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La Colombie-Britannique tentera une dépénalisation pour freiner la crise des surdoses

Un groupe de personnes marche en brandissant des croix blanches dans une rue.

Le groupe Moms Stop the Harm a défilé à Vancouver en avril 2021 pour marquer le cinquième anniversaire de l'urgence de santé publique de la Colombie-Britannique concernant les décès dus aux drogues illicites.

Photo : Radio-Canada / Ben Nelms

La Presse canadienne

Alors que la crise des surdoses, notamment aux opioïdes, fait des ravages dans tout le Canada, une grande partie de l'attention portée aux substances toxiques et illicites s'est déplacée ces dernières années vers les secteurs de la Colombie-Britannique, y compris dans des régions rurales, où des gens succombent toujours massivement à leurs problèmes de toxicomanie.

Pour lutter contre cette épidémie, la province deviendra, le 31 janvier, le premier endroit au pays à lancer une expérience de dépénalisation d'une durée de trois ans, permettant ainsi aux toxicomanes de 18 ans et plus de transporter 2,5 grammes combinés d'opioïdes comme l'héroïne et le fentanyl ainsi que de la cocaïne, de la méthamphétamine et de la MDMA.

Les dernières données du Bureau des coroners de la Colombie-Britannique montrent qu'environ 14 000 personnes sont décédées depuis que la province a déclaré une urgence de santé publique en 2016, la plupart des décès étant survenus dans des résidences privées. En 2021, le fentanyl illicite était impliqué dans 87 % des décès.

Les familles dont les proches ont fait une surdose mortelle exigent de plus en plus la dépénalisation de petites quantités de drogues à usage personnel afin de réduire la stigmatisation associée à la criminalisation. Elles souhaitent aussi que les gens puissent accéder plus facilement aux services de santé, ce qui pourrait sauver des vies dans certains cas.

Un seuil insuffisant, selon des intervenants de 1re ligne

Certains toxicomanes ainsi que des organismes de défense comme le groupe Moms Stop the Harm, la Coalition canadienne des politiques sur les drogues et le Réseau juridique VIH font partie de ceux qui affirment qu'un seuil cumulatif de 2,5 grammes de drogue n'est pas suffisant pour bon nombre d'individus. Ils soutiennent que dans des régions rurales et dans certaines communautés éloignées, les gens achètent souvent de plus grandes quantités de substances lorsqu'ils ont accès au marché illicite.

Un homme tient une affiche sur laquelle se trouve l'inscription « Réveillez-vous, nous mourons » en anglais.

Un homme tient une affiche sur laquelle se trouve l'inscription « Réveillez-vous, nous mourons » en anglais lors d'une manifestation destinée à attirer l'attention du public sur la crise des surdoses à Vancouver en février 2017.

Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck

Mike Serr, coprésident de l'Association canadienne des chefs de police, a déclaré que son organisation visait un seuil maximal d'un gramme de substances illicites dans le modèle de décriminalisation de la Colombie-Britannique.

« Nous ne voulons pas voir les trafiquants de drogue ou le crime organisé tirer parti des bonnes intentions derrière la dépénalisation. Nous souhaitons avoir un système qui ne promeut pas la consommation de drogues illicites mais qui essaie plutôt d'aider les gens et les communautés », a-t-il déclaré.

Former les policiers

M. Serr a souligné qu'il avait aidé à concevoir une formation qui sera utilisée auprès d'environ 9300 policiers en Colombie-Britannique avant le début de la dépénalisation.

« Cette formation va inclure tout ce dont ils ont besoin pour comprendre les seuils et le fonctionnement de la dépénalisation, y compris la distribution de cartes de ressources aux individus et dans quelles situations cette mesure est approprié », a-t-il ajouté.

M. Serr a précisé que les cartes que la police distribuera en Colombie-Britannique serviront uniquement à fournir des informations sur les endroits où les personnes pourraient avoir accès aux services liés à la toxicomanie et à l'itinérance.

Un policier de Vancouver patrouille dans le quartier Downtown Eastside.

Une formation doit être donnée à environ 9300 policiers de la Colombie-Britannique avant le début de la dépénalisation. (Archives)

Photo : Shutterstock / Adam Melnyk

Le militant Garth Mullins, qui a été impliqué dans le processus de planification de la dépénalisation, s'est toutefois positionné contre la distribution de cartes par les forces de l'ordre.

« Je crains que le succès ou l'échec de la dépénalisation ne soit évalué en fonction du nombre de personnes qui seront allées se faire soigner ou selon le nombre de personnes qui auront cessé de se droguer et qu'il soit basé sur des paramètres de santé. Il faut vraiment le calculer en fonction de la baisse du nombre d'interactions avec les policiers », a-t-il souligné.

Le ministère de la Santé mentale et des Dépendances a déclaré que la surveillance et l'évaluation continues ont été des éléments essentiels de la demande de la Colombie-Britannique au gouvernement fédéral, approuvée en mai 2022, pour faire face à toute conséquence imprévue et pour s'assurer que les gens ne soient pas criminalisés à nouveau.

Le gouvernement fédéral examine actuellement une demande de la Ville de Toronto pour mettre en œuvre une expérience similaire, mais cette demande n'inclut actuellement aucun seuil en ce qui a trait à la quantité transportée.

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