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En Alberta, les frais d’études et l’inflation accentuent l’anxiété des étudiants étrangers

Montage photo des panneaux d'accueil de l'Université de Calgary (à gauche) et de l'Université de l'Alberta (à droite).

Dans son budget de 2019, le gouvernement albertain a éliminé le crédit d'impôt pour frais de scolarité. Cette mesure est entrée en vigueur pour l'année d'imposition 2020.

Photo : David Bell/Radio-Canada (à gauche) / Université de l'Alberta (à droite)

Sofiane Assous

Les coûts liés aux frais d’études et l’inflation ambiante constituent un fardeau considérable sur la santé mentale des étudiants étrangers, entraînant une anxiété permanente, disent des associations estudiantines.

L'Association des universitaires de la Faculté Saint-Jean et le Syndicat des étudiants de l'université de l'Alberta rappellent que le permis de travail pour étudiants leur donne le droit de travailler 20 heures par semaine.

Cependant, comme le gouvernement fédéral a permis temporairement aux étudiants étrangers de travailler 40 heures par semaine, les organismes veulent qu'Ottawa rende cette décision permanente et lève l'imposition d'un permis de travail.

Selon les associations, cela pourra améliorer la qualité de vie des étudiants étrangers non boursiers, que la pression financière pour financer des études extrêmement coûteuses pousse parfois à la dépression.

C’est le cas de Jeanne-d'Arc Tcheuffa, qui est arrivée à Edmonton en juillet 2019 pour faire des études en éducation à la petite enfance au Campus Saint-Jean, à Edmonton.

Jeanne-d'Arc Tcheuffa.

Pour passer du statut d'étudiante étrangère à celui de résidente permanente, Jeanne-d'Arc Tcheuffa a dû passer par une procédure spéciale.

Photo : Gracieuseté Jeanne-d'Arc Tcheuffa.

Pour financer ses études, la Camerounaise a dû emprunter de l’argent de sa famille.

Quand je suis arrivée au Canada, il fallait bien que je puisse rembourser cet argent, affirme-t-elle. Il fallait travailler et étudier en même temps.

Après un premier travail trouvé en septembre 2019, seulement deux mois après, Jeanne-d'Arc Tcheuffa se retrouve sans emploi. Cette situation la plonge dans un état de dépression .

L'étudiante doit payer entre 8000 et 9000 $ par session. Sans revenu, sa santé mentale se dégrade.

Mes professeurs l'ont constaté. On a fait une assise à l'école pour savoir qu'est-ce qui n'allait pas, raconte-t-elle. Ils ont constaté que j'avais ce stress [financier], en tant qu’étudiante étrangère.

Je gagnais 1200 $ chaque mois, J’avais ma dette à payer, le loyer et les droits de scolarité . C’était très difficile, explique Jeanne-d'Arc Tcheuffa.

Si les assouplissements décidés par le gouvernement fédéral durant la période de pandémie de COVID-19 ont permis aux étudiants de souffler financièrement en leur permettant de travailler plus que 20 heures par semaine, la détresse engendrée par la crise sanitaire a affecté psychologiquement Jeanne d'Arc Tcheuffa, qui se retrouve isolée socialement.

Mes parents ne savaient pas ce que j’ai dû endurer [...] ils n'avaient pas les moyens de me payer mes études. Donc, j'ai dû batailler très fort pour pouvoir m’en sortir, révèle-t-elle.

Choisir entre payer ses factures ou ses frais d'études

Un étudiant étranger paye trois fois plus cher ses frais de scolarité qu'un étudiant canadien ou un résident permanent.

À cela s'ajoutent diverses dépenses, comme l'explique le vice-président des étudiants étrangers de l'Association des universitaires de la Faculté Saint-Jean, Yves Kouassi.

Yves Kouassi.

Après l'obtention de son baccalauréat en Côte d'Ivoire, Yves Kouassi s’inscrit à des études pour l’obtention d’un baccalauréat canadien en sciences biologiques au Campus Saint-Jean de l’Université de l’Alberta à Edmonton.

Photo : Gracieuseté Yves Kouassi.

Tout en mettant l’accent sur l'inflation du coût de la vie, il estime que les frais de scolarité des étudiants étrangers sont hors de portée pour beaucoup d’entre eux.

C'est vraiment cher d'année en année, les étudiants internationaux continuent toujours de batailler pour essayer de diminuer, sinon d'endosser leurs frais de scolarité, assure-t-il.

« Il faut se nourrir, il faut payer le loyer, il faut faire face à des factures, c'est vraiment cher. »

— Une citation de  Yves Kouassi, vice-président des étudiants étrangers de l'Association des universitaires de la Faculté Saint-Jean

Force est de reconnaître que c'est quand même très compliqué pour un étudiant international non boursier, de pouvoir subvenir à ses besoins et de pouvoir aussi honorer sa facture de scolarité, dit-il.

Le défi de l'expérience canadienne

Yves Kouassi soutient également que, en tant qu’étudiant étranger, il n’est pas facile de trouver du travail dans le marché canadien.

Neuf étudiants étrangers sur 10 rencontrent des problèmes au niveau de l'employabilité, indique-t-il.

Quand tu es étudiant étranger, tu vas manquer d'expérience canadienne [...] En regardant ton curriculum vitae [beaucoup] d’employeurs ne vont pas t'accepter au détriment de quelqu'un qui a une expérience canadienne, ajoute-t-il.

Le vice-président aux affaires externes du syndicat des étudiants de l'Université de l'Alberta, Christian Fotang, reconnaît qu'il y a une anxiété permanente au sein des étudiants étrangers. Il constate que de nombreux étudiants sollicitent l'aide du syndicat pour détresse psychologique.

Il indique que son organisation offre un cadre d'écoute et de soutien aux étudiants étrangers afin de les aider à se sentir mieux.

Christian Fotang.

Christian Fotang

Photo : Radio-Canada

Nous avons des activités sur le campus et des groupes tels que le centre de soutien par les pairs où les étudiants peuvent aller parler s'ils ont besoin de plus d'aide.

En ce qui concerne les frais scolaires, Christian Fotang trouve urgent de mettre un frein à la hausse des tarifs.

Qu'ils n'augmentent pas les frais de scolarité en premier lieu, clame-t-il.

Avec les informations de Flore Tamko Mbensi

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