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Être séparée de sa mère aurait causé la mort de Serenity, selon une enquête publique

Serenity, 4 ans.

La petite Serenity est morte en septembre 2014 alors qu'elle était placée sous la tutelle de proches de sa mère. (Archives)

Photo : Photo fournie à CBC/Radio-Canada

Radio-Canada

La séparation de Serenity de sa mère aurait mené à la mort de la fillette crie de 4 ans en 2014, a conclu l’enquête publique sur son décès. Les circonstances menant à la mort de la petite fille, publiées mercredi, font notamment état de négligence de la part des services sociaux albertains.

La juge albertaine Renee Cochard, de la Cour provinciale de l’Alberta, a présenté ses conclusions dans un document de 117 pages (en anglais) (Nouvelle fenêtre). L’enfant est morte à la suite d’un traumatisme crânien qu'elle aurait subi lors d’une chute de balançoire en septembre 2014. Son autopsie a cependant révélé des signes de malnutrition et de violence corporelle.

La mort de Serenity a provoqué un tollé en Alberta qui a mené au déclenchement de plusieurs enquêtes, poursuites, et même à la réforme de lois provinciales des services de protection de l'enfance.

Au moment de sa mort, Serenity vivait sous la tutelle de sa grand-tante et de son grand-oncle en vertu d’un arrangement de prise en charge par la parenté avec les services sociaux de la province. Ces derniers ont été accusés en 2017 d'avoir failli à leur devoir de fournir les choses nécessaires à l’existence de l'enfant entre mai 2013 et septembre 2014.

Néanmoins, l'accusation a été suspendue en 2019 par la Couronne, faute de probabilité raisonnable de condamnation après révision des preuves.

Vingt recommandations

L’enquête publique enclenchée en 2021 propose 20 recommandations à mettre en place afin d’éviter une autre mort similaire à celle de Serenity. Ces dernières suggèrent, par exemple, de mieux soutenir les mères autochtones lors du retrait de leur enfant par un service de protection à l’enfance.

Une des recommandations propose aussi de donner accès à tous les dossiers des services à l’enfance aux enquêteurs lors d’une enquête pour maltraitance. La juge conseille également que ces enquêtes entendent tous les membres de la maisonnée et de se rendre sur les lieux où ils vivent.

Lors d’une entrevue avec CBC/Radio-Canada, la mère de Serenity a salué les recommandations de la juge. Elle doute néanmoins que celles-ci se concrétisent. Je suis heureuse de voir que les services à l’enfance sont dénoncés pour leurs erreurs et leurs fautes, mais cela ne change pas le fait qu’il n’y a pas eu de justice pour Serenity, a-t-elle déclaré.

CBC/Radio-Canada a décidé de ne pas publier le nom de famille de Serenity ni celui de sa mère ou de ses proches aidants, afin de protéger l’identité des autres membres de la famille de Serenity.

Le ministre des services à l’enfance albertain, Mickey Amery, n’a pas encore indiqué s’il comptait accepter les recommandations de la juge Renee Cochard. Nous ne pouvons pas revenir en arrière sur ce qui a été fait, des changements substantiels ont été entrepris pour aider à prévenir ce genre de tragédie, a-t-il affirmé par courriel.

Chacune des recommandations faites par le Bureau du défenseur des enfants et de la jeunesse et du Bureau du directeur statutaire a été intégrée, spécialement celles en lien avec la mort de Serenity, a-t-il ajouté.

Nous allons continuer à faire et à soutenir des améliorations à l’avenir, notamment un examen des recommandations de l’enquête sur le décès de la juge avec tout le sérieux que cette mort mérite, a écrit Mickey Amery.

Les services à l'enfance blâmés

Huit ans après la mort de Serenity, la juge Renee Cochard souligne dans son rapport les fautes commises par les services de protection à l’enfance et d'autres agences ou fonctionnaires à l’encontre de la fillette.

« Ce qui a mené à sa mort a débuté le jour où elle a été retirée de la garde de sa mère. »

— Une citation de  Renee R. Cochard, juge de la Cour provinciale de l'Alberta

La juge pense que les services de protection à l’enfance ont fait du zèle pour empêcher la mère de Serenity de récupérer la garde de ses enfants placés sous la tutelle de leur grand-tante et de leur grand-oncle.

Le système entier semble avoir travaillé à l’encontre de ce but, en dépit du fait que [la mère] est restée très impliquée auprès de ses enfants [...] et a fait de son mieux pour satisfaire les demandes des services à l’enfance.

Les retraits d’enfants autochtones de leurs familles dans le cadre de la protection à l’enfance sont aussi une forme de discrimination encouragée par le financement de l’État, a ajouté la juge, citant le rapport final de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées. (Nouvelle fenêtre)

Le retrait est une forme de violence à l’encontre de l’enfant et de la mère, comme l'a démontré le rapport. Dans ce cas-ci, les conséquences de cette violence sont la mort de Serenity.

Avec les informations de Paige Parsons

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