Le Québec est autosuffisant à 50 % pour les fruits et légumes produits en serre

Isabelle Prévost est agronome et cheffe de culture pour les Serres Royales à Saint-Jérôme.
Photo : Radio-Canada / Karine Mateu
Le Québec va probablement dépasser ses cibles en matière d’autonomie alimentaire pour ce qui est des fruits et légumes, selon les producteurs en serre de la province.
Concombres, tomates, poivrons, fines herbes, laitues hydroponiques, petits fruits, aubergines et même des figues : la variété des fruits et légumes de serre produits au Québec ne cesse de croître.
L'engouement pour l'achat local [pendant la pandémie] a permis à nos producteurs de prendre leur place, de faire quelques sous et de pouvoir investir dans le futur, puis en même temps le ministère a décidé d’investir
, a expliqué André Mousseau, président des Producteurs en serre du Québec, en entrevue à Radio-Canada.
Objectifs 2025
En novembre 2020, le ministre de l’Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation, André Lamontagne, ainsi que le ministre de l'Énergie et des Ressources naturelles à l'époque, Jonatan Julien, avaient annoncé plus de 100 millions de dollars pour doubler la superficie des serres alimentaires au Québec d’ici 2025. Cette volonté était couplée à un programme d'expansion du réseau électrique adapté en région rurale.
Le résultat se voit sur les tablettes d’épicerie et dans les assiettes des Québécois, selon M. Mousseau. La province est passée d'environ 30 % à près de 50 % d’autonomie alimentaire pour ce qui est des légumes produits en serre tels que des tomates, concombres, poivrons et laitue, constate-t-il. Il vise une cible de « 80 % d'autosuffisance en légumes de serre au Québec ».
M. Mousseau affirme qu’au moins le quart des producteurs en serre ont fait des demandes au gouvernement pour des agrandissements des superficies de serre et, selon lui, la cible de 250 hectares de serres d’ici 2025 sera fort probablement dépassée.
Une version précédente de ce texte pouvait porter à confusion. On pouvait comprendre que la province atteignait une autonomie alimentaire de 50 % pour l’ensemble de la production maraîchère; il est plutôt question des aliments produits en serre uniquement.
Coûts énergétiques
En plus d’un financement pour l’expansion des serres, le gouvernement peut défrayer les producteurs jusqu'à 40 % de certaines dépenses en électricité.
Les coûts énergétiques pour la production en serre sont élevés, explique M. Mousseau. En utilisant des thermopompes et un éclairage sous haute surveillance pour s’assurer de l’utiliser au bon endroit
, les producteurs tentent de diminuer leur facture.
Selon l’avocate Geneviève Parent, titulaire de la Chaire de recherche en droit sur la diversité et la sécurité alimentaire à l’Université Laval, les coûts énergétiques reliés à la production en serre restent un facteur extrêmement important à considérer pour tendre à une autonomie alimentaire.
À la base, c’est sûr que l'idée d’une plus grande autonomie alimentaire, c’est essentiel, mais il faut nécessairement la réfléchir avec l’angle de la santé humaine et la santé environnementale également. C’est là qu’on a un petit travail à faire, à ce niveau-là
, croit-elle.
Me Geneviève Parent croit que les serres font partie de la solution pour l’autonomie alimentaire et elle estime que le Québec est bien positionné en la matière, notamment sur le plan scientifique et les connaissances sur le terrain.
Avec des informations de Pierre-Alexandre Bolduc