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Des ministres examineront l’octroi de contrats à la firme externe McKinsey

Justin Trudeau et Mélanie Joly.

Le premier ministre a demandé à deux de ses ministres, à l'Approvisionnement et au Trésor, de se pencher sur les contrats octroyés à la firme McKinsey.

Photo : La Presse canadienne / Adrian Wyld

Radio-Canada

Sous pression depuis les révélations selon lesquelles son gouvernement a largement eu recours aux services de la firme externe McKinsey, notamment en matière d'immigration, et talonné par les partis d'opposition qui réclament une enquête parlementaire sur la gestion des contrats accordés, le premier ministre Justin Trudeau va demander des comptes à ses ministres. Avec, à la clé, la possibilité de changer les règles en vigueur, si nécessaire.

Lors d'un point de presse tenu en marge du Sommet des dirigeants nord-américains, à Mexico, le chef du gouvernement canadien a indiqué avoir demandé à Helena Jaczek et Mona Fortier, respectivement responsables de l'Approvisionnement et du Conseil du Trésor, de se pencher sur la question des contrats offerts à McKinsey.

« J'ai demandé [aux deux ministres] de faire un suivi là-dessus, de regarder attentivement les chiffres, de regarder les circonstances qu'on apprend dans les nouvelles », a dit M. Trudeau.

Selon lui, les fonctionnaires ont toujours « cherché des conseils d'experts pour améliorer la livraison de services pour les Canadiens », tout en ajoutant : « Nous allons faire un suivi pour nous assurer, effectivement, que cela a été fait de la bonne façon, et pour voir si l'on a besoin de modifier ou de changer les règles. »

La semaine dernière, Radio-Canada indiquait qu'Ottawa avait dépensé plus de 84 millions de dollars en divers contrats, entre mars 2021 et novembre 2022, pour s'assurer les services de la firme.

Les sommes versées à McKinsey ont explosé entre le règne conservateur et celui de Justin Trudeau, passant de 2,2 millions de dollars en neuf ans, sous Stephen Harper, à 66 millions de dollars en sept ans.

À cela, il faut ajouter 18 millions de dollars en contrats offerts par la Défense.

L’analyse des contrats démontre que c’est Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC) qui a eu le plus recours à McKinsey depuis 2015, avec 24,5 millions de dollars accordés pour des conseils en gestion.

Avec l'Agence des services frontaliers, ils totalisent 44 % du montant.

Le cabinet-conseil a refusé de répondre aux questions de Radio-Canada concernant ses différentes implications et ententes avec le gouvernement fédéral.

Selon l’intitulé des contrats, très flou, McKinsey a notamment été engagée pour « développer et implanter diverses stratégies de transformation ». Sa mission « portait essentiellement sur l’examen, l’élaboration et la mise en œuvre d’outils, de processus et de services numériques », selon un porte-parole d'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.

Enquête en vue

À Ottawa, les partis d'opposition ne décolèrent pas depuis l'éclatement de l'affaire. Les trois formations disent s'être entendues pour réclamer une enquête parlementaire afin de faire la lumière dans ce dossier.

Minoritaire au comité des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires, le gouvernement libéral sera ainsi forcé de dévoiler « tous les documents, les courriels, les conversations [et] les textos » qui ont été échangés dans le cadre de sa collaboration avec McKinsey, a expliqué mardi le chef conservateur, Pierre Poilievre.

Du côté du Bloc québécois, le chef Yves-François Blanchet a soutenu que les contribuables payaient « deux fois », c'est-à-dire d'abord pour la fonction publique, puis pour « des gens à qui on demande de se substituer à la fonction publique ».

M. Blanchet a également dit s'inquiéter d'un processus d'octroi de contrats qui laisse peu de place à la transparence, d'une sous-traitance au privé qui finit par remplacer l'expertise que devrait cultiver la fonction publique et de l'influence quasi idéologique de McKinsey jusque dans les orientations politiques du gouvernement.

Le Nouveau Parti démocratique (NPD), qui réclame aussi une enquête parlementaire, a souligné qu'il s'inquiétait de l'aspect de la sous-traitance.

Au cabinet de la ministre Jaczek (des Services publics et de l'Approvisionnement), on précise ne pas encore avoir reçu de demande officielle pour apporter des précisions à propos des contrats octroyés, mais « nous travaillerons avec le [comité responsable, aux Communes] si une motion est adoptée à ce sujet ».

Et chez McKinsey, on soutient, par la voie d'une déclaration publiée sur le site web de l'entreprise, que le travail « auprès du gouvernement canadien est entièrement non partisan ».

On affirme également ne formuler « aucune recommandation sur les politiques en matière d'immigration ou sur quelque autre sujet que ce soit ».

Avec les informations de La Presse canadienne

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