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Des scientifiques croient avoir découvert une nouvelle branche de l’arbre de la vie

Image microscopique en noir et blanc d'un eucaryote qui a englouti une proie.

Image microscopique d'un eucaryote qui a englouti une proie.

Photo : Tikhonenkov, Mikhailov, Gawryluk, Belyaev, Mathur, Karpov, Zagumyonnyi, Borodina, Prokina, Mylnikov, Aleoshin et Keeling, Nature

Une équipe de chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC), en collaboration avec des chercheurs russes, croient avoir découvert une toute nouvelle branche de l’arbre de la vie, composée de microbes prédateurs jusqu'alors inconnus.

L’arbre de la vie, ou arbre phylogénétique, est un schéma qui représente les liens de parenté entre les organismes à la manière d’un arbre généalogique. Les humains en font partie, tout comme les animaux et les plantes, mais ce sont les bactéries qui représentent le plus grand domaine de cet arbre.

Dans une étude publiée en décembre dans la revue scientifique Nature, les chercheurs décrivent un tout nouveau groupe d’eucaryotes, c’est-à-dire des organismes dont la ou les cellules contiennent un noyau. Ils ont nommé ce groupe « provora ».

« Nous avons trouvé un super groupe, c’est l’équivalent de trouver quelque chose d’aussi différent que des animaux et des champignons », explique le professeur au département de botanique de l’Université de la Colombie-Britannique (UBC) et coauteur de l’étude Patrick Keeling.

Ces nouveaux microbes agissent comme des prédateurs, mais présentent plusieurs différences. Certains vont grignoter leur proie, d’autres vont plutôt l'avaler entièrement.

Puisque ces microbes sont invisibles à l’œil nu, les chercheurs ont dû utiliser le séquençage génétique afin de déterminer s’ils étaient reliés ou non et s'ils s'apparentaient à d'autres familles connues.

Deux lions dans la savane tanzanienne.

Comme les lions, des prédateurs, les eucaryotes découverts pas les chercheurs vont manger leur proie. Mais comme eux, leur nombre dans la nature est inférieur à celui des proies.

Photo : Getty Images / Kenneth Canning

La présence de ces nouveaux eucaryotes semble plutôt rare dans la nature, estime le professeur. « C’est ce à quoi l’on peut s’attendre pour un organisme prédateur. Il y a plus de gazelles que de lions », explique-t-il.

Il faudra cependant poursuivre la recherche afin de déterminer le rôle exact de ces eucaryotes dans l’écosystème microbien.

« C’est comme si nous venions tout juste de découvrir des lions. C’est chouette, ça court et ça mange des choses, mais on ne pourrait pas savoir si, en les éliminant totalement, on bouleverserait tout un écosystème », souligne Patrick Keeling.

Une découverte rare qui démontre un manque de recherche

Professeur au département de biochimie de l’Université de Montréal, Franz Lang n’a pas participé à cette recherche, mais s’intéresse, comme Patrick Keeling, à l’histoire évolutive des organismes.

Selon lui, le fait que des scientifiques découvrent encore aujourd’hui des branches supplémentaires de l’arbre phylogénétique est la conséquence d’un sous-financement de la recherche fondamentale, soit la recherche qui repousse les limites de la connaissance.

« De trouver une nouvelle branche du vivant encore en 2022, c’est honteux parce qu’on a toutes les ressources, on a tout ce qu’il faut pour le faire, les grandes technologies génomiques, on a des outils incroyables », dit Franz Lang.

Pour le moment, même s’il juge plutôt rare le fait de découvrir autant d’espèces dans une lignée séparée de ce qui a été découvert jusqu’à présent, Franz Lang estime que cette découverte a peu d’impact, mais cela pourrait changer s'il y a plus de recherches.

« Peut-être que ce ne sera jamais important, mais peut-être que ce sera très important dans deux ans parce que l’on trouvera, en grattant un peu dans ces espèces, quelque chose qu’on n’a jamais trouvé, mais c’est imprévisible et ce l’est toujours », explique Franz Lang.

Le coauteur de l'étude Patrick Keeling fait justement valoir l’importance de la recherche qu’il qualifie d’exploratrice. C'est de cette façon, explique-t-il, qu'il a pu découvrir ces nouveaux microbes, avec son équipe et son collaborateur de longue date, le chercheur Denis Tikhonenkov, de l’Institut de biologie marine de l’Académie des sciences de Russie.

« C’était purement de l’exploration. Nous explorons beaucoup parce que nous savons que nous n’en savons pas assez sur toute la diversité que l’on peut retrouver dans ce type de cellules. »

— Une citation de  Patrick Keeling, professeur au département de botanique de l'UBC

Le chercheur souhaite maintenant construire une image 3D des cellules en coupant des couches microscopiques et en les prenant en photo une par une, afin de parvenir à une image exacte du fonctionnement du microbe.

« Le fait que nous pouvons encore trouver des groupes de microbes aussi importants démontre vraiment à quel point on sait peu de choses », conclut le chercheur.

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