•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

Des jeunes filles noires sont considérées comme plus matures qu’elles ne le sont

Stella Igweamaka et Nana Appahgagné.

Stella Igweamaka et Nana Appah ont gagné la compétition nationale Du talent à revendre en recherche du Conseil de recherche et d’intelligence marketing canadien en 2022.

Photo : Fournie par Stella Igweamaka

Des jeunes filles noires estiment être traitées différemment, car elles sont considérées comme plus matures qu'elles ne le sont en réalité. Leur point de vue est appuyé par deux chercheurs d’Edmonton qui affirment qu'elles sont davantage victimes « d’adultisation » que les jeunes filles blanches.

Cindy Mbasu, 13 ans, a participé à une étude (en anglais) (Nouvelle fenêtre) menée par Stella Igweamaka et Nana Appah pour le compte de l'organisme Femmes canadiennes noires en action. Elle affirme avoir été victime d’adultisation à plusieurs reprises. Selon elle, le fait qu’elle a atteint la puberté plus rapidement a contribué à sa situation.

[Les gens] pensaient que j'avais déjà un certain niveau de maturité et cela [influençait la façon dont] ils me parlaient. Ils mettaient de côté mon âge et me voyaient comme une personne qui pouvait supporter les critiques, confie-t-elle.

« Ce préjugé est une forme d’injustice raciale qui est ignorée jusqu’à ce jour. »

— Une citation de  Cindy Mbasu

Elle raconte avoir été traitée injustement à l’école notamment.

« Si j’étais en classe et que je demandais d’aller aux toilettes, me considérant déjà comme une grande personne, [les enseignants] me demandaient d’attendre et d’être patiente, [contrairement] à mes camarades blanches qui avaient la permission tout de suite. »

— Une citation de  Cindy Mbasu

C’est aussi frustrant que les gens aient une idée de moi avant même d’apprendre à me connaître. Ils me rencontrent et pensent déjà une certaine chose avant d'interagir avec moi, dit-elle.

Pendant l’étude, des jeunes filles noires ont confié qu'elles avaient été réprimandées par leurs professeurs pour leurs tenues vestimentaires ou leurs coiffures, alors que les élèves blanches ne l'étaient pas.

Privées d'innocence

En effet, les résultats de l'étude démontrent que les répondants considèrent les filles noires comme plus adultes que leurs camarades blanches et qu'elles sont tenues à un niveau de comportement plus élevé.

Par ailleurs, 12 % des répondants estiment que les filles noires âgées de 5 à 9 ans assument plus de responsabilités d’adultes que les filles blanches du même âge, et 53 % pensent la même chose des filles de 10 à 14 ans.

Le sondage révèle aussi que 11 % des répondants considèrent les filles noires de 0 à 4 ans comme étant plus indépendantes que les filles blanches.

« À cause de ça, on les prive de cette innocence de l'enfance, on ne leur permet pas d'être vues comme des enfants, de pouvoir agir comme des enfants. »

— Une citation de  Stella Igweamaka, cochercheuse de l’étude

Le fait de considérer les filles noires comme étant plus matures peut avoir de nombreuses conséquences, comme un niveau d’expulsion et de suspension des établissements scolaires plus élevé, déplore Stella Igweamaka.

Elle dit qu'une baisse de motivation et de moins bons résultats scolaires, ainsi que plusieurs effets sur la santé mentale, peuvent également en découler.

Stella Igweamaka précise que les parents eux-mêmes peuvent pousser leurs filles à sembler plus adultes en s'attendant, par exemple, à ce qu'elles fassent davantage de tâches ménagères et qu’elles agissent de façon plus mature.

Selon elle, le racisme systémique, la misogynie, l’esclavage, le développement physique précoce et l'hypersexualisation des femmes et des filles noires seraient, entre autres, à l’origine de l’adultisation.

Jeanne Lehman, fondatrice de Femmes canadiennes noires en action, affirme que l’étude aidera à élaborer des programmes pour aider les filles noires qui font face à l’adultisation. Selon l'organisme, les solutions se trouvent entre autres dans l’éducation, la promotion de la diversité culturelle et l’augmentation des activités pour les enfants noirs.

Méthodologie :

Nana Appah et Stella Igweamaka ont mené l’étude au Canada du 30 juin au 10 juillet 2022 auprès de 400 Canadiens à partir du panel en ligne Maru and Logit Group. La moitié de l’échantillon devait répondre à des questions sur leurs perceptions des jeunes filles blanches et l'autre moitié sur les jeunes filles noires. À titre indicatif seulement, un échantillon probabiliste de cette taille aurait eu une marge d’erreur de +/- 5,0 points de pourcentage.

Avec les informations de Flore Tamko Mbensi et Andrea Huncar

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...