Vive opposition contre un projet de prison à Fredericton
Environ une centaine de personnes ont assisté à la réunion du conseil municipal de Fredericton du 9 janvier 2023 où le public a eu l’occasion de se prononcer sur le changement de zonage proposé pour la construction d’une prison provinciale.
Photo : Radio-Canada / Aidan Cox
La salle de réunion du conseil municipal de Fredericton, au Nouveau-Brunswick, était pleine à craquer lundi soir. Des résidents ont tenu à exprimer leurs inquiétudes en lien avec un projet de construction d’une prison provinciale de 32 millions de dollars dans le parc industriel Vanier.
Environ une centaine de citoyens étaient présents. Les conseillers municipaux ont écouté une dizaine de personnes, dont la majorité s’oppose au projet.
Une résidente du quartier de Lincoln Heights, Erin Mattinson, a expliqué qu’elle craint pour sa sécurité si une prison est construite dans la communauté. Elle a demandé aux conseillers de rejeter la proposition de modifier le zonage pour accommoder le projet.
D’autres personnes ont aussi exprimé cette préoccupation. Des résidents craignent également que la future prison nuise à la valeur de leur propriété.
Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a annoncé à l’automne 2021 son intention de construire une prison dans la région de Fredericton parce que les autres sont engorgées.
L’emplacement retenu pour le projet s’est précisé en novembre quand les conseillers municipaux ont voté à six contre quatre pour approuver la vente d’un terrain évalué à plus d'un million de dollars.
À lire aussi :
Le conseil municipal doit encore approuver le changement de zonage. Lundi soir, la motion à ce sujet a franchi les étapes de la première et de la deuxième lecture. La troisième lecture aura lieu lors de la réunion du 23 janvier.
Un ancien ombudsman tente d’apaiser les craintes
Charles Murray, ancien ombudsman du Nouveau-Brunswick, est l’une des deux personnalités qui ont appuyé publiquement le changement de zonage lundi soir. L’autre est le sous-ministre de la Sécurité publique, Mike Comeau.
M. Murray a demandé aux gens présents de ne pas stigmatiser les contrevenants ni de les considérer comme étant dangereux. Il a expliqué que ce sont des citoyens qu’il faut réintégrer à la société, peu importe à quel endroit ils purgent leur peine.
Voulons-nous qu’ils reviennent ici où ils ont de l’appui et peuvent être réhabilités ou voulons-nous les exiler quelque part, les couper de leur famille et de leurs appuis et rendre leur transition encore plus difficile?
, a demandé Charles Murray aux gens présents.
Une autre intervenante, la Dre Sara Davidson, une spécialiste du traitement des toxicomanies et directrice du centre de rétablissement River Stone, a plaidé pour de meilleurs services en la matière et pour plus de logements sociaux plutôt qu’une prison.
Selon la Dre Davidson, mettre en prison des gens qui souffrent de maladies mentales ou de toxicomanie ne rend pas les communautés plus sécuritaires s’il n’y a pas de filet social pour les appuyer par la suite.
Le sous-ministre Mike Comeau a indiqué que ce n’est pas une question de choisir entre une prison ou un centre de traitement des dépendances. Il a rappelé que le gouvernement a prévu environ 170 millions de dollars durant l'exercice financier courant pour les services en matière de santé mentale et de toxicomanie.
Quant à l’emplacement de la future prison, M. Comeau a souligné qu’il a été déterminé à l’aide d’un calcul de pointage et qu’il s’agit d’un terrain de 22 hectares facilement accessible.
Accusation de conflit d’intérêts
La travailleuse sociale Valerya Edelman, qui s’oppose au changement de zonage, a accusé de conflit d'intérêts les conseillers municipaux Steven Hicks et Bruce Grandy, qui figurent parmi ceux qui ont voté pour le changement.
Steven Hicks est un agent de probation du ministère de la Sécurité publique et Bruce Grandy est un directeur au ministère des Transports et de l’Infrastructure. Ni l’un ni l’autre n’a signalé être en conflit d'intérêts avant la lecture de la motion et le vote.
Ils n’ont pas accordé d’entrevue à ce sujet. Un porte-parole de la Municipalité a fait suivre aux conseillers municipaux le code de déontologie qui précise les règles en matière de conflit d’intérêts.
D’après un reportage d’Aidan Cox, de CBC