•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Pérou : ouverture d’une enquête pour « génocide » contre la présidente

Un émeutier lance une grenade fumigène.

Depuis environ un mois, une quarantaine de manifestants ont été tués lors de violences.

Photo : Reuters

Agence France-Presse

La justice péruvienne a annoncé mardi l'ouverture d'une enquête pour « génocide » contre la présidente du pays, Dina Boluarte, et plusieurs hauts responsables en lien avec la répression des manifestations antigouvernementales qui ont fait 40 morts depuis décembre.

Le parquet a décidé d'ouvrir une enquête préliminaire pour génocide, homicide qualifié et blessures graves contre la présidente, Dina Boluarte, le président du Conseil des ministres, Alberto Otarola, le ministre de l'Intérieur, Victor Rojas, et le ministre de la Défense, Jorge Chavez, a-t-on annoncé sur Twitter.

L'enquête vise également l'ex-président du Conseil des ministres Pedro Angulo et l'ex-ministre de l'Intérieur César Cervantes, qui avaient fait partie du gouvernement de Dina Boluarte du 7 au 21 décembre. Un total de 22 personnes sont mortes dans des manifestations durant ces deux semaines.

Plus tôt dans la journée, le gouvernement de ce pays plongé dans une grave crise institutionnelle et politique a décrété un couvre-feu de trois jours dans la région de Puno, à la frontière avec la Bolivie, où de violentes manifestations antigouvernementales ont fait 18 morts depuis lundi.

Le Conseil des ministres a approuvé le décret imposant un couvre-feu dans la région pour une période de trois jours, de 20 h à 4 h, a annoncé le premier ministre Alberto Otarola au cours d'une session plénière du Parlement.

M. Otarola a également annoncé devant le Parlement que mercredi sera un jour de deuil national.

Les manifestants réclament notamment la démission de Dina Boluarte, arrivée à la tête du Pérou après la destitution et l'arrestation le 7 décembre du socialiste Pedro Castillo.

Toujours des manifestations

Les manifestations se poursuivaient mardi avec des blocages de routes dans six régions du pays. Des piquets de grève perturbent la circulation dans les régions de Puno, Cusco, Apurimac, Arequipa et Madre de Dios, dans le sud du pays, ainsi que dans la région Amazonas, dans le nord. Les autorités ont fait état au total de 53 tronçons routiers bloqués.

Dans la région d'Ayacucho, dans le sud des Andes, des milliers de personnes ont défilé dans les rues de la ville de Huamanga.

L'épicentre des protestations reste cependant la région aymara (peuple autochtone) de Puno, à la frontière avec la Bolivie et sur les rives du lac Titicaca, où des pillages de magasins et des attaques contre des véhicules de police ont eu lieu dans la nuit de lundi à mardi.

Dans cette région où une grève illimitée a été décrétée le 4 janvier, au moins 14 personnes ont perdu la vie lundi lors de violents affrontements entre forces de l'ordre et manifestants près de l'aéroport de Juliaca.

Plus de 9000 personnes se sont approchées de l'aéroport de Juliaca et environ 2000 d'entre elles ont lancé une attaque sans merci contre la police et les installations, avait déploré lundi M. Otarola, évoquant une situation extrême.

Trois autres personnes sont mortes lors du pillage, dans la nuit de lundi à mardi, d'un centre commercial de cette ville située à 1300 km au sud de Lima. Un policier a également été retrouvé mort mardi après une attaque contre son véhicule, selon la police locale.

Les Nations unies très préoccupées

Dans un communiqué mardi, le Bureau des droits de l'homme de l'ONU se dit très préoccupé par la montée de la violence au Pérou et appelle les manifestants à faire preuve de retenue et la police à veiller à ce que la force ne soit utilisée que lorsqu'elle est strictement nécessaire.

Nous sommes entre les mains de la barbarie, a dénoncé le cardinal et archevêque de Huancayo, Pedro Barreto, à la radio RPP, tandis que la médiatrice du peuple, Eliana Revollar, a estimé que la violence atteint vraiment des niveaux insoupçonnés.

À Juliaca, des dizaines de familles de victimes vêtues de noir font la queue à la morgue pour recevoir le corps d'un proche. Mon frère est mort parce qu'il a été abattu, il a été tué par la police, a dit un homme à la radio La Decana.

Le gouvernement régional de Puno a décrété trois jours de deuil mardi, tout en appelant à la démission de la présidente Dina Boluarte. Une marche organisée dans la région par plusieurs collectifs de citoyens et de paysans doit arriver dans la capitale Lima aux environs du 12 janvier.

Outre la démission de Dina Boluarte, les manifestants exigent un nouveau Parlement et la tenue immédiate d'élections, déjà avancées de 2026 à avril 2024.

Bien qu'issue du parti d'inspiration marxiste (Peru Libre) de l'ancien président Castillo, Dina Boluarte est considérée comme une traîtresse par les manifestants.

En pleine crise politique et institutionnelle, le gouvernement péruvien a obtenu mardi soir la confiance du Parlement avec 73 voix pour, 43 contre et 6 abstentions. Il aurait dû démissionner s'il avait perdu ce vote, imposé par la Constitution.

Le Pérou doit recevoir mercredi une mission de la Commission interaméricaine des droits de l'homme, dépêchée dans le pays pour enquêter sur les manifestations et la réponse des forces de l'ordre.

Dina Boluarte est la sixième personne à occuper la présidence en cinq ans, dans un pays qui connaît une crise politique permanente émaillée de soupçons de corruption.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

En cours de chargement...

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.