Transferts en santé : François Legault baisse les bras, déplorent QS et le PQ
Le débat fait rage sur l'ouverture dont le Québec devrait faire preuve face aux conditions fixées par Ottawa.
Dans une brève déclaration transmise jeudi matin, le député Sol Zanetti a reproché au premier ministre Legault de « capituler » dans le dossier des transferts en santé « parce qu'il est incapable d'obtenir quoi que ce soit d'Ottawa ». (Photo d'archives)
Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel
La Coalition avenir Québec (CAQ) risque d'ouvrir une boîte de Pandore en acceptant les conditions fixées par Ottawa pour hausser ses transferts en santé, préviennent Québec solidaire (QS) et le Parti québécois (PQ), qui s'inquiètent de voir le gouvernement Legault montrer des signes d'ouverture dans ce dossier.
Le premier ministre abdique
, capitule
, plie
; Sol Zanetti ne manquait pas de synonymes, jeudi, en entrevue.
François Legault courbe l'échine, car il est incapable d’obtenir quoi que ce soit
du fédéral, a déploré le député solidaire de Jean-Lesage, qui est également porte-parole en matière de relations canadiennes du deuxième groupe d'opposition à l'Assemblée nationale.
Et ça crée un précédent très dangereux
, a-t-il poursuivi, craignant qu'à terme, Ottawa ajoute d'autres conditions à celles imposées jusqu'ici pour augmenter ses transferts en santé, dont les provinces – y compris le Québec – ont désespérément besoin. Et ça, c'est très grave, parce que ce ne sera pas à notre avantage [à long terme].
« Accepter des conditions maintenant, c'est ouvrir la porte à accepter plus de conditions [plus tard] et à accepter des normes pancanadiennes qui ne seraient pas adaptées. »
Interrogé sur le sujet, le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a lui aussi déploré le recul
du gouvernement Legault dans ce dossier. Il est déplorable, selon lui, que le gouvernement Trudeau ose fixer des conditions pour hausser ses transferts en santé.
C'est une technique par laquelle Ottawa empiète sur les décisions du Québec en asphyxiant des postes budgétaires comme celui de la santé, alors que c'est notre argent
, a-t-il dénoncé en entrevue.
Le dossier des transferts en santé – une importante pomme de discorde dans les relations entre le gouvernement Trudeau et ceux des provinces – a évolué rapidement au cours des dernières 24 heures.
Le premier ministre ontarien Doug Ford a d'abord fait savoir mercredi qu'il était prêt à accepter certaines conditions du fédéral pourvu que celui-ci augmente ses transferts, laissant transparaître une fissure dans le front commun observé par les 10 provinces canadiennes depuis plusieurs années dans ce dossier.
En guise de réaction, le cabinet de François Legault a fait savoir dans une déclaration transmise aux médias en fin de journée que le Québec était prêt à continuer de partager l'ensemble de [ses] données
pour faire avancer le dossier.
Il a toutefois précisé que lesdites données étaient déjà disponibles publiquement, ajoutant qu'il s'agissait d'une question de transparence
et que ça [n'avait] pas besoin d'être une condition
.
Les provinces de tout le pays réclament depuis longtemps que le Transfert canadien en matière de santé puisse couvrir 35 % des coûts des soins fournis au Canada, alors que la proportion actuelle est de 22 %.
Elles clament aussi depuis des années qu'aucune condition ne devrait être attachée à ce financement supplémentaire.
Pour sa part, le fédéral se dit prêt à augmenter les transferts en santé. Mais pas à n'importe quel prix. Ottawa souhaite que les provinces et les territoires s'entendent sur un partage national des données afin d'améliorer les résultats pour les patients.
Le premier ministre Trudeau a récemment indiqué que l'augmentation du financement ne se produira que si ses interlocuteurs acceptent de réformer et d'améliorer leurs systèmes de santé.
La balle est maintenant dans le camp des provinces, a déclaré peu avant Noël le ministre fédéral de la Santé, Jean-Yves Duclos.
Avec les informations de Pascal Poinlane et de La Presse canadienne