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Montée en flèche des cas confirmés de VIH à Kenora

La santé publique régionale a recensé plus de nouveaux cas de VIH l'an dernier qu'au cours des dix années précédentes.

Une augmentation fulgurante des cas de VIH frappe la ville de Kenora, dans le Nord-Ouest de l’Ontario.

Par voie de communiqué, le Bureau de santé du Nord-Ouest confirme que neuf cas ont été rapportés l'année dernière dans cette ville d'environ 15 000 habitants.

Seulement huit cas confirmés avaient été rapportés au total entre 2013 et 2021, toujours selon le communiqué.

Le Dr Jonny Grek, médecin de famille qui pratique sur le terrain, parle plutôt de 16 cas, tous détectés au sein d’une population vulnérable, consommateurs de drogues et travailleurs du sexe, majoritairement en situation d’itinérance.

Le Dr Grek et la médecin hygiéniste du Bureau de santé du Nord-Ouest, la Dre Kit Young Hoon, expliquent pourquoi il existe une telle différence entre les chiffres qu’ils présentent.

Pour obtenir ses chiffres, le Dr Grek s'est basé sur le nombre de cas positifs détectés par des tests rapides, alors que la Dre Hoon a obtenu les siens en suivant les normes provinciales [qui] ne rapportent que des cas confirmés de VIH.

Portrait de la Dre Kit Young Hoon.

Les patients doivent subir un deuxième test qui confirme le diagnostic initial fourni par un test rapide, a expliqué la Dre Kit Young Hoon.

Photo : Service de santé publique du Nord-Ouest de l'Ontario

Un certain laps de temps s’écoule entre un premier test rapide et l’obtention des résultats d’un deuxième test.

Bien qu’il soit possible d’obtenir de faux positifs lors du test rapide, le Dr Grek assure que ces tests demeurent incroyablement précis.

Par ailleurs, certains patients refusent d’aller confirmer les résultats de leur premier test, comme le déclare le Dr Grek : Au moins quatre personnes ne sont pas allées le confirmer. En effet, ajoute-t-il, il est plus facile de fuir la réalité et de retarder le diagnostic pour ces gens qui mènent une vie extrêmement difficile.

« Malheureusement, nous croyons que ces chiffres vont continuer d’augmenter, surtout au sein de cette population [vulnérable]. »

— Une citation de  Dr Jonny Grek, médecin de famille à Kenora

Peu importe les chiffres, tranche la Dre Hoon, le plus important, selon elle, est de confirmer cette importante hausse des cas afin d’aviser le public des risques accrus auxquels il peut être exposé.

« Si les gens adoptent des comportements risqués, ils doivent faire des efforts pour se protéger. »

— Une citation de  Dre Kit Young Hoon, médecin hygiéniste du Bureau de santé du Nord-Ouest

Un cocktail explosif

Plusieurs raisons pourraient être à l’origine de cette hausse soudaine des cas.

Le partage de seringues en est une, selon les deux médecins.

Autoportrait du Dr Jonny Grek.

Le Dr Grek croit qu’un site d’injection supervisée est crucial. Il s'agit d'un sujet chaud au sein de la communauté, selon ses dires.

Photo : Avec la permission du Dr Jonny Grek

Le Dr Grek évoque aussi la contamination des drogues qui circulent à Kenora, notamment avec du fentanyl.

Cela affecterait davantage le jugement et l’état d’esprit des individus qui consomment, avance-t-il. Ils ne réfléchissent plus aux façons de se maintenir en sécurité.

Quant à la Dre Hoon, elle émet l’hypothèse que certains programmes clés de distribution de seringues n’ont pas rejoint la population vulnérable lors de la pandémie. Certains individus auraient ainsi plus probablement partagé des seringues.

Par ailleurs, elle croit que la pandémie a exacerbé le problème, car beaucoup de ressources ont dû être allouées à la gestion de cette crise sanitaire.

« Un autre impact de la nécessité de mettre l’accent sur la pandémie est qu’il y avait moins de possibilités de le mettre sur d’autres maladies, comme nous aurions pu le faire avant la COVID. »

— Une citation de  Dre Kit Young Hoon, médecin hygiéniste du Bureau de santé du Nord-Ouest

Elle croit aussi qu’en raison de la pandémie les individus sont demeurés sans diagnostic plus longtemps, et conséquemment sans traitement. Un individu qui n’est pas traité peut répandre le virus chez d’autres, dit-elle.

Le Dr Grek évoque par ailleurs le rôle que pourrait jouer le manque de logements abordables, ainsi que les troubles de santé mentale.

Il juge contre-productif le dédoublement de nombreux services.

Tous ces problèmes survenus au même moment ont contribué à créer une éruption, selon le Dr Grek. Devant ce constat, il se questionne.

« Pourquoi avons-nous laissé tomber nos efforts de prévention? Ces conditions sont évitables par la réduction des risques, la promotion des pratiques sexuelles plus sécuritaires, etc. Mais nous voilà avec, vous savez, 16 cas en un an. »

— Une citation de  Dr Jonny Grek, médecin de famille à Kenora

Surveillance et prévention

Au sein du Bureau de santé du Nord-Ouest, la gestion des cas et le suivi des contacts sont en cours et le bureau continue de surveiller l’émergence de nouveaux cas.

La Dre Hoon ajoute que le bureau travaille en étroite collaboration avec ses partenaires afin d’encourager les gens à aller se faire tester et d'informer et éduquer la population la plus à risque.

Une campagne de sensibilisation est en cours, sur les médias sociaux et à l'aide de dépliants et d'affiches, afin que la population générale et la population à risque soient bien informées de la situation.

Cependant, le Dr Grek croit que la transmission d’information à un groupe sous la forme d’un cours magistral [...] ne fonctionne pas.

« Il y a un manque d’éducation d’une personne à une autre, en tête à tête, en privé. »

— Une citation de  Dr Jonny Grek, médecin de famille à Kenora

Les médecins sont unanimes : il faut tester le plus rapidement possible et obtenir un diagnostic afin que les patients puissent être rapidement pris en main.

Il en va non seulement de leur santé, affirment-ils, mais aussi des efforts pour freiner la propagation du virus à d’autres individus et à d’autres régions.

Avec les informations d'Aya Dufour

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