Un réfugié ukrainien réalise un rêve en patinant avec les 67 d’Ottawa

Le réfugié ukrainien Andriy Maslov a réalisé son rêve de patiner pour la première fois à la Place TD.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Jobin
Quand il était petit, en banlieue d’Odessa, en Ukraine, Andriy Maslov rêvait de patiner comme ses héros de l'Union soviétique lors des matchs contre le Canada ou les États-Unis. Le réfugié ukrainien de 44 ans n’avait jamais eu la chance d’imiter ses idoles jusqu’à aujourd’hui.
Il a finalement réalisé son rêve mardi à la Place TD d’Ottawa, lors d’un entraînement privé avec le défenseur Derek Smyth et le responsable du développement des joueurs Evan Brownrigg.
C’est incroyable pour moi! Quand j’étais enfant, je regardais les matchs à la télévision avec mon père. J’étais tellement excité, mais je ne pouvais pas jouer, c’était difficile à cette époque de pratiquer ce sport
, explique le réfugié, également capitaine sur les navires de marchandises.
Vêtu d’un uniforme complet aux couleurs de l’équipe, Maslov a appris les techniques de base et participé à quelques exercices de tir.
Je suis né dans une petite ville qui n’avait pas les infrastructures pour le hockey. Enfant, on jouait au hockey sur le bord de la route, en glissant sur la neige et les plaques de glace. De jouer dans un aréna comme celui-ci maintenant, c’est surréaliste, je n’en crois pas mes yeux!

Le responsable du développement des joueurs des 67 d'Ottawa, Evan Brownrigg, en compagnie du réfugié ukrainien Andryi Maslov.
Photo : Radio-Canada / Jonathan Jobin
Je ne peux même pas expliquer les émotions que je vis en ce moment. C’était un rêve. Je n’aurais jamais pensé le réaliser au Canada.
Même s’il semblait à l’aise dans ses patins, Maslov s’est rapidement rendu compte que le patinage représentait un défi.
Le premier pas sur la patinoire était le plus difficile. Je ne savais pas comment me tenir et patiner. Apparemment, c’est seulement une question d’entraînement et de pratique. Les enfants ici commencent à trois ans, c’est fantastique
, ajoute Maslov.
Je devais établir la base avec lui pour qu’il trouve son équilibre. Il a été très à l’aise par la suite et a été en mesure de bouger un peu sur la patinoire
, explique Evan Brownrigg. Nous sommes toujours présents dans la communauté et ça fait plaisir. C’est amusant d'initier les gens au hockey. C’était une session plus lente, bien entendu, mais c’était très amusant. Il était tellement motivé! Je suis content d’y avoir participé.
Un déménagement qu’il ne souhaitait pas, un accueil hors du commun
Lors du déclenchement de la guerre dans son pays d’origine, Andriy Maslov a rapidement pris la décision de quitter le pays. Il a trouvé refuge au Canada où son fils aîné étudiait à l’Université Carleton. Maintenant installé avec sa femme Tatiana et ses fils Igor et Alex, il est très reconnaissant de l’appui des Canadiens.
Je n’aurais jamais pensé que les gens seraient si gentils avec nous et que nous aurions autant d’aide. Je suis arrivé dans ma maison et le garage était rempli de dons, de différents meubles et de nourriture. Je ne m’attendais pas à ça. J’ai encore des gens qui m’invitent à souper et m’offrent de l’aide
, explique l’Ukrainien, arrivé à Ottawa en avril 2021.

L'équipe de hockey des moins de 25 ans de l'Ukraine vient tout juste de terminer une tournée en sol canadien.
Photo : Radio-Canada / Samantha Samson
C'est Peggy Blair qui l'a parrainé dans son processus d'immigration et qui l'a aidé à vivre cette expérience avec le club junior. La séance de patinage à la Place TD lui a permis de se changer les idées un moment, lui qui pense encore souvent à sa mère patrie.
On regarde les nouvelles tout le temps, on va chercher des nouvelles sur le web et on cherche ce qui se passe en Ukraine presque 24/7. Cette activité me donne la chance d’éloigner toutes ces pensées et de relaxer un peu. Je m’amuse beaucoup.

De violents combats font toujours rage en Ukraine.
Photo : Associated Press / Libkos
Le conflit armé et l’invasion russe ont malheureusement teinté ses souvenirs sportifs et son amour du hockey. Maslov a refusé de parler de ses idoles de jeunesse, qui représentaient l’Union soviétique et maintenant la Russie.
J’ai plusieurs joueurs vedettes en tête, mais je ne veux pas prononcer leurs noms parce qu’ils sont tous contre l’Ukraine en ce moment. Ils étaient de bons joueurs, mais je ne peux pas en parler. Le hockey est un jeu et je préfère profiter du jeu
, dit Maslov, qui n’a pas croisé le nouveau joueur russe des 67, Pavel Mintyukov, dans les couloirs.
Une chose est certaine, toutefois, après cette séance d’entraînement : Andriy Maslov sera un grand partisan des 67 d’Ottawa et il compte bien les encourager bientôt. L’organisation prévoit d’ailleurs l’inviter avec sa famille à assister à un match à la Place TD dans les prochaines semaines.