L’année de tous les possibles pour les exportateurs de homard

En 2022, le Canada a exporté 52 000 tonnes de homard, d'une valeur de 1,2 milliard de dollars.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Les exportateurs de homard du Canada atlantique croient que 2023 pourrait leur permettre d’atteindre et même de dépasser les années records prépandémie.
Déjà, des signes prometteurs pointent à l’horizon.
La Chine a levé ses politiques zéro COVID, donc ça devrait mieux aller en 2023
, indique Paul Farrah, directeur général de l’entreprise Xtreme Cold de Moncton, qui entrepose et coordonne l’exportation de marchandises, dont le homard.
Les principaux marchés d'exportation pour le homard vivant du Canada sont les États-Unis et la Chine.
Les exportations totales de homard vivant ont atteint un record en 2019, avec plus de 59 500 tonnes exportées dans le monde. En Chine, cette année-là, le Canada a exporté plus de 26 200 tonnes de homard vivant.
Par contre, l’augmentation de la valeur du crustacé vivant s’est traduite par un record de la valeur des exportations en 2021, soit 1,2 milliard $ dans le monde et 455 millions $ en Chine.
Les usines de transformation et les exportateurs croient tous que l’année à venir sera encore meilleure.
La Chine, ce géant qui se réveille
Le 21 janvier, les Chinois fêteront le Nouvel An dans un pays qui, pour la première fois en trois ans, a assoupli plusieurs restrictions liées à la COVID-19.
Le directeur de l’usine de transformation de homard Bay Shore Lobster à Back Bay au Nouveau-Brunswick, Nathan Song, est très optimiste.

Nathan Song est directeur de l’usine de transformation de homard Bay Shore Lobster à Back Bay, au Nouveau-Brunswick.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Le marché chinois est ouvert. J’ai un très bon sentiment
, confie-t-il.
Son usine exporte 80 % de sa production en Chine et le Nouvel An chinois est le moment le plus important de l’année pour lui.
Il y a 1,4 milliard de personnes. Ils retournent dans leurs familles. Le homard devient rouge après la cuisson et le rouge est une couleur très significative et chanceuse dans la culture chinoise
, souligne-t-il.

Le homard est prisé des Chinois, qui aiment le déguster ou l'offrir en cadeau à l'occasion de leur Nouvel An.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Le crustacé est souvent offert en cadeau et le marché chinois est friand du homard vivant.
Il faut entre 40 et 60 heures entre l’usine et l’arrivée du produit sur le marché chinois. La fenêtre est courte, mais essentielle et très profitable à l’industrie canadienne.
C’est donc 39 palettes au total qui vont occuper le pont supérieur et inférieur de l'avion
, dit avec fierté Paul Farrah.

Cet avion de la compagnie Kalitta Air est arrivé à Moncton le mardi 10 janvier. Il a repris son chemin vers la Chine quelques heures après son arrivée, cette fois rempli de homards.
Photo : Radio-Canada
Paul Farrah a coordonné le départ du premier avion-cargo de l’année à l’aéroport Roméo-LeBlanc de Moncton. Le produit exporté provient principalement du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.
Cent tonnes sont embarquées sur l’appareil 747, qui fera deux brefs arrêts en Alaska et en Corée du Sud, avant de se poser à Ningbo, à trois heures de Shanghai.
En 2020, l’aéroport de Moncton a accueilli 33 avions voués à l’exportation de homard.
On prévoit que ça sera une année forte, mais on est soumis aux conditions du marché, aux prix et à la demande. [...] Mais on croit qu’on va excéder nos records précédents
, croit Courtney Burns, directrice générale de l’aéroport.

La directrice générale de l'Aéroport international Roméo-LeBlanc du Grand Moncton, Courtney Burns.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Des investissements pour croître
Entrevoyant un marché en croissance, l’entreprise Xtreme Cold a fait plusieurs investissements pendant la pandémie.
Ce qu'on veut faire, c'est doubler notre potentiel cargo pour faire deux avions 747 dans la même journée
, indique Paul Farrah.

L'entrepôt de l'entreprise Xtreme Cold est rempli de homard vivant destiné au marché chinois.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
L’aéroport souhaite aussi déposer cette année un plan stratégique, dans lequel on espère proposer des investissements pour accroître la capacité d’exportation de homards, mais aussi d’autres marchandises.
Je pense que l'infrastructure aéroportuaire est solide et pourrait accueillir des vols internationaux. Nous aurions la capacité d'augmenter le volume de ces vols. Il s'agit vraiment de continuer à travailler avec des partenaires dans la région
, croit Mme Burns.
Nathan Song aussi entrevoit un avenir prometteur.
Nous allons accroître notre capacité d’emballage
, explique celui qui espère pouvoir exporter sept millions de livres de homard en 2023.
La géopolitique pourrait brouiller les cartes
Les relations souvent tendues entre la Chine et le Canada depuis l’affaire Meng Wanzhou inquiètent plusieurs acteurs commerciaux du Canada atlantique.
Ils craignent une dégradation des relations entre les deux pays.

Paul Farrah de l'entreprise Xtreme Cold de Moncton entrevoit l'avenir avec optimisme.
Photo : Radio-Canada / Nicolas Steinbach
Chaque parole prononcée par nos politiciens a un poids significatif sur les résultats qu'on risque d'avoir en fin d'année
, indique Paul Farrah.
On n'est pas à l'abri d'une catastrophe.
Si la Chine interdisait les importations de homard du Canada ou imposait une taxe, ça serait inquiétant, mais pour le moment nous faisons nos affaires
, indique pour sa part Nathan Song.
Pour éviter d’éventuels impacts d’un conflit économique entre les deux pays, il sera important pour les exportateurs de diversifier leurs marchés, croit Paul Farrah.
On met beaucoup d'accent sur l'Inde, on met beaucoup d'accent sur le Vietnam, sur la Thaïlande, sur d'autres pays comme la Corée du Sud pour, justement, venir se sécuriser
, explique-t-il.
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Avec des informations de Nicolas Steinbach