L’annulation de nombreux cours de natation en français à Winnipeg inquiète les sauveteurs

En janvier, il n'y aura qu'une session de natation en français disponible, mais déjà pleine, pour les enfants d'âge préscolaire à la piscine Bonivital, à Winnipeg. (Photos d'archives)
Photo : Radio-Canada / Victor Lhoest
Plus de la moitié des 85 cours de natation proposés en français cet hiver à Winnipeg ont dû être annulés en raison d'un manque de sauveteurs francophones. Une situation qui inquiète la Société de sauvetage du Canada, qui rappelle que l’absence de cours offerts en français pourrait avoir des répercussions sur le nombre de noyades.
L'organisme explique que le fait de recevoir un enseignement dans sa langue maternelle est primordial pour la compréhension des instructions de sécurité.
« Je ne voudrais pas voir dans les statistiques de noyade dans la région de Winnipeg que les francophones sont plus à risques que les anglophones. »
La Ville de Winnipeg indique qu'il y a un manque de moniteurs-sauveteurs pour assurer les créneaux des cours. La validité des brevets de sauveteur-moniteur est de deux ans. Or, beaucoup n’ont pas été renouvelés pendant la pandémie, ce qui aggrave la pénurie de personnel, selon la Société de sauvetage.
Les préados et les adolescents sont devenus ceux que j’appelle les "décrocheurs aquatiques"
, explique le porte-parole de la Société de sauvetage, Raynald Hawkins. Selon lui, la réponse à la pénurie de moniteurs doit passer par la formation de sauveteurs axée sur les francophones.
La Ville de Winnipeg forme actuellement une soixantaine de moniteurs-sauveteurs, en anglais. Ces derniers seront aptes à entrer en fonction dès le mois d'avril. Un porte-parole de la Ville concède toutefois qu’il n’y a pas de quota pour le recrutement de francophones.
À lire aussi :
Rétablir les services en français
La charte de la Ville de Winnipeg engage pourtant la Ville à fournir des services municipaux en français dans certains quartiers désignés. Le directeur général de la Société de la francophonie manitobaine, Daniel Boucher, regrette que cet engagement ne soit pas tenu. Il regrette également le manque de recrutement de personnel francophone.
La seule façon de régler ça, c'est de s’assurer que les gens soient conscients qu’il y a des carrières où notre langue est valorisée
, estime Daniel Boucher. On veut que les gens puissent utiliser le français dans leur quotidien pour desservir la population.
Une représentante de la Société de sauvetage devrait rencontrer des autorités municipales pour promouvoir la formation des moniteurs-sauveteurs francophones afin de pallier le manque de main-d’œuvre.
Avec les informations de Patricia Bitu Tshikudi