L’amitié, la clé du succès des « trois amigos » du cinéma mexicain

Alfonso Cuaron, Alejandro Gonzalez Iñarritu et Guillermo del Toro sont trois des réalisateurs les plus prolifiques du Mexique.
Photo : afp via getty images / MICHAEL TRAN
Baptisés les « trois amigos », en référence à un film américain mettant en scène trois justiciers au Mexique, les réalisateurs Guillermo del Toro, Alejandro Iñarritu et Alfonso Cuaron ont accumulé ensemble de nombreux Oscars et contribué à un âge d'or du cinéma mexicain.
À l'occasion d'un événement qui s'est tenu vendredi à Los Angeles en l'honneur de leurs films, les trois acolytes ont avoué à l'Agence France-Presse que leur amitié de longue date a été un ingrédient essentiel de leur succès respectifs.
Amigo 1 appelle amigo 2!
lance à la blague Guillermo del Toro, pour encourager Alfonso Cuaron. J'aurais pu être un bon réalisateur sans qu'ils interviennent. Mais ils sont intervenus et j'ai survécu!
dit à son tour en plaisantant Alejandro Iñarritu, le troisième amigo
.
Un lien de longue date
Le lien qui unit les réalisateurs – nés à quelques années d'intervalle – remonte à il y a plusieurs dizaines d'années. Avant de se lancer dans le cinéma, ils ont tous les trois brillé dans d'autres domaines : Alfonso Cuaron et Guillermo del Toro ont connu le succès ensemble à la télévision, et Alejandro Iñarritu, à la radio.
Après des films à succès comme Amours chiennes (Amores perros), réalisé par Alejandro Iñarritu en 2000, les trois artistes ont souvent échangé des idées sur de nouveaux projets, et ont même participé à la réédition complète de leurs œuvres respectives.
Je pense sincèrement que cela a été crucial... Pour nous, ne pas être seul dans notre travail est un très beau cadeau
, souligne Alejandro Iñarritu. Que nous parlions ou pas, je sais que les deux autres sont là quoi qu'il arrive
, ajoute Alfonso Cuaron.
Parfois, vous évitez même de leur demander leur opinion! Vous vous dites : "Je vais continuer à faire ce que je fais parce que je sais ce qu'ils vont me dire!"
dit, amusé, del Toro.
Roma, la début du chapitre Netflix
En 2018, Alfonso Cuaron – le plus âgé du trio – a provoqué des remous à Hollywood après sa collaboration avec Netflix pour créer Roma, un drame intime en noir et blanc qui lui a valu son deuxième Oscar du meilleur réalisateur ou de la meilleure réalisatrice (après Gravité [Gravity]).
Alejandro Iñarritu et Guillermo del Toro lui ont récemment emboîté le pas en acceptant de s'associer au géant de la diffusion en continu.
Selon Alejandro Iñarritu, qui a remporté deux Oscars consécutifs avec Birdman et Le revenant (The Revenant), Netflix lui a donné l'occasion de réaliser son film le plus personnel à ce jour.
Le tentaculaire et onirique Bardo, fausse chronique d'une poignée de vérités (Bardo, False Chronicle of a Handful of Truths) suit un célèbre journaliste mexicain dans son exploration des frontières floues entre la réalité et la mémoire, la vie et la mort, les États-Unis et le Mexique.
Le personnage principal du film se voit même décerner un prestigieux prix mondial par une organisation américaine, ce qui n'est pas sans évoquer un parallèle avec la carrière des trois amigos
.
Des cinéastes primés
Je ne pense pas que cela nous a changés en tant que cinéastes... mais il est certain que les reconnaissances comme les Oscars ou les prix rendent parfois le voyage un peu plus facile
, note Alfonso Cuaron.
Pour Guillermo del Toro, les Oscars du meilleur film et du meilleur réalisateur pour La forme de l'eau (The Shape of Water), en 2018, ont changé sa vie
: C'était beau et c'était très, très, très bouleversant.
Son dernier film, une version sombre du célèbre conte Pinocchio, est pressenti pour remporter les prix de la meilleure animation aux Golden Globes et aux Critics Choice Awards, organisés la semaine prochaine. Il pourrait aussi être l'un des favoris aux Oscars, en mars.
Le secret de leur succès ? Notre envie de tacos, peut-être; c'est ce que nous avons en commun...
, répond, dans une pirouette, Alejandro Iñarritu.
Je pense que c'est l'humour
, rétorque à son tour Guillermo del Toro, avant d'ajouter : Et une bonne haleine!