La couverture de glace des Grands Lacs en perte de superficie

Plusieurs habitants de la région de Thunder Bay utilisent la couverture du lac Supérieur pour des activités sur glace comme la pêche.
Photo : Facebook/Julian Holanstein
La formation de glace sur le lac Supérieur a été lente cet hiver en raison de la température plus élevée en décembre et janvier.
Les températures douces de cet hiver ont eu un impact sur la couverture de glace de tous les Grands Lacs, y compris le lac Supérieur, dont la couverture de glace est inférieure à 5 % en ce moment.
Cette quantité n'est cependant pas trop loin de la normale pour cette période de l'année, selon Jason Ross, du Service canadien des glaces.
Et ce n'est pas seulement la couverture de glace qui est plus faible : la glace existante n'est pas aussi épaisse que d'habitude, surtout à Thunder Bay, selon M. Ross.
À Black Bay, nous avons de la glace de lac épaisse, qui serait supérieure à 30 cm. Dans la baie de Nipigon, nous avons de la glace de lac moyenne, soit entre 15 et 30 cm, et à Thunder Bay, la glace est encore plus mince, soit entre 5 et 15 cm
, indique-t-il.
M. Ross explique qu'autour des autres Grands Lacs les températures de l'air ont été encore plus élevées et que toute glace qui s'est formée à la fin de décembre a fondu.
Il ajoute que seules de petites parties des lacs Michigan et Érié sont recouvertes de glace et que le lac Ontario est en grande partie libre de glace.
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M. Ross affirme que le lac Huron, en particulier, a beaucoup moins de glace cet hiver.
Dans le chenal nord et dans la baie Georgienne, normalement au cours des 10 dernières années, à cette période de l'année, nous aurions une couverture d'environ 11 % sur le lac Huron, mais nous sommes présentement à 4 %
, indique-t-il.
L'absence de glace sur le lac Supérieur n'est pas une surprise pour Jay Austin. Il a étudié le lac Supérieur à l'Observatoire des Grands Lacs de l'Université du Minnesota à Duluth.
Il dit qu'au cours de la dernière décennie, il y a eu des années où le lac Supérieur avait beaucoup de glace.
Par exemple, en 2014, un vortex polaire a fait en sorte que la majeure partie du lac était gelée en février et mars, ce qui, selon M. Austin, est sans précédent
dans les archives modernes.
M. Austin affirme toutefois que l'histoire récente suggère que la faible quantité de glace sur le lac Supérieur est de plus en plus la nouvelle norme.
Si vous regardez la couverture de glace avant 1998, la plupart des années, nous avions une couverture de glace "modérée à forte". Puis, en 1998, le phénomène météo El Niño a mené à une couverture de glace très faible et nous avons eu beaucoup d’années de couverture extrêmement faible depuis ce temps
, explique-t-il.
Il semble que l'atmosphère soit passée à un autre mode en 1998 et que nous ne soyons jamais revenus en arrière
, indique-t-il.
Une partie des recherches de M. Austin porte sur les liens saisonniers avec la glace comme les effets sur l'environnement et les poissons lors d'une année à forte concentration de glace par rapport à une année à faible concentration de glace.
Les années de forte glace ont tendance à être suivies d'étés relativement froids, et les années de faible glace comme nous en avons en ce moment ont tendance à être suivies d'une eau relativement chaude en été. C'est pourquoi j'essaie de mieux comprendre cette dynamique
, dit-il.
Selon M. Ross, la modélisation informatique effectuée par le Service canadien des glaces suggère que les gens devraient s'habituer à voir moins de glace sur les Grands Lacs dans les années à venir.
Selon lui, la tendance à long terme suggère une diminution de la couverture de glace de 2 ou 3 % par décennie.
Les années où les lacs sont remplis de glace sont de moins en moins fréquentes et les années où la quantité de glace est faible sont de plus en plus fréquentes. Nous nous attendons donc à ce que cette tendance se poursuive à l'avenir
, conclut-il.
D'après les informations de Gord Ellis, de CBC News