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Des hôpitaux de l’Outaouais remplis à plus de 200 % de leur capacité maximale

Un édifice vu de l'extérieur, avec indiqué "Urgence".

L’Hôpital de Gatineau est rempli à 129 % de sa capacité, avec 38 civières occupées sur 28. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Eloic Hamel

Radio-Canada

Les hôpitaux en Outaouais sont bondés. Les chiffres du ministère de la Santé et des Services sociaux du Québec révélaient, en fin d'après-midi mardi, que l'Hôpital de Maniwaki est le plus engorgé de la région avec un taux d’occupation de 200 %. Un total de 12 civières sont occupées alors que la capacité est de 6.

Pour sa part, l’Hôpital de Hull est rempli à 192% de sa capacité, après avoir été engorgé à 212 % en avant-midi. En fin de journée, 48 civières sont occupées, pour une capacité de 25.

L’Hôpital de Gatineau est quant à lui rempli à 150 %, avec 42 civières occupées pour une capacité de 28. La situation est également pénible à l’Hôpital de Papineau, aussi en situation de débordement, avec un taux d'occupation de 150 %, avec 18 civières occupées alors que les lieux sont conçus pour en accueillir 12.

L'Hôpital de Wakefield accueille aussi un grand nombre de patients. Toutes les civières de son urgence sont occupées par des patients.

Cet achalandage monstre est, en partie, dû à la pénurie de main-d’œuvre dépeinte par celui qui est représentant en relations de travail à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ) et au Syndicat des professionnelles en soins de l'Outaouais (SPSO), Louis Carpentier.

Un homme qui sourit.

Louis Carpentier occupe le poste de représentant en relations de travail à la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec et au Syndicat des professionnelles en soins de l'Outaouais. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Gaëlle Kanyeba

C’est un peu un cercle vicieux, explique-t-il. Tant qu’on n’a pas assez de personnel pour pouvoir couvrir tous nos lits et dispenser les soins comme on est supposés, les patients restent à l’urgence trop longtemps.

Les urgences sont en situation précaire, s’inquiète ce dernier. Les patients vont stagner à l’urgence, parce qu’il manque de mains pour s’en occuper.

Ça fait 22 ans que je fais du syndicat, c'est la première fois que je vois autant de démissions, s’étonne le représentant en relations de travail.

Conditions de travail

Certains quittent pour le gouvernement, note-t-il, d’autres traversent la rivière des Outaouais pour travailler en Ontario. Il y en a beaucoup qui vont pour les agences, parce qu’ils se disent, j’ai de meilleures conditions, je peux mettre ma disponibilité quand je veux, travailler des quarts de travail que je veux et en plus j’ai un plus gros salaire.

« On n’attire pas les mouches avec du vinaigre. Il faut qu’il y ait un salaire qui soit en conséquence. »

— Une citation de  Louis Carpentier, représentant en relations de travail à la FIQ et au SPSO

Les gens sont très fatigués, déplore M. Carpentier. Je ne minimise en rien.

Les employés qui tiennent le système à bout de bras depuis plusieurs années, à qui des heures supplémentaires sont constamment demandées, sont épuisés, poursuit-il.

Aux dernières nouvelles, au-delà de 500 infirmières québécoises travaillent en Ontario, recense M. Carpentier. Si ces gens étaient rapatriés en Outaouais, parce qu’on a des conditions concurrentielles avec l’Ontario, cette pénurie ne serait pas là ou elle serait moins grande.

Hôpitaux bondés en Outaouais : entrevue avec le député André Fortin

ÉMISSION ICI PREMIÈRE • Les matins d'ici

André Fortin en entrevue.

Rétention du personnel

Ailleurs au Québec, il est question de négocier les horaires entre employés. Selon le représentant en relation de travail, il s’agit d’une partie de la solution, [...] mais ce seul élément-là, lui tout seul, ne réglera jamais la pénurie.

C’est plusieurs mesures qui vont faire que les gens vont être plus satisfaits au travail, qu’ils vont peut-être rester plus longtemps à l’emploi, estime-t-il. Les horaires autogérés, ça apporte plus de satisfaction au travail, mais ça n’apporte pas plus de personnel.

On recrute beaucoup de gens, mais on en perd beaucoup plus qu’on en recrute, soulève M. Carpentier.

Les deux premières années de travail des nouveaux dans le milieu sont critiques, ajoute-t-il. Les gens vont décider de rester ou de quitter. [...] Souvent les jeunes professionnels qui rentrent travailler se disent ''Mon dieu je vais faire ça toute ma vie?''.

« Souvent ils se réorientent assez rapidement. »

— Une citation de  Louis Carpentier, représentant en relations de travail à la FIQ et au SPSO

Les jeunes professionnels arrivent comme des chiens dans des jeux de quilles, lance le représentant en relations de travail. Le personnel est débordé. Il a de la difficulté à s’occuper des nouveaux et de les prendre sous leurs ailes parce qu’ils ont déjà une charge de travail trop importante. Ce n’est pas un milieu propice à garder les gens.

De nouvelles négociations

M. Carpentier appelle le gouvernement du Québec à l’action. Le système de santé, c’est un pilier de la société québécoise, martèle-t-il. Les gens du personnel en soin ne veulent pas avoir des primes, ils veulent avoir du salaire.

Il espère que les négociations à venir seront productives et souhaite que le gouvernement change d’approche. Le gouvernement voit toujours qu’en santé ça lui coûte plus d'argent, mais c'est un investissement pour la population, plaide ce dernier. Il faudrait que ce soit perçu comme ça. Il faut que ce soit complètement différent.

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a tenu un point de presse à Montréal, mardi, pour parler de la situation dans les urgences à travers la province, spécifiquement à l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont où un grave manque de personnel force le recours aux heures supplémentaires obligatoires.

J’ai le même objectif que le syndicat, que les employés : on veut l’éliminer le temps supplémentaire, assure le ministre. On a trouvé des solutions, différentes solutions, pour l’éliminer.

Le ministre Dubé dans un local de formation

Le ministre de la Santé du Québec, Christian Dubé, a tenu un point de presse à Montréal, mardi. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada

Pour attirer du nouveau personnel, M. Dubé s’engage à travailler le plus rapidement possible pour baisser les volumes, la demande.

En ce moment ma préoccupation [...] c’est de retravailler sur le climat de travail, fait-il état.

Le Centre intégré de santé et des services sociaux (CISSS) de l'Outaouais réitère pour sa part que les dernières semaines ont été marquées par un achalandage très important, mais que la fréquentation aux urgences semble diminuer.

Le CISSS de l’Outaouais a fait part, mardi, que son message demeure le même que celui émis la semaine dernière. Le Centre avait alors justifié cet achalandage par la forte transmission des virus respiratoires.

Avec les informations de Camille Kasisi-Monet et Julien David-Pelletier

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