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Nouvelles révélations sur McKinsey : « Je suis très inquiet », dit un spécialiste

La Chambre des communes à Ottawa

Les députés de l'opposition veulent faire la lumière sur les contrats octroyés à la firme McKinsey.

Photo : Reuters / Patrick Doyle

La mise au jour de nouvelles informations à propos de l'ampleur des contrats octroyés par le gouvernement fédéral à la firme McKinsey a suscité son lot de réactions. Les quelque 100 millions de dollars versés à cette entreprise font sourciller un spécialiste. L'opposition à Ottawa, elle, évoque un « guichet automatique » et « un enjeu en matière de transparence ».

Benoit Duguay, professeur à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM et chercheur à la Chaire de relations publiques et communication marketing, se disait déjà inquiet il y a 10 jours, lorsque les premières informations ont été diffusées concernant le recours très largement répandu d'Ottawa aux services de la firme. Il affirme maintenant être très inquiet.

C'est rendu que la firme McKinsey est devenue bonne à tout faire... Peut-être même des recettes de gâteau, a-t-il lancé, pince-sans-rire, dans une entrevue accordée à Radio-Canada.

L'expert ne comprend pas pourquoi, parmi les nombreux contrats octroyés à McKinsey, cette entreprise en est même venue à réaliser des études en lien avec le monde touristique. Pourtant, les experts en tourisme, ça pleut, au Canada. Pourquoi a-t-on fait appel à McKinsey?, se demande le professeur Duguay.

Celui-ci s'inquiète aussi du fait que l'entreprise offre des services dans de nombreux pays, notamment à différents ministères de la Défense. N'y a-t-il pas des risques, s'interroge M. Duguay, à ce que McKinsey conseille à la fois l'armée canadienne, l'armée américaine, les forces russes ou encore les forces chinoises?

Oui, on peut avoir un besoin ponctuel [d'embaucher des] conseillers externes, mais pour quelque chose de très, très pointu, indique encore le spécialiste.

Or, McKinsey semble plutôt avoir obtenu des contrats plus vastes et aux objectifs peut-être moins précis. Ce qui n'aide pas à rassurer M. Duguay.

Ce dernier croit d'ailleurs qu'à force de faire affaire avec tous les gouvernements au monde, on a un peu l'impression qu'ils sont un gouvernement supranational.

Les contrats qu'Ottawa a attribués à la firme américaine McKinsey sont encore plus importants que ce qui avait été dévoilé. Selon ce qu'a appris Radio-Canada, le cabinet-conseil a touché plus de 101 millions de dollars depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux. De quoi donner des munitions aux partis d'opposition qui ont forcé la tenue d'une enquête parlementaire cette semaine. Le reportage de Kim Vermette.

Des millions un peu partout, y compris à la Défense

Dans les nouvelles informations révélées par Radio-Canada, il appert qu'Ottawa a offert au moins 34 millions de dollars en contrats à McKinsey en lien avec le ministère de la Défense, et ce, depuis 2021.

C'est d'ailleurs ce ministère qui a eu le plus recours à cette firme. L'entreprise a joué un rôle dans la modernisation de la Marine royale canadienne, dans la promotion de la diversité culturelle à la Défense et dans le système de gestion des plaintes, y compris celles pour inconduite sexuelle dans l’armée.

Ces dizaines de contrats octroyés par le gouvernement Trudeau feront l’objet d’une enquête parlementaire, dont la tenue a été imposée par l’opposition, en position de force au sein du Comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Sous pression, le premier ministre Justin Trudeau a aussi demandé à deux ministres d’examiner l’octroi de contrats à McKinsey.

Dans une réponse fournie vendredi soir, Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), responsable de la plupart des achats de l’appareil fédéral, confirme avoir dépensé un montant total de 101,4 millions de dollars, pour 23 contrats signés au cours des 7 dernières années.

Une enquête parlementaire dès mercredi

Du côté des partis d'opposition fédéraux, on réitère l'importance de la tenue d'une enquête pour mieux comprendre ce qui a été exigé de McKinsey en échange des différents contrats.

Il faudra avoir accès aux contrats non caviardés, martèle Christine Normandin, députée du Bloc québécois.

Celle-ci estime qu'il faut éviter que le gouvernement ne se drape dans la confidentialité des ententes avec la firme.

C'est un enjeu de transparence qui se perd lorsqu'on mandate une entreprise privée à cette échelle-là, juge la députée.

« On s'enligne de plus en plus vers ce qui ressemble à une abdication de leadership par le gouvernement fédéral, au profit d'une entreprise privée. »

— Une citation de  Christine Normandin, députée du Bloc québécois

Son collègue conservateur Gérard Deltell va jusqu'à qualifier de guichet automatique les contrats accordés par Ottawa à McKinsey.

Ce sont des révélations troublantes, dit-il en parlant des nouvelles informations publiées par Radio-Canada.

Des questions doivent être posées et il faut obtenir des réponses.

Le député conservateur juge qu'il est normal qu'un gouvernement octroie des contrats, mais que l'ampleur des liens entre McKinsey et le gouvernement Trudeau justifie que les élus, aux Communes, se penchent sur ce dossier.

Ladite enquête débutera mercredi prochain, précise Alexandre Boulerice, du Nouveau Parti démocratique.

Peut-être qu'il faudra ensuite passer à une enquête publique, dit-il.

M. Boulerice souligne qu'au sein de son parti, on trouve ça assez affolant; c'est comme si le gouvernement libéral avait sous-traité des pans entiers de l'appareil fédéral à une compagnie privée américaine.

C'est du copinage, du gaspillage, et on s'inquiète des résultats concrets, ajoute-t-il.

Avec les informations de Kim Vermette

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