Que sait-on à propos du nouveau sous-variant de la COVID-19, le XBB.1.5?

XBB est le fruit de deux sous-variants d'Omicron, dominant dans de nombreux pays du monde.
Photo : getty images/istockphoto / Jezperklauzen
À l'origine de plus de 40 % des infections à la COVID-19 aux États-Unis, le sous-variant Omicron XBB.1.5 est présent au Canada. Si, selon le microbiologiste Karl Weiss, il n'y a pas de raison de s'inquiéter, plusieurs questions demeurent sur l’impact de ce nouveau variant.
Selon les données de l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC), les cas causés par le sous-variant XBB.1.5 représentaient 0,6 % des infections dans la semaine du 11 décembre au Canada. Douze cas ont été recensés en Colombie-Britannique, et quelques cas au Québec et en Nouvelle-Écosse.
Toutefois il est difficile d’avoir des données exactes et à jour sur la proportion des cas qui sont causés par XBB.1.5 au pays, puisque la majorité des provinces canadiennes n’offrent plus les tests PCR au public. De plus, peu de données ont été publiées par les provinces pendant le temps des Fêtes.
Rappelons qu’en décembre dernier, le variant Omicron est passé d'une poignée de cas à une vague impressionnante d'infections en l'espace de quelques semaines. Difficile de dire si ce sera le cas avec XBB.1.5 au Canada, mais déjà, ce variant commence à devenir dominant à plusieurs endroits.
Aux États-Unis, XBB.1.5 est apparu début décembre. Il représente déjà plus de 70 % des cas à New York et dans le New Jersey et est présent dans une trentaine de pays. Au Royaume-Uni, on estime qu’un cas sur quatre serait causé par le variant XBB.1.5.
Selon Art Poon, professeur d'évolution virale et de bio-informatique à l'Université Western, ce sous-variant devrait vraisemblablement prendre la place du sous-variant d'Omicron BA.5 (Nouvelle fenêtre), qui est présentement le plus fréquemment détecté au Canada.
Que sait-on de ce nouveau sous-variant?
Le sous-variant XBB.1.5 a été détecté pour la première fois en octobre dernier par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Il s’agit d’un recombinant, soit un sous-variant créé par la combinaison de deux sous-variants d'Omicron. Son origine n'est pas connue.
Selon l’OMS
, XBB.1.5 est le variant du SRAS-CoV-2 le plus transmissible jamais détecté.Il faut s’en méfier; le XBB.1.5 va rapidement prendre tout le terrain, parce qu’il est plus contagieux que ses ancêtres
, dit la Dre Cécile Tremblay, microbiologiste et infectiologue au Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) en entrevue à RDI.
Pour l’instant, rien n’indique que le XBB.1.5 provoque des symptômes plus graves que ceux des autres sous-variants d’Omicron.
Par contre, comme c’est le cas avec le variant Omicron, si XBB.1.5 ne s’avère pas nécessairement plus sévère, sa forte contagiosité pourrait causer un nombre significatif d'infections et pourrait avoir un impact majeur sur les systèmes de santé qui peinent à se relever des dernières vagues.
Il y a encore beaucoup de décès dus à la COVID-19, bien qu'on n'en parle pas beaucoup
, souligne la Dre Tremblay.
De plus, l'OMStrois mois ou plus après leur infection initiale.
rappelle que de nombreuses personnes infectées par la COVID-19 ressentent toujours des symptômes de la maladieEnfin, il faut rappeler que plus il y a d’infections en circulation, plus il y a de risques de mutations du virus, rappelle la Dre Tremblay.
Malgré tout, le Dr Karl Weiss est d'avis que l'apparition du XBB.1.5 ne changera pas radicalement le portrait épidémiologique au Canada.
Cette nouvelle n'est pas dramatique. Cela ne change pas de façon fondamentale la situation épidémiologique de la COVID-19 dans le monde
, a affirmé ce spécialiste des maladies infectieuses de l'Hôpital général juif à Montréal lors d'une entrevue pour l'émission Le 15-18 sur ICI Radio-Canada Première.
Selon le Dr Weiss, la COVID-19 est désormais une maladie endémique. On est sortis de la phase de pandémie. [...] Nous ne sommes plus du tout dans la dynamique de 2020, alors il faut comprendre que c'est un variant qui va continuer de se propager, comme d'autres sous-variants le feront dans le futur.
Précisons qu'endémique ne veut pas dire que la pandémie est finie. L’Agence européenne du médicament estime qu'endémique signifie une circulation permanente et relativement constante d'un virus (Nouvelle fenêtre) dans une population, avec une évolution prévisible.
Nous ne vivons pas encore avec la COVID-19 de manière responsable. Nous n'en sommes même pas proches
, a récemment écrit sur Twitter la responsable technique de l'OMS pour la COVID-19, Maria Van Kerkhove.
Quel effet sur le vaccin?
Il n’est toutefois pas encore clair à quel point le sous-variant XBB.1.5. échappe à l’immunité conférée par une infection ou un vaccin. Des études préliminaires, dont une dans la revue Cell (Nouvelle fenêtre), et une dans le New England Medical Journal (Nouvelle fenêtre), suggèrent que ce variant est très habile à échapper à cette immunité.
Pour l'instant, les vaccins contre la COVID-19 demeurent très efficaces contre la plupart des sous-variants en circulation, rappelle le Dr Weiss. De plus, bien que ces vaccins n'empêchent pas l'infection à la COVID-19, ils protègent à long terme contre les formes les plus graves de la maladie.
Le vaccin vous protège de l'hospitalisation, d'une maladie qui risque de vous mener aux soins intensifs et de vous tuer
, a souligné le spécialiste.
La Dre Tremblay ajoute que les gens devraient aller chercher une nouvelle dose du vaccin s’ils ont eu leur dernière dose il y a plus de cinq mois ou s’ils ont eu une infection de COVID-19 il y a plus de trois mois.
Ce n’est pas nécessaire que le vaccin contienne précisément le variant en circulation, précise-t-elle. Plus on a une immunité contre plusieurs variants [grâce au vaccin bivalent], plus notre immunité peut contrer de nouveaux variants qui émergent.