Plus de 45 000 traversées illégales de la Manche en 2022, un nouveau record

Plus de 45 000 migrants ont rejoint illégalement les côtes anglaises en 2022 en traversant la Manche à bord d'embarcations de fortune, un nombre record atteint malgré les projets successifs des gouvernements conservateurs britanniques pour lutter contre ce phénomène politiquement délicat.

Selon les calculs effectués par l'AFP à partir des chiffres du ministère de la Défense du Royaume-Uni, 45 756 migrants ont effectué la dangereuse traversée d'un des passages maritimes les plus fréquentés au monde, aux eaux très froides une grande partie de l'année, contre seulement 28 526 en 2021, pourtant déjà une année record.

Si la plupart des arrivées ont lieu en été avec un record journalier de 1295 migrants arrivés en 24 heures le 22 août, elles se poursuivent désormais pendant les mois d'hiver avec 1745 arrivées en décembre.

Le mois dernier a été marqué par le naufrage d'un canot pneumatique qui transportait des dizaines de migrants depuis la France au petit matin du 14 décembre. Quatre d'entre eux sont morts, des Afghans et des Sénégalais, selon les premiers éléments de l'enquête, un bilan qui aurait pu être bien plus lourd : 39 autres ont pu être secourus par un bateau de pêche qui se trouvait à proximité.

Dans la nuit du 23 au 24 novembre 2021, 27 migrants âgés de 7 à 46 ans avaient péri dans le naufrage de leur bateau pneumatique.

Des accords pour freiner les flux migratoires

Le verrouillage croissant du port de Calais, du côté français, et du tunnel sous la Manche a entraîné une explosion, depuis 2018, du nombre de traversées de la Manche à bord de petites embarcations.

Le dossier est hautement sensible pour les conservateurs britanniques, qui promettent depuis le Brexit de reprendre le contrôle des frontières, mais malgré les plans successifs annoncés – deux encore cette année –, le nombre de traversées continue d'augmenter, débordant complètement le système des demandes d'asile au Royaume-Uni.

Londres a notamment conclu cette année un accord, critiqué par l'ONU, par l'Église anglicane et par de nombreuses organisations, avec le Rwanda pour y envoyer les migrants arrivés illégalement, quelle que soit leur origine, sans attendre l'examen de leur demande d'asile.

Le projet a été suspendu avant l'été par une décision de la Cour européenne des droits de la personne, mais le gouvernement veut le relancer à la suite d'une récente décision favorable de la justice britannique.

Ces derniers mois, Londres a également signé des accords de coopération avec la France pour y renforcer les contrôles et avec l'Albanie, dont les ressortissants sont arrivés très nombreux cette année.