Des bénévoles offriront désormais du transport en navette gratuit aux résidents. Financé par la Ville de Saint-Raymond, ce projet est une initiative du Comité Vas-Y, rendue nécessaire par la fermeture du Provigo situé au centre-ville, qui fait l’objet de rénovations en vue d’un changement de marque commerciale au printemps.
Usagers satisfaits
Quand le temps est clément, Yvonne Cantin, qui vit à la résidence L’Estacade, utilise une marchette pour faire ses courses au centre-ville. Cependant, sans un supermarché à proximité, cette dame de 88 ans n’aurait d’autre choix que de faire appel à ses enfants, qui vivent à Donnacona et dans la région de Montréal, pour lui apporter son épicerie.
Avec l’autobus, je vais être correcte
, dit-elle, bien assise dans la camionnette blanche qui la transporte à l'épicerie la plus proche.
« J’ai toujours quelqu'un qui peut me dépanner, mais il ne faut pas abuser : [ce sont] des pensionnaires comme moi. »
Une autre passagère de la navette explique que c'est la deuxième fois qu'elle utilise ce service en autant de semaines.
On a la Boucherie des chefs à Saint-Raymond, où on aurait pu aller pour la viande. Les dépanneurs, eh bien, comme ils disent, dépanner, ça peut dépanner, mais quand tu as une grosse épicerie à faire, c'est sûr qu'il faut que tu viennes ici
, explique-t-elle non loin de l’allée des aliments congelés du Metro.
Obstacle géographique
Si les deux supermarchés sont situés à seulement 800 mètres l’un de l’autre, l'obstacle le plus important est d'ordre géographique, explique François Drolet, coordonnateur du Comité Vas-Y.
Ils doivent monter la côte Joyeuse pour se rendre à l'épicerie. C’est quelque chose qui est physiquement très demandant.
Quand il a su que le Provigo fermait temporairement, il s’est inquiété pour la sécurité alimentaire de certains citoyens et a approché le maire pour créer un service d'aide aux résidents qui faisaient leurs courses à pied au centre-ville.
Le maire Claude Duplain considère que ce service est fondamental
.
« Comme maire, je n'ai pas hésité du tout. Ça nous coûte environ 1000 piastres par semaine pour aider les gens à venir faire leur marché, qui sont dans le besoin, qui sont à pied, qui n'ont pas d'auto. »
La Ville a prévu un budget de 8000 $ pour faire la publicité du service et pour l’offrir, au besoin, pendant la durée de la fermeture du marché au centre-ville.
Peu d’options
Si l'épicerie peut préparer des paniers d'épicerie et les faire ramasser sur place, elle n'offre pas de service de livraison.
Selon François Drolet, l'unique taxi de Saint-Raymond ne pouvait pas assurer le transport des clients pendant la fermeture de l’épicerie.
Le transport par navette est assuré par deux bénévoles. Le premier, qui a un permis de classe 4B, conduit la navette d’une dizaine de places, tandis que le deuxième raccompagne les usagers, dont certains à mobilité réduite.
Coup de pouce d’un entrepreneur
La camionnette utilisée comme navette par le comité a un seuil de plus de 50 centimètres qui est infranchissable pour certains usagers.
Ce problème a été résolu à la manière du grand Portneuf
, estime François Drolet.
On a eu la chance d’avoir un entrepreneur du coin qui a entendu parler de nos besoins et qui a mis une équipe là-dessus pour réaliser la marche.
L’entreprise Machitech a offert un escalier à deux marches en métal fabriqué sur mesure pour aider les usagers.
Solidarité
Selon le maire, la collaboration qui a permis de trouver une solution à la fermeture temporaire de l’épicerie et à la création rapide du service est un témoignage de la solidarité de sa communauté.
Il dit l’avoir vue lors de la veille d’inondations ainsi que pendant la panne d’électricité qui a plongé des résidents dans le noir pendant des jours à la fin de décembre.
Tu vois la solidarité qui se met en place et c'est fantastique, mais en même temps, on n’est pas meilleurs que les autres. On est comme ça au Québec, [surtout] dans les petites municipalités.