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Qui est Sultan Ahmed al-Jaber, PDG pétrolier et président de la COP28 à Dubaï?

Voici l'histoire du patron d’une compagnie pétrolière qui sera chargé de lutter contre… la crise climatique.

Sultan Ahmed al-Jaber en costume-cravate.

Sultan Ahmed al-Jaber a dirigé la délégation de son pays à la COP27 en Égypte.

Photo : Reuters / Fabian Bimmer

Agence France-Presse

Les Émirats arabes unis ont désigné jeudi le patron de leur compagnie pétrolière nationale pour présider la COP28 prévue cette année à Dubaï, un choix dénoncé par les militants de l'environnement, mais cohérent avec la politique du pays du Golfe.

Le président de la prochaine conférence mondiale sur le climat, prévue en novembre aux Émirats arabes unis, est le PDG du géant pétrolier émirati, ADNOC (Abu Dhabi National Oil Company), Sultan Ahmed al-Jaber.

Cet homme âgé de 49 ans, qui a étudié aux États-Unis et au Royaume-Uni, est aussi le ministre de l'Industrie et des Technologies avancées, et l'envoyé spécial des Émirats pour le climat.

Il pilote également Masdar, une entreprise publique d'énergies renouvelables, qui a investi dans plus d'une quarantaine de pays depuis sa création en 2006, selon l'agence de presse officielle WAM.

Sultan Ahmed al-Jaber a dirigé la délégation de son pays à la COP27 en Égypte, l'une des délégations les plus importantes de l'histoire des négociations sur le climat.

Bruno Le Maire et Sultan Ahmed al-Jaber montrent des copies des contrats signés.

Le ministre français de l'Économie Bruno Le Maire aux côtés du ministre émirati de l'Industrie, Sultan Ahmed al-Jaber, après la signature de plusieurs accords, dont un contrat d'achat de 80 avions de chasse Rafale (archives, 2021)

Photo : Getty Images / AFP / Thomas Samson

Il avait été nommé en 2009 au sein du groupe consultatif sur l'énergie et le changement climatique à l'ONU par le secrétaire général de l'époque, Ban Ki-moon.

« Sultan al-Jaber a été le fer de lance de l'action climatique des Émirats bien avant, et pendant, son mandat à ADNOC. »

— Une citation de  Karim Elgendy, expert climatique à Chatham House

Critiques

L'organisation de la COP28 aux Émirats, l'un des principaux exportateurs de pétrole au monde, inquiète les militants qui plaident pour une sortie des énergies fossiles afin de limiter le réchauffement de la planète.

La nomination d'un patron de l'industrie pétrolière pour incarner les négociations a renforcé leurs craintes.

Le choix d'une personnalité issue d'une industrie qui est elle-même responsable de la crise crée un conflit d'intérêts, affirme la directrice de l'organisation Climate Action Network International, Tasneem Essop.

Quatre hommes parlent près de deux camions-citernes.

Des camions-citernes de la compagnie émiratie ADNOC, à Abou Dhabi

Photo : Getty Images / AFP

Les défenseurs de l'environnement dénoncent également l'influence croissante des lobbyistes du secteur pétrolier et gazier.

Ils étaient plus de 630 à la COP27, un nombre en hausse de plus de 25 % par rapport à la conférence précédente à Glasgow, selon les associations. Le contingent le plus nombreux venait des Émirats arabes unis.

La COP28 doit se conclure par un engagement sans compromis sur une sortie de tous les combustibles fossiles : charbon, pétrole et gaz, affirme Tracy Carty de Greenpeace International, en estimant qu'il n'y a pas de place pour cette industrie dans les négociations.

Droit moral à exploiter le pétrole

Les Émirats arabes unis, en revanche, ne voient aucune contradiction dans la désignation du patron d'ADNOC, souligne Karim Elgendy.

Pour le pays du Golfe, le pétrole et le gaz seront encore nécessaires pendant des décennies, et peuvent contribuer à financer les énergies renouvelables.

« Le choix de Sultan Ahmed al-Jaber est absolument représentatif de l'approche des Émirats en matière d'action climatique, qui s'engagent à décarboniser leur économie [...] mais défendent leur droit moral à exporter chaque molécule de combustible fossile. »

— Une citation de  Karim Elgendy, expert climatique à Chatham House

Leur argument est que le monde aura encore besoin de combustibles fossiles d'ici à 2050 et que ceux-ci devraient provenir des producteurs les moins chers et les moins polluants, à savoir les pays arabes du Golfe.

Abou Dhabi veut aussi impliquer les dirigeants du secteur pétrolier dans le débat sur le climat.

Pour les pays du Golfe, où la richesse pétrolière contribue de manière significative à l'économie, une grande partie de l'action climatique devra provenir précisément de ce secteur, estime Aisha Al-Sarihi, chercheuse à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour.

Exclure l'industrie pétrolière de la table des négociations pourrait ne pas servir la région, ajoute l'experte omanaise.

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