Des ancêtres des Autochtones de la région de Niagara auraient chassé le mastodonte

Les scientifiques pensent que les humains auraient pu intercepter un mastodonte alors qu'ils chassaient des caribous.
Photo : La Presse canadienne / Julius Csotonyi
Un groupe d’archéologues ontariens affirme que des outils datant d’il y a 13 000 ans, retrouvés il y a 30 ans dans la région de Hamilton, auraient servi à chasser ou du moins découper de la viande de mastodonte. Il s’agit de la première preuve tangible d’une telle activité en Ontario après plusieurs théories sur le sujet.
C’est Ronald F. Williamson, fondateur de Archaeological Services Inc., et son équipe qui sont à l’origine de la découverte d’outils en pierre dans la région de l’escarpement de Niagara.
Dans les années 1990, son organisation avait été mandatée pour faire des fouilles avant la construction d’une nouvelle autoroute qui devait rejoindre la Queen Elizabeth Way.
Cette fouille obligatoire en vertu de la loi a permis de découvrir plusieurs traces d’activité humaine dans la région, il y a près de 13 000 ans.
C’était un site qu’on ne connaissait pas auparavant et l'un des plus anciens en Ontario. On a fait un premier rapport au début des années 2000
, explique le Dr Williamson.
L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais en 2015, le Musée canadien de l'histoire à Gatineau a demandé les artefacts de ce site
, ajoute l’archéologue.
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Ma collègue Andrea Carnevale a suggéré que l'on procède à des tests avant de les remettre. Il s’agissait de voir s'il restait de quelconques résidus d'animaux dans les fissures de ces outils en pierre
, explique-t-il.
En effet, au vu de la construction des outils et de la présence de dentelure, les scientifiques avaient déjà émis l’hypothèse qu’il s’agissait d’outils pour couper à travers de la chair et des os.
Plusieurs artefacts ont ainsi été envoyés dans un laboratoire en Oregon.
Trois outils comportaient des résidus de protéine de sang. Deux avaient des résidus de chien et un a réagi à des protéines d’éléphant asiatique. Ce qui ne peut vouloir dire qu’une chose : il s’agit de mastodonte ou de mammouth
, précise le Dr Williamson.
Pour le scientifique, cette découverte ouvre une nouvelle porte sur la connaissance des habitudes des ancêtres des Autochtones de la région.
On a toujours su que ces espèces vivaient à la même époque que les humains. On se doutait, selon des preuves que l’on voyait ailleurs, que les humains découpaient de la viande ou à tout le moins chassaient ces animaux. On n’avait pas de preuve directe en Ontario avant cette découverte
, insiste-t-il.
Le mastodonte est un cousin, plus petit et moins touffu, du mammouth laineux qui est une créature plus grosse avec des défenses plus courbées.
C’est une preuve que ces gens étaient dans la région de Hamilton en ayant l’œil sur la vallée. Ils étaient probablement là pour intercepter des caribous en migration venant du lac Ontario vers l’escarpement
, suppose l’archéologue.
Parmi les artefacts envoyés en Oregon se trouvent des pointes en pierre sur lesquelles ont été décelés des résidus de sang de canidés.
On sait que les chiens étaient des compagnons pour les premiers peuples autochtones. Ils étaient utilisés pour la chasse, mais aussi lors de famines ou sacrifiés pour des rituels
, explique le Dr Williamson.
Les artefacts ont depuis été envoyés au musée de Gatineau qui déterminera les prochaines étapes.
Le travail de mon équipe et moi-même s’arrête là
, conclut l’archéologue.