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« Déshabiller Pierre pour habiller Peter » : la carte électorale laisse perplexe au N.-B.

À Cap-Acadie, on comprend mal pourquoi une partie de la municipalité à majorité francophone se retrouverait dans la circonscription de Tantramar, à majorité anglophone.

Un pick-up noir passe derrière l'affiche du Quai du Petit-Cap, par une journée de neige et de verglas.

Petit-Cap

Photo : Radio-Canada

Radio-Canada

Du nord au sud du Nouveau-Brunswick, des citoyens et des élus ont commenté la nouvelle carte électorale qui est proposée pour les prochaines élections générales.

Une commission indépendante est chargée, tous les 10 ans, de redessiner la carte, car la population se déplace et il faut rééquilibrer le tout afin d’assurer une représentation équitable des électeurs.

Au cours des consultations publiques tenues la semaine dernière, les commissaires ont dû expliquer leurs démarches à des citoyens et à des élus qui se posaient des questions.

Par exemple, à Cap-Acadie, on comprend mal pourquoi la partie est de cette municipalité à majorité francophone se retrouverait dans la circonscription de Tantramar, à majorité anglophone.

Un homme coiffé d'un béret, debout dans son atelier. On voit ses outils accrochés au mur en arrière.

Jean Bourgeois réside à Cap-Acadie.

Photo : Radio-Canada

Au début, je pensais que c'était une farce, dit Jean Bourgeois, résident de Cap-Acadie. J'ai dit : c'est pas possible.

Cap-Acadie est une nouvelle municipalité qui a vu le jour le 1er janvier dans le Sud-Est, résultat de la réforme de la gouvernance locale mise en marche l’année dernière au Nouveau-Brunswick.

On sort d'une belle réforme municipale, qu'on a tout mis ensemble, puis tout le monde est content. Puis là, la province a pensé nous diviser d'une autre manière, déplore Serge Léger, le maire de Cap-Acadie.

Serge Léger debout devant un mur en bois auquel sont accrochés des bouées et un grand filet de pêche.

Serge Léger est maire de Cap-Acadie.

Photo : Radio-Canada

À première vue, cette décision peut sembler incohérente : la Commission sur la délimitation des circonscriptions électorales et la représentation a considéré la question des communautés linguistiques du Nouveau-Brunswick.

C’est pourquoi elle a décidé de dissoudre la circonscription de Memramcook-Tantramar et de créer celle de Dieppe-Memramcook, qui représentera plus équitablement les francophones.

Dans le Nord, des communautés francophones seraient séparées entre Tracadie-Neguac et Baie-de-Miramichi, ont entendu les commissaires lors d’une consultation publique, mercredi dernier.

Les commissaires ont expliqué qu’une des règles qu’ils étaient obligés de suivre, en vertu de la loi, était d’avoir 11 667 électeurs – ce que l’on appelle le quotient électoral.

On leur permet un écart de 15 %, ce qui donne des circonscriptions ayant de 9916 à 13 417 électeurs. On leur a permis une exception pour circonstances exceptionnelles : Tantramar aurait 9058 électeurs, puisqu’une partie de ceux de Memramcook-Tantramar pourrait être dans Dieppe-Memramcook.

C'est déshabiller Paul pour habiller Pierre, dans un sens… ou si on prend le point de vue de Tantramar, c'est de déshabiller Pierre pour habiller Peter, ironise Bernard Richard, l’ancien député de Shediac-Cap-Pelé, qui habite ce qui s’appelle maintenant Cap-Acadie, mais dans un secteur hors de celui qui rejoindrait Tantramar.

Bernard Richard assis pour une discussion.

Bernard Richard a été député de Shediac et de Shediac-Cap-Pelé de 1991 à 2003.

Photo : Radio-Canada

Les commissaires se réjouissaient que l’écart permis pour le nombre d’électeurs par circonscription soit désormais de 15 %, plutôt que de 5 % comme c’était le cas auparavant. Cela rend leur tâche moins difficile, ont-ils dit.

Néanmoins, l’ancien député Bernard Richard croit qu’il faudrait augmenter encore cet écart.

Jean Bourgeois, aujourd'hui à la retraite, a été curé dans les églises de Port Elgin et de Shemogue, deux anciennes communautés qui seraient rattachées à la nouvelle circonscription de Tantramar. Deux communautés sympathiques, chacun de leur bord, dit-il, mais [qui n'ont] rien en commun.

Un panneau routier sur la route 950 indique la direction de Petit-Cap. La photo est prise en hiver et il y a du verglas.

La route 950 près de Petit-Cap, dimanche.

Photo : Radio-Canada

Il est déterminé à tout faire pour éviter qu’une partie municipalité fasse partie de la circonscription de Tantramar. Il va lancer une pétition.

Elle devra passer par l'Assemblée législative, puisque la commission qui a proposé cette nouvelle carte électorale a terminé ses consultations samedi et n'accepte plus de commentaires depuis dimanche.

La Commission sur la délimitation des circonscriptions électorales et la représentation a 90 jours après le dépôt de sa carte proposée, le 12 décembre, pour présenter sa version finale de la carte électorale qui existera aux prochaines élections provinciales du Nouveau-Brunswick, prévues le 21 octobre 2024.

On attend donc une version finale de la carte électorale au mois de mars.

D’après le reportage de Frédéric Cammarano

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